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  • Crédit : gabrielfilippi.com

Album souvenir de la vie de Gabriel Filippi

Dans son livre "Instinct de Survie", Gabriel Filippi raconte ses 20 ans d’alpinisme. Une vie qui l'a mené à grimper en Himalaya et partout dans le monde. Parce que sa parole est précise et humble, bref, inspirante, on lui a demandé de revenir en images et en mots sur quelques chapitres marquants de sa vie d’alpiniste.

Les débuts

Crédit : gabrielfilippi.com

« La montagne est arrivée à un moment de ma vie où j’allais nulle part comme individu. Ma première expérience d’alpinisme, je l’ai vécue en janvier 1995, sur le Chimborazo (6 268 m), en Équateur. C’est un guide local qui m’a prêté l’équipement et les vêtements. J’avais l’air d’un touriste qui décide de gravir un sommet. Cela a été une révélation. Une journée magique, une première expérience incroyable d’être seul sur les flancs de la montagne.

Quand je regarde cette photo, je me rends compte du chemin parcouru, 21 ans plus tard. Je ne ressemble plus à ça. J’ai progressé comme alpiniste. Mais c’est important de se souvenir d’où l’on vient. » 


L’Everest

Crédit : gabrielfilippi.com

« Cette montagne signifie beaucoup de choses. C’était la montagne fétiche quand j’ai commencé à grimper, mon objectif principal à travers les années. En 2000, même si je n’ai pas atteint le sommet, j’ai réalisé mon rêve d’y aller un jour.

Mon amour de l’Everest, ce n’est pas juste la montagne, mais bien plus, tout ce qui l’entoure. Les sherpas, les villages et les gens qui les habitent. C’est un retour aux sources pour moi d’y aller. Des vacances. Deux mois de camaraderies avec les guides de montagne, deux mois durant lesquels je ne vais pas simplement camper, mais je vais souper chez des amis, on va jouer aux cartes, on va grimper ensemble. » 


Les dangers vs la famille

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« À mes débuts d’alpiniste, je grimpais les montagnes pour le défi et le plaisir. Naïvement, je me souciais peu de la mort. Aujourd’hui, j’ai une conjointe, une famille de 4 filles, je suis grand-père, avec une petite-fille de 4 ans. Je prends des risques calculés, comme je l'ai toujours fait, mais ils sont doublement calculés. J’ai encore la témérité de mes débuts, mais l’expérience compense aujourd’hui beaucoup. Si je meurs au cours d'une expédition, j’aurais quand même légué quelque chose aux filles : vivre à fond leur vie, ne pas se mettre d’obstacles.

J’ai un lien très fort avec ma petite-fille. Aujourd’hui, j’ai le besoin viscéral de revenir à la maison. Je ne l’avais pas avant. Avec tous les amis que j’ai perdus sur l'Everest, je suis davantage conscient des dangers de la montagne. Vouloir revenir me rend davantage prudent. J’essaye de minimiser au maximum les risques. La mort n’est pas quelque chose de tabou. Elle est présente dans ma vie, car elle m’amène à être alerte. Je fais tout pour revenir. » 


L’attaque de talibans au Pakistan

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En 2013, des talibans ont tué 10 alpinistes étrangers et un guide pakistanais, qui campaient sur les pentes du Nanga Parbat. Gabriel Filippi faisait partie de cette expédition. Il a quitté le groupe la veille pour rentrer au Québec. Son compagnon de cordée, le Lituanien Ernestas Marksaitis, n’a pas eu cette chance.

« Ernie me ressemblait. Il aimait vivre en montagne. Il avait aussi une famille. J’aimais son style de grimpe, sans oxygène et sans sherpas. On s’est rapidement lié d’amitié.

On avait de beaux espoirs dans cette expédition, à s’amuser pendant 3 mois ensemble au Pakistan.

C’était un bonhomme qui aimait rire, profiter de la vie. Il en bouffait chaque seconde. Peu importe où il était, il arrivait à se mêler aux gens. Il commençait à apprendre l’Ourdou (langue officielle du Pakistan). Très intelligent, très instruit, il était capable de parler sur plein de choses. On connectait beaucoup, car on savait que l’on vivait de la même façon, très intensément.

Je regrette qu’il ne m’ait pas suivi, quand je lui ai dit que je quittais le camp. Il avait investi beaucoup pour ce voyage-là. Il comprenait les raisons de mon départ, il la respectait, mais il ne pouvait pas financièrement la prendre aussi. C’est dommage…» 


L’importance des sherpas

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« Avec toute la publicité faite autour de l’Everest, les gens ont une bonne idée de ce que sont les sherpas. Des porteurs en altitude, des gens qui font tout pour les clients : installer la tente, monter les bombonnes d’oxygène… Ils sont omniprésents !  Ils sont très importants dans les expéditions commerciales, car tous les clients n’ont pas tous de l’expérience. Sans les sherpas, les sommets ne se feraient pas.

Lors de ma dernière expédition, Sommets Inexplorés (aussi une websérie), je voulais montrer que les sherpas sont autre chose que des porteurs en altitude. On avait Pasang Kaji (alias PK) avec nous, comme grimpeur à part entière. Un gars compétent, technique, expérimenté, même plus que moi. Il y en a beaucoup d’autres qui ont aussi cette capacité-là. » 


La peur de l’eau

« C’est un traumatisme d’enfance. Apprendre à nager à 50 ans a été tout un défi. Je voulais montrer aux gens, notamment lors de mes conférences, un élément où je ne suis pas un athlète. Me connaissant, il fallait me lancer un défi suffisamment grand pour me motiver. J’ai donc participé à un Ironman, en Floride, en 2010.

Cette histoire n’est pas encore réglée. J’ai appris à nager avec un wetsuit. Cela m’a apporte un sentiment de sécurité. Mais, sans la combinaison, j’ai encore peur…

Des peurs, on en a tous. L’important, c’est de les éliminer, étapes par étapes, l’une après l’autre. Avoir complété 2 Ironman m’a convaincu qu’il est possible d’y arriver ! »

À LIRE

Instinct de survie, Gabriel Filippi (avec Brett Popplewell), Guy Saint-Jean éditeur, 2016, 352 pages, 29,95 $.

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