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  • Crédit: Avalanche Québec

Pourquoi un centre d’avalanche au Québec ?

Depuis qu’on les recense, les avalanches ont fait 66 morts et 60 blessés au Québec.Veiller à ce que la liste ne s’allonge pas, c’est la mission du Centre d’avalanche de la Haute-Gaspésie. Pourtant, son principal défi réside ailleurs : trouver son financement, un chemin de croix à refaire chaque année.

On associe généralement les avalanches aux grandes chaînes de montagnes telles les Rocheuses, les Alpes ou encore l’Himalaya. Pourtant, au Québec, ce phénomène naturel affecte chaque hiver des activités humaines aussi variées que l’habitation et les transports, l’exploitation forestière et minière, et bien sûr les sports de montagne. Selon les plus récentes recherches menées par le professeur Bernard Hétu de l’Université du Québec à Rimouski, les accidents d’avalanche au Québec totalisent à ce jour un minimum de 66 décès et 60 blessés, soit un peu plus de 125 victimes depuis 1825. 

Ces chiffres positionnent les avalanches de neige au second rang des risques naturels les plus meurtriers derrière les éboulements et les glissements de terrain. De plus, aucune région ne semble vraiment épargnée, puisque la répartition des accidents connus montre que des avalanches mortelles sont survenues aux quatre coins de la province (région de Québec, Cantons de l’Est, Charlevoix, Gaspésie, monts Groulx, Mauricie, Nord québécois, Basse-Côte-Nord et Saguenay).Avec la popularité sans cesse grandissante des activités de plein air en hiver et les attentes toujours plus élevées de la population en regard à la sécurité publique, la gestion des risques d’avalanche au Québec mérite qu’on lui porte une attention particulière.

La création du Centre d’avalanche de la Haute-Gaspésie remonte à l’automne 1999 en partie à la suite de l’accident de Kangiqsuallujuaq qui a fait 9 morts et 25 blessés parmi les résidents du village rassemblés à l’école pour célébrer le Nouvel An. L’objectif de ce centre unique dans l’est du Canada consiste à minimiser les impacts des avalanches de neige sur les activités humaines au Québec par la sensibilisation et l’information du public, et le développement d’une expertise dans le domaine.

La mise en place du Centre d’avalanche a nécessité des investissements importants totalisant à ce jour 1,8 million de dollars en provenance des gouvernements fédéral et provincial ainsi que du milieu. Les activités du Centre se concentrent essentiellement sur les services publics de sécurité en avalanche incluant la sensibilisation et l’information (site Internet, publicités, conférences, événements ciblés), le développement et le maintien d’une expertise dans le domaine (point de contact, ressource experte, formation professionnelle, transfert de connaissances), la prévision des avalanches dans les Chic-Chocs, la gestion du risque sur la route 132 en Haute-Gaspésie et le soutien à la recherche auprès de certaines universités. 

Qui doit payer?

Depuis 2005, le financement du Centre d’avalanche représente un réel défi. Le fait qu’il n’existe aucun programme normé garantissant la récurrence des fonds, tant au gouvernement fédéral que provincial, empêche une vision à long terme et un développement optimal du Centre d’avalanche, en plus de représenter une menace de fermeture à la fin de chaque saison. Pour 2006-2007, la survie du Centre est assurée grâce à des contributions totalisant 175 000 $ en provenance des différents partenaires, dont le gouvernement du Québec (Affaires municipales et Régions, Transports), du milieu (Sépaq, MRC et CLD de la Haute-Gaspésie, Fondation canadienne des avalanches et Mountain Equipment Coop) et du gouvernement fédéral (Développement économique Canada). C’est toutefois 50 000 $ de moins que le budget nécessaire au bon fonctionnement du Centre, une somme attendue de la part du gouvernement fédéral dans le cadre d’une proposition de financement en parts égales entre Ottawa, Québec et le milieu.

Salvatrices, ces contributions ponctuelles sont cependant de courte durée (d’un à trois ans) et permettent uniquement de maintenir en place les services et l’expertise en attendant des ententes plus stables. En outre, elles exigent beaucoup de temps consacré à la recherche de financement, à l’élaboration et à la gestion des ententes ainsi qu’à la production des rapports pour les différents partenaires. C’est pourquoi il est maintenant plus que jamais essentiel que les deux niveaux de gouvernements garantissent un financement récurrent grâce à des programmes réguliers assurant la disponibilité des fonds nécessaires.

Pour y arriver, il faudrait d’abord qu’un ministère, tant au niveau fédéral que provincial, soit désigné responsable de la sécurité en avalanche. Cela leur permettrait ensuite d’impliquer les autres ministères concernés et de structurer des programmes permettant le financement de la sécurité en avalanche au pays. Convaincu que c’est la solution la plus viable, le Centre d’avalanche a proposé un partenariat public-privé entre les gouvernements fédéral et provincial et le milieu. Cette solution permettrait d’impliquer les différents acteurs concernés et intéressés par la question de la sécurité en avalanche tout en réduisant la contribution respective de chacun. Des discussions sont déjà en cours à ce sujet; si elles sont très positives tant au niveau fédéral que provinciaux, nous ignorons toutefois combien de temps peut prendre la mise en place de telles ententes.

La réalité des avalanches de neige au Québec et au Canada est ici pour rester tant et aussi longtemps que nous connaîtrons des hivers. De plus, les études à ce jour semblent indiquer une augmentation des risques d’avalanche dans le contexte des changements climatiques.  Il est donc essentiel de s’en occuper afin d’assurer la sécurité publique des citoyens et des visiteurs, et de favoriser le développement sécuritaire des activités hivernales en montagne.

Pour en savoir plus sur le centre d’avalanches et ses activités : www.centreavalanche.qc.ca

 

Crédit: courtoisie Dominic BoucherDominic Boucher est le directeur du Centre d’avalanche de la Haute-Gaspésie. À la suite d’un baccalauréat et d’une maîtrise en géomorphologie à l’Université du Québec à Rimouski et à l’Université Laval, il entreprend à l’hiver 1999-2000 l’implantation d’un centre d’expertise sur les avalanches de neige, grâce à l’initiative de la MRC de la Haute-Gaspésie. Six ans plus tard, le Centre d’avalanche de la Haute-Gaspésie est maintenant un organisme à but non lucratif reconnu, qui propose un programme complet de sécurité en avalanche au Québec. Sa survie est toutefois régulièrement menacée, faute de financement permanent.

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