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  • Crédit: Alex Ekins

Jean-Pierre Ouellet : Necronomicon = check!

En 2007, celui qu’on surnomme affectueusement « Peewee » a secoué le monde de l’escalade de la province en réussissant la première ascension de La Zébrée (5.14) à Val-David en plaçant lui-même ses coinceurs sur la roche. Depuis, le Québécois s’est fait une place de choix parmi les meilleurs spécialistes des ascensions de fissures. Il vient tout juste de remporter le Guy Lacelle Pure Spirit Award remit à un grimpeur canadien s’étant illustré à un haut niveau avec modestie et passion, en redonnant à la communauté verticale et en honorant l’éthique du sport.

Quelles sont vos dernières réalisations d’escalade?

J’ai escaladé Home on the Range (5.14-), l’été dernier dans le Wyoming. Une ascension courte mais difficile. Je me suis ensuite remis à l’entraînement pour l’automne et en novembre, j’ai réussi la première ascension de Necronomicon (5.13d/5.14a), une fissure horizontale de 30 mètres située au parc national Canyonlands, dans l’Utah. Grâce à Internet, elle est devenue mythique, mais personne ne savait vraiment où elle se trouvait, à l’exception de Rob Pizem. J’ai réussi à lui tordre le bras pour qu’il me dévoile son secret!

Quelles ont été les différentes étapes pour préparer cette première ascension?

C’est toujours compliqué de bien s’entraîner pour ce type d’escalade. Je me suis fait la main sur le Toit de Ben (5.13a) à Val-David, pour être le plus à l’aise possible avec l’horizontal, même si Necronomicon est trois fois plus longue. La réussite de l’aventure s’est faite par étapes. Les premiers essais m’ont d’abord servi à découvrir plus précisément la voie et coordonner mes mouvements. La première partie constitue une séquence simple de geste, mais cela se complique dans la seconde partie. Au bout du huitième passage, la séquence de mouvements ne change plus, mais il faut être techniquement le plus efficace possible, avec une bonne vitesse et un minimum de perte d’énergie. Au total, j’ai fait 15 essais en deux semaines.

Crédit:  Alex EkinsQuelles difficultés avez-vous rencontrées?

Elles ont été nombreuses! On ne s’en rend pas vraiment compte quand on regarde Necronomicon sur les vidéos, mais le fait que Rob Prizem ait travaillé trois ans de suite dessus prouve bien la difficulté de la tâche. J’ai vraiment compris la mesure du défi lors de mon premier essai. Ça demande un effort physique particulier. Avec la position horizontale, la fatigue est plus forte et se concentre dans des endroits inhabituels du corps : l’arrière du cou qui subit le poids de la tête et les tibias. Il faut aussi nettoyer la voie après chaque essai. Tu dois donc dégrimper la voie de la même façon que tu l’as grimpée. Cela bouffe une énergie folle!

Comment vous sentiez-vous après l’ascension?

Très bien. La fatigue était oubliée. Je marchais sur mon petit nuage. Mais, au bout de quelques heures, cette joie s’est estompée. L’escalade est une compétition, une lutte contre nous-mêmes. On se remobilise tout de suite et on repart vite sur d’autres projets, d’autres entraînements pour grimper d’autres fissures.

Qu’est-ce qui est sur votre liste pour l’avenir?

J’ai plusieurs idées en tête, certaines que je veux garder sous silence! Dès mars, je retourne dans l’Ouest américain, en Californie et dans l’Utah. Au printemps, je vais faire un passage du côté de la Cobra Crack (5.14), mais sans pression. J’ai envie de faire une pause, revenir à mon ancien amour : la montagne. Cet été, je pars dans les Bugaboos pour refaire de longues voies, de 20 à 30 heures d’escalade. Cela demande moins d’engagements sur le long terme. Pas besoin d’un entraînement intensif pendant six mois, et attendre les conditions climatiques et physiques idéales pour tenter l’ascension… Je veux faire une pause, car je n’ai plus la motivation à camper au pied de la roche en attendant que toutes les étoiles soient bien alignées!

Encore plus
megapeewee.blogspot.com

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