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  • Crédit: Sara Bergeron-Ouellet

Incursion en terres algonquines

Vivre au rythme de la nature et de son peuple le plus respectueux lors d’une descente en canot sur la rivière Harricana. Cette expédition d’aventure à caractère culturel aux côtés de la communauté algonquine nous a menés aux confins de l’Abitibi ancestrale.

 

La bannique, c’est un délice! La recette de ce pain autochtone est très simple : mélangez de l’eau, de la farine, du sucre et du sel, saupoudrez de savoir-faire ancestral et plongez la pâte dans une culture millénaire pour une cuisson parfaite. Aliment de tous les jours pour les Apitipi8inik (prononcez Abitibiwinni), ce mets devient pour nous la cerise sur le repas traditionnel que nous préparent nos guides algonquins.

Installé sur les rives de l’Harricana, dont la traduction s’apparenterait justement à la « rivière où l’on mange le pain », le site ressemble à un ancien campement autochtone. Après une longue journée de navigation sur la rivière qui fut jadis la route ancestrale des Abitibiwinnis, les canots encore mouillés reposent sur la berge et la fumée s’échappe à travers la cheminée du tipi. À l’intérieur, André Mowat, un vieux sage usé par la vie et le soleil, partage ses souvenirs des légendes d’autrefois. Il appartient à la communauté algonquine de Pikogan, installée à quelques kilomètres au nord d’Amos, et travaille dans le tourisme d’aventure dans le but de partager ses connaissances du territoire et l’histoire des siens en lien avec la rivière Harricana.

Crédit: Sara Bergeron-OuelletOn mange calmement la bannique chaude et la viande d’orignal préparée par notre hôte pour les canoteurs harassés. Venus découvrir une culture et un mode de vie mis de côté, nous absorbons la patience et la sagesse qui se dégagent de chacun des gestes du vieux sage. Nous qui sommes des amateurs de plein air contemporains, nous prenons conscience que ce qui est aujourd’hui pour nous un merveilleux loisir était pour les communautés amérindiennes une nécessité du quotidien afin de se déplacer, rendre visite à leurs proches et se nourrir. « Certaines familles mettaient trois semaines en canot pour se rendre au lac Abitibi pour le rassemblement annuel », explique André. « Tout le monde s’activait : les femmes, les enfants, les plus âgés. On avait besoin de tous pour faire les portages de canot entre les rivières ou pour éviter les rapides. »

Bercé par le courant de l’Harricana, on s’imagine voguer vers le lieu de rassemblement. La rivière est calme et large et permet donc d’admirer à loisir le grandiose paysage de ce coin d’Abitibi. Plus loin, nous mettons pied à terre pour éviter des petits rapides. Nous ne sommes pas les seuls à passer par ici, comme l’indiquent les traces fraîches d’un petit ours et d’un orignal. Sur un parcours de 300 mètres, David, notre guide, porte seul sur son dos le canot pendant que nous transportons les sacs comme le faisaient autrefois les femmes. Cette étape est nécessaire, car le canot bien rempli pourrait facilement se renverser dans la rivière tumultueuse. Notre guide, âgé d’une trentaine d’années, nous dit avoir peu de connaissances de la culture de ses ancêtres. Au fil des années et surtout à cause des « pensionnats indiens », les Abitibiwinnis comme beaucoup d’autres communautés perdent la connaissance de leur histoire. Mais grâce au désir des nouvelles générations de vouloir conserver leurs racines, la langue algonquine continue d’être partagée. Et les plus âgés peuvent continuer de converser avec leurs enfants et petits enfants. « Nous, les Abitibiwinnis d’aujourd’hui, nous voulons transmettre nos valeurs et notre histoire à nos enfants et les partager avec les voyageurs qui nous rendent visite », déclare avec un sourire sincère et humble André Mowat. Excellents conteurs, canoteurs chevronnés et hôtes chaleureux, les Abitibiwinnis ont démontré des qualités indéniables en tourisme d’aventure sur leurs terres. Raison pour laquelle la communauté a reçu un prix lors du Grand Prix du tourisme en 2010.

Encore plus
Expédition « Bercé par l’Harricana » : forfaits disponibles à la journée, à la fin de semaine et sur mesure (trois jours et plus) avec descente de la rivière Harricana guidée par des guides algonquins avec hébergement en tipi ou tente prospecteur. De début juin à mi-août.
(819 732-3350- abitibiwinni.com)

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