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Adapter son alimentation à son cycle menstruel

Plus que jamais, les femmes sont présentes dans le sport. Au cours de leur cycle menstruel, les fluctuations de leurs hormones peuvent influencer leurs performances sportives; il est donc impératif de comprendre l’impact potentiel de ces variations et d’adapter leur alimentation en conséquence.


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Le cycle menstruel

Beaucoup de femmes ne consomment pas suffisamment de calories par rapport à leurs besoins énergétiques, ce qui peut perturber leur cycle menstruel, diminuer leurs performances ainsi que la masse osseuse, et accroître le risque de blessure et d’ostéoporose. Si l’apport calorique est toutefois adéquat, une fois la transition vers la puberté terminée, les femmes ont généralement un cycle menstruel régulier jusqu’à ce que débute la transition vers la ménopause autour de l’âge de 50 ans. Un cycle menstruel régulier dure en moyenne 28 jours (de 21 à 45 jours) et se compose de deux phases d’environ 14 jours chacune : la phase folliculaire et la phase lutéale.

Phase folliculaire

Le début des menstruations marque le début de la phase folliculaire, dont les hormones — y compris les œstrogènes, la progestérone, l’hormone folliculo-stimulante (FSH) et l’hormone lutéinisante (LH) — sont à leurs niveaux les plus bas. Lors de cette période, les performances peuvent être légèrement réduites chez certaines femmes, tout comme leur capacité à récupérer. Un apport plus important en antioxydants et en oméga-3 serait alors bénéfique pour contrôler l’inflammation et aider la récupération. Des fruits frais, ainsi que le poisson gras, les noix de Grenoble et les graines de lin seraient alors à ajouter à son menu. Un apport plus élevé en fer serait aussi pertinent pour compenser les pertes sanguines lors des menstruations.


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Après les menstruations, le taux de LH augmente et induit l’ovulation. Les œstrogènes, dont les niveaux atteignent un maximum vers la fin de la phase folliculaire, favorisent la santé osseuse et la synthèse de protéines. Par leur apport plus important en calcium et en protéines, les produits laitiers consommés après l’exercice seraient une bonne façon de renforcer la récupération à ce moment.

Phase lutéale

La phase lutéale commence après l’ovulation. Les taux de LH et de FSH diminuent et reviennent à des niveaux de base, tandis que les niveaux de progestérone et d’œstrogène culminent vers le jour 20 à 24 pour préparer le corps à une éventuelle grossesse. Si celle-ci ne se produit pas, les niveaux d’hormones reviennent à la ligne de base et induisent les menstruations, signalant ainsi le début d’un nouveau cycle menstruel.
La température corporelle augmente et la transpiration est retardée lors de la phase lutéale, ce qui peut influencer la thermorégulation.

L’augmentation de la progestérone provoque une augmentation de la perte en sodium et une rétention d’eau. En cas de chaleur importante et d’effort physique de longue durée, il est primordial de favoriser une alimentation plus salée afin de réduire les risques d’hyponatrémie (baisse du taux de sel), dont les conséquences peuvent être dangereuses pour la santé.

Lorsque les niveaux d’hormones sont à leur maximum, les protéines et les lipides sont davantage oxydés, ce qui provoque une plus grande dépense énergétique au repos. Il est donc normal de ressentir davantage d’appétit la semaine avant les menstruations, et tout aussi normal de satisfaire ces besoins plus importants en ajoutant à ses apports habituels une collation riche en protéines et en fibres alimentaires pour atteindre la satiété. La consommation de protéines avant et après l’effort pourrait aussi permettre de limiter la perte de masse musculaire.

Une alimentation plus riche en gras est aussi essentielle pour compenser l’augmentation du métabolisme des lipides lors de la phase lutéale. Les femmes devraient fournir au moins 20 % de leur apport énergétique sous forme de gras pour répondre aux exigences hormonales et favoriser l’absorption des vitamines liposolubles.

Des noix, des graines, des avocats, des olives et du chocolat noir sont de bonnes sources alimentaires de gras à intégrer à son menu lors de la phase lutéale.

Le recours accru aux gras et aux protéines comme source d’énergie pendant la phase lutéale permet aussi d’améliorer la capacité à épargner le glycogène musculaire, ce qui pourrait optimiser les performances en endurance. Pour maximiser les réserves de glycogène, il serait bénéfique d’augmenter considérablement ses apports en féculents et en fruits pendant les 2 à 3 jours précédant une épreuve de plus de 90 minutes. Dans le cas d’un effort de haute intensité, il est profitable de consommer pendant l’exercice environ 30 à 60 g de glucides à l’heure, pour mieux soutenir la performance. Par exemple : 1 banane, 2 c. à soupe de sirop d’érable, 1 gel énergétique ou 2 tasses de boisson sportive fourniront environ 30 g de glucides.


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Et les contraceptifs oraux?

Aujourd’hui, beaucoup de femmes athlètes utilisent un contraceptif oral pour prévenir une grossesse, réduire les effets secondaires physiques et émotionnels indésirables associés au cycle menstruel ou pour contrôler le moment des menstruations dans le but de ne pas nuire à leurs performances. Le contraceptif oral entraîne cependant un profil hormonal différent en réduisant la quantité d’œstrogène et de progestérone naturels dans l’organisme tout au long du cycle de 28 jours et en fournissant un œstrogène et un progestatif artificiels pendant les 21 jours de prise de pilule.

Certains contraceptifs oraux pourraient toutefois entraîner des performances physiques légèrement inférieures à celles des femmes menstruées naturellement qui ne prennent pas de contraceptif oral. Les performances ne sont toutefois pas plus affectées les jours où il y a prise de pilule comparativement aux jours sans pilule. Les femmes qui prennent un contraceptif oral réagiront donc probablement moins à une modification de l’alimentation en fonction du cycle menstruel, car ces pilules permettent de stabiliser le taux d’hormones tout au long du mois.

Bref, les connaissances sur les effets des contraceptifs oraux sur les performances, ainsi que sur l’impact du cycle menstruel sur les performances sont encore limitées à ce jour. Il peut tout de même être pertinent de tenir un journal de son cycle menstruel pour adapter ses apports en fonction de ses symptômes et de ses attentes de performance. La faible qualité des études actuelles sur l’impact du cycle menstruel sur les performances impose de ne pas généraliser ces recommandations à toutes, mais bien de les personnaliser en fonction des besoins uniques de chaque femme.


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