Salle d’escalade : un air plus pollué qu’en bord d’autoroute
Faire de l’escalade en salle, c’est opter pour une activité physique en intérieur qui sent bon la santé, l’adrénaline… et les microparticules toxiques? C’est ce que révèle une étude américaine récemment publiée dans la revue Environmental Science and Technology Air: l’air que l’on respire en grimpant en salle serait parfois plus pollué que celui de certaines des routes les plus fréquentées.
Des particules de caoutchouc dans l’air
Menée par une équipe de chercheurs de l’École polytechnique de Lausanne (Suisse) et de l’Université de Vienne (Autriche), l’étude a analysé la qualité de l’air dans des salles d’escalades, les scientifiques ont mesuré les niveaux de composés organiques volatils (COV), de particules fines (PM2.5) et d’autres polluants présents dans l’atmosphère… et les résultats ont de quoi donner le vertige.
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Parmi les principaux polluants identifiés : les phtalates, des substances issues du plastique et du caoutchouc, présentes notamment dans les semelles des souliers d’escalade. Les frottements avec les prises créent « une production constante de particules de caoutchouc, qui s’accumulent sur les supports d’escalade et dans l’air », assure l’étude.
Parmi les autres subtances incriminées : la magnésie, cette fameuse poudre blanche utilisée pour sécher les mains, qui devient rapidement volatile, mais également les particules fines en suspension. Dans certains cas, les concentrations de PM2.5 dépassaient les niveaux recommandés par l’OMS, comparable à ce que l’on trouve le long des grands axes routiers.
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Comparables à « des routes de mégalopoles »
Tout d’abord, les salles d’escalade sont des espaces clos, parfois mal ventilés, où les activités sont intenses. La forte fréquentation, les surfaces synthétiques et l’usage massif de magnésie créent un cocktail de poussières et de particules qui stagnent dans l’air. Une salle bien pleine un soir de semaine peut ainsi devenir un véritable nuage invisible.
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« La pollution de l’air des salles était plus élevée que ce que nous pensions », réagit Thilo Hofmann, vice-directeur du CeMESS, à l’Université de Vienne, et auteur correspondant de l’étude. Les niveaux mesurés (lors des pics d’affluence) se situaient parmi les plus hauts jamais enregistrés au monde et étaient comparables à ceux des routes à voies multiples de mégalopoles ».
Comment limiter cette pollution?
Faut-il paniquer? Pas encore. Les chercheurs ne disent pas d’arrêter de grimper, mais d’être conscients de la qualité de l’air que l’on respire, surtout dans les salles les plus fréquentées, ou si l’on y passe beaucoup de temps.
À terme, l’étude plaide pour une meilleure ventilation, des matériaux moins polluants et peut-être, pour les grimpeurs, une consommation plus raisonnable de magnésie.
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En attendant, l’extérieur reste encore la salle la mieux ventilée. Une bonne excuse pour varier les plaisirs et partir en falaise aux beaux jours.
- Source : The Invisible Footprint of Climbing Shoes: High Exposure to Rubber Additives in Indoor Facilities.