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  • © Reuben Krabb

Lac Louise, la grande dame canadienne du ski

Serti au cœur d’une enfilade de colossales montagnes des Rocheuses, l’imposant centre de ski Lac Louise en met plein la vue, même quand on n’y voit rien. Tour d’horizon – perdu dans la neige et les nuages


Rien. Je n’ai rien vu du cadre naturel exceptionnel qui se déploie autour de la station de Lac Louise, au début du mois de février. Le jour de ma visite, il neigeait à plein ciel et tous les horizons étaient bouchés par des flocons en furie. Il ventait tant que la neige tombait vers le ciel, en rebondissant sur les flancs du versant Larch; il floconnait tellement que je me sentais évoluer dans une boule à neige constamment agitée.


© Reuben Krabb

Après la remontée Top of the World Express, je n’ai même pas pris la peine d’emprunter le télésiège Summit, qui mène d’ordinaire à un éden neigeux, car il s’enfonçait profondément dans les nuages et la tourmente blanche. Une fois là-haut, je risquais de m’égarer en dehors des limites du domaine skiable, en dépit des pastilles de couleur délimitant les pistes : quand on patauge dans la purée de pois, toutes les teintes se noient.

Si je n’ai rien vu, mes spatules, mes pieds, mes cuisses ont senti l’ondulation délicate du suave et savoureux tapis de neige fraîche et sèche qui continuait de s’abattre inlassablement sur la plus célèbre station de ski albertaine. Et pour pallier au décor visuellement absent, j’avais encore en tête toutes ces images passées et empilées dans ma caboche, depuis mon dernier séjour, une vingtaine d’années auparavant.

Le toit du monde canadien des skieurs


© Jake Dyson

Au sommet du plus vaste domaine skiable au canadien, je n’en finis plus d’admirer les environs avec révérence, à travers le prisme de mes souvenirs : ici, il y a tant d’espace à embrasser que les skieurs accusent toujours un peu de retard. Peu importe où on se trouve sur ce toit canadien du monde skiable, on se sent toujours envahi par un indescriptible sentiment de liberté. Car malgré les milliers de fanas de sports de glisse qui pullulent, on a toujours l’impression que la station nous appartient, tant elle est immense : en tout, 164 pistes strient quatre façades montagneuses déployées sur 17 km carrés.


© Jake Dyson

Aussi réputée que Sunshine pour sa poudreuse sèche, Lac Louise regorge de belle neige fraîche (et aussi parfois artificielle), surtout sur ses versants arrière. Les Back Bowls forment ainsi d’immenses cuvettes bourrées de poudre éblouissante de blancheur, tellement qu’on en perd souvent tout point de repère. Le versant Paradise, moins colossal, permet pour sa part de déflorer des tombereaux de sucre à glisser avec points de vue décoiffants sur les massifs environnants.


© Reuben Krabb

De leur côté, les à-pics vertigineux du versant Ptarmigan sont tramés de jolis sous-bois réservés à ceux qui ont le cœur bien accroché. Sur le versant Sud, qui domine la vallée de la rivière Bow, la variété des pentes est infinie et tous les calibres sont comblés, y compris les surfeurs des neiges qui accusent un penchant acrobate à l’un des quatre parcs à neige de la station.

De l’autre côté de la vallée, les colossaux monts Temple, Fairview et Victoria arrêtent magistralement la portée des regards éblouis avec, à leurs pieds, une timide tache blanche qui s’insinue entre de hautes murailles naturelles : c’est le célébrissime lac Louise, au bord duquel on devine le Château du même nom.


© Reuben Krabb

Avec le splendide Banff Springs Hotel, cet hôtel est l’un des rares établissements d’envergure à avoir été érigé dans le parc national de Banff. Premier du genre à avoir été créé au Canada, celui-ci figure également sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, ce qui en fait une aire doublement protégée dont on ne saurait attaquer l’intégrité. Pas question, donc, d’entreprendre ici des développements pharaoniques, et c’est bien tant mieux. 

À l’Ouest, du nouveau

Ces contraintes n’ont pas empêché le West Bowl d’hériter de 2 km carrés skiables additionnels, récemment. Pour y accéder – ou simplement y jeter un œil – une fabuleuse piste scénique de 2 km fait corps avec la crête, jusqu’à la base du domaine. Ceux qui y plongent ont droit à de vastes champs de neige vierge mais aussi à de ravissants sous-bois. Tout ça à l’intérieur-même du domaine skiable, mais en donnant la folle impression d’en être sorti – à plus forte raison quand on sait qu’il faut porter son DVA (détecteur de victimes d’avalanches) dans ce secteur.


© Reuben Krabb

Cela dit, les possibilités de ski hors-piste et hors-station sont nombreuses, avec des précipitations annuelles moyennes de 4,5 m de neige, dans cette station qui culmine à 2637 m. Il en va notamment ainsi des pentes à 40 degrés d’inclinaison de l’Elevator Shaft, sur une crête du mont Lipalian. Tout juste si on ne recommande pas d’apporter avec soi son parachute.

Mais que les adeptes de corduroy se rassurent : nombreuses sont les pistes accessibles, bien damées et gentiment déroulées à flanc de montagne, sur ce mammouth skiable. Pas moins de 25 % du domaine sont ainsi dédiés aux débutants, 45 % le sont aux skieurs intermédiaires et 30 % aux experts.


© Reuben Krabb

Enfin, malgré un dénivelé légèrement plus faible qu’à Sunshine (991 m contre 1070 m), Lac Louise compte beaucoup plus de longues descentes, sur ses quatre versants. Et comme à Sunshine, la plus longue piste fait 8 km, ici aussi. De quoi étirer le plaisir pendant longtemps, longtemps, longtemps…


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À savoir

- Ouverte jusqu’au 8 mai cette année, la station de ski Lac Louise peut se fréquenter individuellement ou conjointement avec Norquay et Sunshine Village, les deux autres centres du réseau SkiBig3. De 10 h à midi, des visites guidées gratuites y sont offertes, par calibre (débutant, intermédiaire ou expert). Rendez-vous devant l’immense cabane en bois rond du Whiskey Jack Lodge.

- La station s’étend à environ 40 minutes du centre-ville de Banff. De Montréal, le meilleur moyen de s’y rendre est d’atterrir à Calgary, située à 90 minutes et reliée à Montréal en vol direct et sans escale de moins de 5 h (plusieurs fois par semaine avec Air Canada).

- Pour louer de l’équipement et ski ou de planche à neige et se le faire livrer à l’hôtel ou même dans sa chambre : Black Tie Ski Rentals.


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- Outre le prestigieux Château Lac Louise, quelques établissements plus modestes du village de Lac-Louise offrent l’hébergement et le couvert, mais les lieux sont très tranquilles, le soir venu. À Banff, deux bonnes adresses, testées et approuvées, affichent 3 étoiles mais paraissent en avoir 4 : Elk + Avenue, un établissement très central, avec lits douillets, stationnement souterrain et une très bonne table, le Farm & Fire; non loin de là et un chouia plus chic, l’hôtel Mount Royal est tout aussi bien situé et doté de lits ultraconfos, de bains à remous sur le toit ainsi que d’un resto et de deux lounges.


L’auteur était l’invité de Destination Canada et de Banff & Lake Louise Tourism.


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