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  • Crédit: Stephen Strathdee

Pour ou contre l'imposition obligatoire des compensations de carbone lors des voyages en avion ?

Certaines compagnies aériennes et agences de voyages proposent aux voyageurs de payer des compensations de carbone lors de leurs déplacements en avion. C’est le concept du pollueur-payeur. Tout fonctionne sur une base volontaire : devrait-on l’imposer à tous les passagers?

POUR

Nous pensons qu’il serait avantageux d’imposer la compensation obligatoire des émissions de gaz à effet de serre (GES) des vols en avion. Nous estimons d’ailleurs qu’à terme, toutes les émissions non évitables de GES devront être compensées. Autrement, le climat continuerait de se réchauffer inexorablement.

L’imposition de mesures de compensation obligatoire qui s’appliqueraient uniquement aux vols en avion représente, malgré tout, une avancée considérable. Surtout si l’on considère que dans certains marchés, l’avion fait concurrence aux trains, ce qui entraîne une hausse ahurissante des émissions de GES.

Nous pensons que l’imposition de cibles absolues de réduction des émissions de GES, comme ce qui est prévu dans le protocole de Kyoto, doit néanmoins être privilégiée. Nous pensons que des efforts importants de réduction des émissions doivent être faits, la compensation demeurant une mesure complémentaire intéressante puisqu’elle réduit davantage l’impact sur l’environnement.

Plusieurs compagnies aériennes offrent déjà de compenser les émissions de GES attribuables à l’utilisation d’un siège dans leurs avions par la plantation d’arbres. L’imposition obligatoire des mesures de compensation permettrait d’établir une norme assurant la séquestration du carbone et non simplement la plantation de jeunes arbres, dont personne ne se préoccupe de la survie ou de leur utilisation finale. D’ailleurs, la plantation d’arbres n’est pas nécessairement la manière la plus adéquate de compenser les émissions de GES, par contre l’imposition de la compensation permettrait d’assurer la performance des mesures défrayées par les voyageurs.

Nous estimons qu’un coût doit être imputé aux émissions de carbone, soit par une taxe, une bourse du carbone ou des mesures de compensation obligatoires qui semblent être privilégiées par les compagnies aériennes actuellement.

- Mathieu Castonguay, directeur général de l'association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique

Contre

Imposer systématiquement des frais de crédits carbones aux voyageurs risque de réduire une pratique importante du tourisme responsable à un simple frais de service. Les méthodes pour neutraliser les émissions de carbone seraient inévitablement influencées (pour plusieurs compagnies) par le maintien des prix compétitifs au lieu de tenir compte de l’impact réel sur l’environnement.

Les calculs utilisés pour déterminer les émissions de carbone reliées au transport aérien sont plus complexes que l’on pourrait imaginer. Expéditions Monde croit qu’il est essentiel que les voyageurs soient conscients que la simple neutralisation de la quantité de pétrole consommée par un vol n’est pas suffisante pour obtenir un résultat concret. Le calcul des incidences du transport aérien devrait aussi englober les émissions en haute altitude, ce qui fait une différence capitale dans les résultats finaux.

Il faut savoir qu’il existe également plusieurs « faux » crédits. Les crédits d’énergies renouvelables doivent être en conformité avec les plus hautes normes internationales – comme le Gold Standard – et confirmés par une source indépendante.

L’utilisation de demi-mesures, lors du calcul, combinées à un crédit carbone bon marché aura comme résultat une diminution considérable du prix final, mais surtout une diminution des bienfaits concrets sur les changements climatiques.

Expéditions Monde encourage fortement ses voyageurs à neutraliser leur transport aérien, de même que nous le faisons pour l'ensemble de nos activités. Par contre, nous ne croyons pas qu’un impact important sera obtenu en imposant des crédits de carbone sans que le consommateur puisse le choisir consciemment.

- Caroline Mongrain, responsable des communications d'Expéditions Monde

Le chiffre du débat : 40 000

C’est le nombre de tonnes d’émissions de gaz à effet de serre (GES) qu’espère réduire l’entreprise de fidélisation Aéroplan cette année avec son nouveau programme de compensation carbone. Les membres inscrits peuvent désormais réduire l’impact de leurs voyages grâce à leurs miles de récompenses accumulés. La compagnie ajoutera 20% du total des miles échangés et transférera le montant final au Fonds de réduction de carbone, un organisme qui finance des projets de compensation. (carbonreductionfund.org)

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