Rechercher dans le site espaces.ca
  • © Courtoisie Caroline Côté

Caroline Côté vers le pôle Sud : seule et tenace dans la tourmente

Après une douzaine de jours en solo en Antarctique, Caroline Côté continue de progresser rondement vers son objectif, malgré une météo plus coriace que prévu. Compte-rendu de ses messages et de ses échanges avec ses proches.


À lire aussi : Espaces en Patagonie chilienne - Caroline Côté au pôle Sud : comme un ultramarathon de 1130 km en solo


Chaque soir ou presque depuis qu’elle est partie seule sur ses skis, le 9 décembre dernier, l’aventurière québécoise Caroline Côté envoie dans l’univers un message par téléphone satellite, à l’attention de ceux qui la suivent un peu partout dans le monde.

© Courtoisie Caroline Côté

Jour après jour, en suivant sa progression sur la carte interactive de son site, on peut cliquer sur une icône et l’entendre nous parler des hauts et des bas de son expédition en autonomie vers le pôle Sud : jours de bourrasques, jours de plein soleil, jours de white out

« Aujourd’hui fut une dure journée, beaucoup de vent, beaucoup de sastrugis [crêtes de neige durcie] », dit-elle un jour; « Encore une journée difficile, avec plein de neige folle et des déplacements pénibles : c’est une saison venteuse et enneigée en Antarctique » rapporte-t-elle une autre fois. Sans compter ce ski qu’elle a dû réparer et ce capteur solaire qui a fait des siennes, des problèmes cependant vite réglés.

« C’est plus dur que je l’imaginais »

Après environ un tiers du chemin parcouru, la solitude commence à lui peser. « C’est plus dur que je l’imaginais, j’apprends à garder mon calme dans la tempête quand elle fait rage », pose-t-elle calmement. À l’approche des Fêtes, l’aventurière demeure coriace mais elle réalise que sa famille et ses proches lui manquent. « Hier, elle m’a appelée pour la première fois depuis le début de l’expédition et je la sentais plus émotive », dit son mari, l’explorateur Vincent Colliard, joint par téléphone à Punta Arenas, dans l’extrême sud du Chili.

© Courtoisie Caroline Côté

Ce jour-là (le mardi 20 décembre), le message de Caroline Côté pouvait s’entendre sur fond de hurlements intenses du vent, trop forts pour lui permettre de bouger en début de journée. « Je n’ai pas pu skier ce matin, mais les prévisions sont bonnes pour les prochains jours », dit-elle, optimiste. Partie vers 15 h, l’athlète a finalement réussi à avaler 25 km, toute une performance dans les circonstances.

« J’ai écouté les messages laissés par d’autres aventurières en train d’emprunter le même parcours, et je comprends que les conditions sont assez difficiles depuis le début, poursuit Vincent Colliard. Ce qui me laisse croire que Caroline encaisse plus qu’elle le laisse entendre, mais qu’elle ne se plaint pas. Ça ne me surprend pas, elle a un super état d’esprit d’ultramarathonienne, c’est une vraie guerrière! »

La veille, l’aventurière anglaise Wendy Searle, qui cherchait elle aussi à gagner le pôle Sud en solo en un temps record, a dû baisser les bras devant la force des éléments. « Ce sont les pires conditions en dix ans! », dit-elle pour justifier son abandon, après 14 jours et 320 km parcourus. Mais Caroline, elle, garde le cap sur son objectif : devenir la femme la plus rapide d’Antarctique en ralliant le pôle Sud en moins de 38 jours. « Mon niveau d’énergie est super élevé! », dit-elle dans l’un de ses récents messages.

© Courtoisie Caroline Côté

Il faut dire que de façon générale, tout va plutôt bien : si elle réussit parfois à franchir 35 km en une journée, Caroline parcourt en moyenne 31 km quotidiennement, malgré le poids de sa pulka. À date, elle n’a ni bobos, ni engelures, ni ampoules, et le froid n’a pas été assez intense pour la clouer longuement au sol.

Pour se réchauffer le cœur et s’occuper l’esprit en skiant dans le Grand Blanc, Caroline Côté écoute du Gilles Vigneault, des balados québécois ou encore l’audiolivre Sailing Around the World Alone, de Joshua Slocum. « Moi aussi je suis seule, et je me sens comme sur un vaste océan ici! », dit-elle dans un message.

Bien entourée

Heureusement, elle est bien entourée : Vincent Colliard et leur complice norvégien, l’expert météo Lars Ebbesen, communiquent avec elle tous les jours. Sa famille est également très présente et certains admirateurs lui envoient des petits mots réconfortants. « Aujourd’hui j’ai reçu un message d’encouragement qui m’a fait chaud au cœur de la part de l’explorateur Bernard Voyer : lui et Jean-Yves Cousteau m’ont beaucoup marquée durant mon enfance », dit l’aventurière.

© Courtoisie Caroline Côté

Dans un peu moins d’une semaine, elle devrait atteindre les monts Thiel, qui marquent la moitié de son parcours. « J’ai hâte d’être à mi-chemin, je vais voyager avec une pulka plus légère! », lance-t-elle. « Après, on se croise les doigts pour que la météo soit clémente et que Caroline puisse progresser encore plus rapidement, jusqu’à 40 km par jour », espère Vincent Colliard.

Le 29 décembre, lui-même s’envolera pour l’Antarctique pour guider un groupe de skieurs, entre le 89e degré de latitude jusqu’au pôle Sud, une expédition dite du « Dernier degré ». Si Caroline poursuit sur sa lancée, il n’est pas impossible qu’il puisse l’attendre sur place pour l’accueillir – ce qui, avouons-le, ferait toute une finale. « Ce n’est pas ce qui était prévu : je devrais déjà être là-bas, dit Vincent Colliard. Mais à cause d’un cas de Covid, le séjour de notre groupe a été reporté d’une semaine. Peut-être que les astres sont en train de s’aligner pour que Caroline et moi puissions nous retrouver au pôle Sud à son arrivée! »


Pour suivre Caroline Côté au jour le jour et écouter ses messages : caroline-cote.com

Commentaires (0)
Participer à la discussion!