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  • Crédit: ArtmannWitte

Luge d’eau : Faire corps avec l’eau vive

Les amateurs de sensations fortes et de nouvelles expériences se réjouiront d’apprendre qu’un nouveau sport d’eau vive est en émergence au Québec : la luge d’eau. Incursion au pays des hommes-grenouilles (où les dames sont bienvenues aussi…).

S’il peut paraître curieux de prime abord, le concept est en réalité tout simple, tellement simple qu’on se demande pourquoi il ne s’est pas développé plus tôt. Dans ce sport de glisse, on ne se trouve plus sur l'eau mais dans l’eau, ce qui change beaucoup de choses, puisque dans ce cas,on fait corps avec l’élément. En fait, la luge d’eau, aussi appelée la nage en eau vive, est rendue possible grâce à un curieux accessoire, le flotteur, communément nommé hydrospeed. Il s’agit d’un bloc de mousse de forme arrondie à l’avant, dans lequel on a évidé deux cavités pour y insérer les bras; la partie arrière, sur laquelle on s'allonge, est de forme aplatie. Sa fonction est de permettre au nageur de flotter, de se protéger et de se diriger. Outre cet accessoire essentiel, il faut également des palmes courtes qui serviront à améliorer la propulsion, ainsi que tout l’équipement nécessaire à la pratique d’un sport en eau vive : gilet de flottaison, combinaison en néoprène renforcée et casque; de quoi être protégé pour affronter le terrain de jeu de ce sport : les rapides et les seuils.

Si le Québec comptait déjà quelques inconditionnels il y a une dizaine d’années, c’est seulement depuis deux ou trois ans que la luge d’eau tend à se démocratiser. À l’origine, ce sport a vu le jour à la fin des années 1950 par l’intermédiaire d’un Français qui descendit à la nage les rivières tumultueuses du Canada. L’activité ne se structurera que dans les années 1980, avec la création d’une fédération et de clubs, mais surtout avec le dépôt d’un brevet pour le modèle de la luge, qui lui donnera sa forme définitive.

À priori simple et accessible, la luge d’eau exige toutefois une bonne forme physique en fonction des conditions de la rivière et du niveau de difficulté des rapides à franchir. Mais plus que la force et le gabarit, ce sont les réflexes aguerris et une témérité à toute épreuve qui permettront d’apprécier plus rapidement les joies de ce sport.

Avant de se lancer à l’eau, un petit cours de départ s’impose afin de s’initier aux techniques de base comme l’esquimautage, les différents coups de palmes et la répartition du poids sur la luge, qu’on doit maîtriser pour éviter autant que possible de se renverser. Réagir en fonction du mouvement de la rivière est aussi indispensable : quelques coups de palme sont souvent nécessaires pour avoir la vitesse adéquate avant d’entrer dans un rapide, sans quoi on ne pourra que se laisser entraîner par ce dernier, ballotté comme une feuille morte, incapable de manœuvrer et de se diriger où l’on veut.

Au début, envahi par l’adrénaline devant des rapides plus impressionnants de l’intérieur que de la rive, il faut s’attendre à manquer de réflexes techniques et à se retrouver à plusieurs mètres de sa luge…Très vite cependant, les angoisses s’estompent et on découvre que cette eau brutale et sans ordre apparent n’était pas aussi dangereuse qu’on pouvait le penser.

Faire corps avec la rivière

C’est un des aspects intéressants de la nage en eau vive que de ressentir dans son corps et de l’intérieur, les forces vives de l’eau, ses courants tumultueux, parce que c’est ainsi qu’on comprend beaucoup plus rapidement son mécanisme. La progression rapide dans l’apprentissage fait partie de la beauté de ce sport dans lequel on atteint assez vite une certaine autonomie, particulièrement si on pratique déjà un sport d’eau vive et qu’on est en mesure de faire une bonne lecture de la rivière. Après les premiers rapides franchis, on arrivera à se diriger plus ou moins où l'on veut, par exemple pour aller prendre un rappel au milieu du remous et s’offrir quelques secondes de répit à contre-courant derrière un obstacle, avant de s’élancer dans la suite du rapide.

La glisse devient vite un plaisir intense et on en redemande, impatient de se lancer avec délectation dans les prochains rapides. La luge d’eau est avant tout un sport très ludique qui permet de s’amuser véritablement dans la rivière. Et la cerise sur le gâteau, c’est la rapidité à laquelle on parvient à jouer avec les courants, surfant d’un bord à l’autre de la vague un peu comme en kayak, et slalomant entre les obstacles. Mais la maîtrise qu’on acquiert ne doit pas faire oublier que la nature reste la plus forte et que, dans certaines conditions, elle présente des dangers. Aussi, pas question de commencer à se lancer à l’eau seul, sans l’encadrement et les conseils d’une personne compétente. Si l'on respecte ces recommandations, la nage en eau vive est très sécuritaire, quoiqu’on ne vous garantit pas que vous en sortirez sans aucun bleu… 

La luge d’eau est une très belle façon de découvrir une rivière, d’apprendre à la sentir de l’intérieur et de comprendre comment se lisent ses courants. Il est fort vraisemblable que cette activité rafraîchissante fera de plus en plus d’adeptes au Québec, où le terrain de jeu est presque inépuisable. Il suffit de penser à l’exemple de Denis Morin, qui a parcouru le Nunavik en hydrospeed à l’été 2003 (lire à ce sujet l’article paru dans Espaces en septembre 2003 et disponible à www.espaces.qc.ca). Cette aventure hors du commun l’a mené sur près de 450 km en autonomie complète sur la rivière De Pas entre Shefferville et la Baie d’Ungava, où il a franchi des rapides RIII en moyenne et slalomé entre les icebergs. Depuis, il poursuit une aventure tout aussi palpitante: initier son fils de 12 ans et continuer à développer la luge d’eau au Québec.

L’auteur tient à remercier Aventures Terre Sauvage pour cette initiation à la nage en eau vive.

S’initier 

  • Aventures Terre Sauvage, entreprise installée à Ste-Foy, est la seule à offrir des initiations au Québec. Organisée sur la rivière Jacques-Cartier, la descente de 6 km est ouverte à toute personne en bonne condition physique. Aucun prérequis n’est nécessaire : une formation est donnée avant le départ et pendant la descente. Sur demande, il est possible de prolonger l’initiation.

Info : www.terresauvage.net ou (418) 873-4091 et 1 866 353-3336

  • Au cas par cas, les membres du RIPH (voir ci-dessous) peuvent aussi initier des personnes qui souhaiteraient découvrir l’activité.

Matériel 

Aucun matériel de luge d’eau n’est encore distribué au Québec : il faut construire sa propre luge. Rien de compliqué (voir les sites ci-dessous), il s’agit de sculpter dans de la mousse rigide une forme de base que l’on adaptera à sa morphologie.

Ressources et contacts

Comment fabriquer sa luge ? Où nager ? Conseils sécurité, etc. Vous trouverez toutes les réponses sur ces sites :

Pour tout autre renseignement, contacter le président du RIPH Canada, Denis Morin : (418) 261-4169 et dminformatique@yahoo.com

 

Événements

Les nageurs en eau vive sont de plus en plus présents  dans les rassemblements d’eau vive habituellement destinés aux kayakistes et canoteurs : reportez-vous à notre agenda (page 52) et/ou contactez le RIPH Canada pour savoir où et quand rencontrer ces hommes-grenouilles…

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