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  • Crédit: Monique Richard

Monique Richard : tenter l’Everest… sans oxygène!

Le froid et la glace, Monique Richard les connaît bien. Pourtant, le printemps dernier, l'alpiniste de Montréal a découvert qu'il existait des conditions plus difficiles encore que ce qu'elle avait déjà vu après avoir gravi les sept plus hauts sommets de chaque continent.

Un an après avoir conquis l'Everest par la face sud, Monique Richard, 38 ans, a tenté, en avril dernier, de gravir le plus haut sommet du monde, cette fois par la face nord, et sans apport d’oxygène. Elle voulait devenir la première Canadienne à y parvenir. Cette tentative fut « très difficile » à plusieurs égards, note-t-elle : « Je suis partie confiante, mais il y a eu plusieurs éléments qui m'ont drainé de l'énergie, physiquement et psychologiquement. »

La face nord de l'Everest est très différente de celle qu’elle a gravie l’an passé. Située du côté chinois, moins d'alpinistes la fréquentent. Et pour cause : l'environnement y est plus hostile, avec des vents violents et un temps plus froid. L'accès peut aussi y être révoqué par les autorités chinoises. D’ailleurs, c'est seulement en 1980 que s’y est faite la première ascension, parce que les Chinois en bloquaient l'accès auparavant. Ce fut également le cas à plusieurs reprises pendant les dix dernières années. Ce qui a causé un certain désintérêt de la part des grimpeurs, si bien qu'en 2010, le deux tiers des ascensions se sont faites du côté sud, au Népal.

Pour Monique Richard, les problèmes ont commencé quand elle est tombée malade. Ensuite, l'équipe dont elle faisait partie n'a pas collaboré comme elle le souhaitait. Tous ces éléments l’ont épuisée et elle a abandonné sa tentative sans oxygène au camp 2. Elle a toutefois décidée de continuer sa tentative vers le sommet avec un apport en oxygène. Elle a également côtoyé la mort durant cette expédition... D'abord, un sherpa avec qui elle s'était liée d'amitié est décédé sur une corde fixe, foudroyé par une crise cardiaque. Elle a aussi croisé 14 cadavres lors de sa montée vers le sommet avec oxygène depuis le dernier camp... Une expérience qu'elle qualifie de « traversée funèbre ». « Ça fait réfléchir. Psychologiquement, voir tous ces cadavres-là, j'ai eu peur de ne pas avoir assez d'énergie pour redescendre », explique-t-elle.

Crédit: Monique Richard« Le sud est plus encadré, il y a une possibilité de secours, précise l'alpiniste. Du côté nord, il faut quatre heures de route pour se rendre à l'hôpital depuis le camp de base. Disons que tu es plus sur tes gardes. »

Finalement, elle a rebroussé chemin à 50 mètres du sommet. Tellement proche du but! Tout l'entrainement et les investissements pour devoir tourner si près du sommet. « Cinquante mètres, c'est rien. Ça prend une heure pour faire cette distance-là!, dit-elle. Mais je me disais que j'avais déjà fait le sommet… »

Sur l'autre versant, des alpinistes vivaient des tensions extrêmes avec les sherpas. L'expédition de Simon Moro, Ueli Steck et Jonathan Griffith a été la cible d'une attaque de la part de certains sherpas, après un accrochage survenu au-dessus du Camp 2. Elle dit que l'incident n'a pas eu d'écho de son côté.

Commanditaires

Monique Richard comptait beaucoup sur ce sommet, notamment pour aller chercher des commanditaires qui lui permettraient de continuer de grimper des montagnes, en ayant moins de soucis financiers. Elle ne sait pas encore comment elle fera pour financer ses prochains voyages. Sa récente tentative lui a coûté près de 28 000 $.

Durant les dernières années, elle a mis tout son argent dans ses expéditions. Elle a vendu condo et véhicule pour faire les sept sommets les plus hauts du monde. Malgré ses exploits, elle peine à trouver du soutien. Elle voudrait faire d'autres 8 000 mètres comme le Cho Oyu ou le K2 éventuellement, mais « pour des grosses expéditions, je ne sais pas comment je vais faire. Moi, je trouve ça très difficile. Au Québec, l'alpinisme, ce n'est pas très à la mode, à moins d'avoir un très bon réseau de contacts », explique Monique Richard. Factrice de profession, elle dit encore espérer de l'aide de commanditaires. Pour diminuer les dépenses, elle songe aussi à faire équipe avec d’autres alpinistes québécois. Elle a tout de même réussi à toucher quelques sommets dans les Alpes au cours de l'automne. Le but de ces plus petites expéditions est de lui permettre d'acquérir davantage d'autonomie, dit-elle, pour partir avec de plus petites équipes moins coûteuses…

 
 
 
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