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Randonnée en Espagne : Être conquis par la Concha

Non loin de Marbella, sur la très touristique Costa del Sol espagnole, le pic de la Concha permet une échappée en pleine nature et des points de vue enlevants sur la côte méditerranéenne.


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Droit devant, j’aperçois au loin la côte marocaine et la chaîne de l’Atlas, entrecoupées par des lambeaux de nuages. À l’avant-plan, la mignonne ville balnéaire de Marbella trône au cœur de la surpeuplée Costa del Sol. De part et d’autre, le festonnement argenté des vagues cisaille l’étale bleutée de la Méditerranée. Et vers l’ouest, je devine le « mont de Tariq » – le Jabal al-Tariq, qui deviendra Gibraltar, en référence à Tariq ibn Ziyad, premier conquérant musulman de l’Espagne.

Si je domine l’éblouissante côte sud de la péninsule espagnole, du haut du pic de la Concha, je n’ai pas pour autant l’impression d’avoir conquis ce sommet de 1 215 m, même si c’est le deuxième plus haut de la Sierra Blanca, la chaîne de rocs calcaires qui borde le sud du pays de Miguel Indurain et d’Alberto Contador. Ce n’est d’ailleurs pas en moulinant que je suis arrivé ici, mais bien à la force du mollet, par une série de sentiers pas toujours bien délimités. 

 ©  Adobe Stock

À moins de l’entamer à midi en pleine canicule de juillet, en sandales minimalistes et sans une goutte d’eau, la spectaculaire randonnée qui mène à ce sommet n’a rien d’insurmontable. Elle donne surtout des frissons en mettant en lumière des panoramas extraordinaires tout en libérant dans le sang de petites doses d’adrénaline, juste avant l’apothéose finale.

Dès que je l’ai aperçue depuis le bord de mer, j’ai eu envie de lui grimper sur le dos, cette Concha. Avec sa silhouette hautaine en forme de coquillage strié – d’où son nom –, elle en impose en dressant ses contreforts glabres et grisâtres, à peine piqués çà et là d’une timide végétation, preuve qu’il ne pleut que très rarement par ici.

À partir du Refugio de Juanar, accessible depuis la route qui mène au village d’Ojén, le sentier qui mène au sommet démarre dans les châtaigniers, les fougères et les oliviers, avant de s’enfoncer dans une majestueuse forêt de sapins d’Espagne, de pins de Monterey et de pins maritimes, bouclier efficace contre les coups de masse répétés de l’assommoir solaire. Le voile d’ombre est d’autant plus apprécié que le sentier se met bientôt à s’incliner et à tournicoter, alors que la grimpette se fait abrupte. Ce qui n’empêche pas des coureurs en sentier d’y trotter allègrement vers les hauteurs.

© Gary Lawrence

— Por favor señor, le sommet de la Concha, c’est bien par là? demandé-je à l’un des athlètes semi-nus au corps raide, mat et huilé de sueur, à l’embranchement mal indiqué du Puerto de las Allanás.

— Non, il mène à la croix de Juanar; allez plutôt par là, dit l’homme aux muscles découpés en pointant une crête rocheuse. Et j’espère que vous avez beaucoup d’eau avec vous : vous en avez encore pour deux heures en plein soleil, et ça cogne raide!

Trente minutes plus tard, j’espère apercevoir mon objectif, mais ce n’est finalement qu’une étape au terme d’un sentier de plus en plus capricieux, davantage diffus et désormais totalement à découvert. À partir de là, seuls certains passages situés à l’ombre de falaises me procureront un tant soit peu de répit ombragé. Inutile de préciser qu’en plus de quelques litres d’eau, il faut apporter avec soi de bonnes doses d’écran solaire pour ne pas se transformer en grosse gamba rose a la plancha, sur le sentier. Tandis que naît cette image sous la coquille de ma caboche, un groupe d’Allemands ultramotivés me dépasse, tous pectoraux dehors, tous blancs comme des frigos. Je leur souhaite d’avoir macéré pendant des heures dans une épaisse marinade de FPS 100, car ils risquent la brûlure au 8e degré.

© Gary Lawrence

Pour ma part, c’est la rétine de mes yeux qui se sent surstimulée, les points de vue sur les vallées voisines et sur la Méditerranée se multipliant et se faisant de plus en plus grandioses. Les risques de s’égarer sont d’autant plus élevés que non seulement le décor lointain est distrayant, mais encore le sentier est-il difficile à suivre : sans les flèches rouges et les petits drapeaux bicolores régulièrement peints sur les grandes pierres plates, la pierraille et la végétation rêche brouillent les pistes jusqu’au Saut du Loup, un passage délicat qu’on franchit grâce à un câble fixé à une paroi.

Vers la fin du sentier, alors qu’on croit être arrivé au bout de ses peines, il reste une arête rocailleuse à franchir, un passage qui rappelle une section du mont Katahdin, dans le Maine : d’un côté comme de l’autre du tracé, les parois des falaises chutent en à-pics vertigineux. Mieux vaut alterner son regard entre ses pieds et l’objectif à atteindre qu’est le sommet de la Concha, pour garder son équilibre mais aussi son sang-froid : c’est bien tant mieux, ça aide à supporter la chaleur.

© Gary Lawrence

La récompense qui arrive ensuite est tout aussi rafraîchissante : au bout du belvédère naturel du sommet, sous un ciel chauffé à blanc, toute la superbe de la Mère des mers se déploie, tous ses vents se mettent à se rencontrer. Et moi de redescendre, apaisé et l’esprit aéré, en ne me sentant nullement l’âme d’un conquérant, mais en étant assurément conquis par la Concha.


Un nouveau Club Med espagnol

Fraîchement inauguré en mai dernier, le splendide Club Med Magna Marbella forme un excellent pied-à-terre pour s’activer dans la région. Conçu avant tout pour la famille, il compte 4 clubs pour enfants (par tranches d’âge), 5 piscines (où se précipiter après une randonnée) ainsi qu’un spa (pour se faire masser les mollets), et il propose une excellente gastronomie roborative (à volonté, tout comme le bar) en plus d’offrir 25 sports et activités (volley-ball, Pilates, écoles de tennis et de cirque, etc., inclus dans le séjour). Le tout en français dans un ravissant cadre design, à 5 minutes de la station balnéaire de Marbella et à 30 minutes de voiture du point de départ de la Concha.


Pratico-pratique

  • L’ascension du pic de la Concha prend 5 à 6 heures aller-retour. S’il ne faut pas être un mollusque pour se l’offrir, elle demeure à la portée de quiconque jouit d’un minimum de forme physique. La région compte aussi de nombreuses autres possibilités de randonnées, y compris le célèbre Caminito del Rey, à 1 h de Marbella. Pour d’autres randos : sierranieves.com et turismo.marbella.es     
  • On peut séjourner à l’année à Marbella, y compris l’hiver : le sud de l’Espagne est l’endroit le plus chaud de toute l’Europe continentale.
  • L’aéroport de Malaga-Costa del Sol est situé à 40 minutes de Marbella et il est relié à l’année à Montréal, en vol direct et sans escale, sur les ailes d’Air Transat. airtransat.ca
  • Info : spain.info/fr et andalucia.org/fr

L’auteur était l’invité d’Air Transat, du Club Med et de Turismo de Andalucía.

© Gary Lawrence


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