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Brûler ou rapporter?

En milieu sauvage, est-ce vraiment pire de brûler ses déchets que de les rapporter et de les envoyer vers un site d'enfouissement? Trois spécialistes se prononcent sur la question.

Quels déchets peut-on brûler?

Marie-Ève Marchand, directrice générale de la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP-Québec) : « C'est sûr que le carton et le papier peuvent être brûlés. On les utilisera d'ailleurs pour allumer le feu. Mais il faut garder en tête que le recyclage demeure l'option la plus écologique. Alors, rapportez et recyclez! Pour leur part, les déchets organiques peuvent être brûlés, mais le grand problème c'est de s'assurer qu'ils sont complètement détruits et qu'il ne reste aucune trace nuisible pour les prochains visiteurs. De plus, les restes de nourriture et de matière non consumés attireront les animaux. En mangeant nos restants, les animaux modifient leur chaîne alimentaire, entraînant des conséquences sur les autres espèces de leur écosystème. »

Quels déchets ne doit-on pas brûler?

André-François Bourbeau, directeur du laboratoire d'expertise et de recherche de plein air de l'UQAC  : « Tout est une question de logique. C'est sûr qu'il faut éviter de brûler le plastique et le pétrole, car ces matières ne se détruisent pas complètement. L'aluminium et le verre ne brûlent pas, ainsi ils resteront dans le rond de feu et nuiront à la qualité de séjour du prochain visiteur (un des sept principes de base du Sans Trace). Les pelures d'orange et de melon sont aussi extrêmement difficiles à brûler et il faut plusieurs heures pour arriver à leur destruction totale. Même chose avec les os de poulet et les carcasses de poisson. Mais on peut les incinérer si le feu est assez fort et brûle suffisamment longtemps. Sinon, vaut mieux les ramener avec soi! »

Mis à part le risque que les déchets ne soient pas entièrement brûlés, y a-t-il d'autres raisons qui font qu'on ne devrait pas les brûler?

Louise Hérault-Éthier, biologiste de formation et coordonnatrice de l'environnement à l'Université de Concordia : « La combustion génère dans l'atmosphère du monoxyde de carbone ainsi que d'autres substances nocives (des molécules plus complexes) pour la santé. On ne s'en rend pas compte, mais ces gaz sont extrêmement dommageables pour l'être humain lorsqu’ils sont inhalés. »

Y a-t-il des circonstances où il est préférable de brûler les déchets?

André-François Bourbeau : « Oui, si par exemple vous avez apporté un morceau de viande dans un emballage en plastique et que vous devez rapporter le plastique souillé dans votre sac, il vaut mieux brûler le tout au risque d'attirer les animaux sauvages tels que les ours! »

Comment gérer les déchets adéquatement?

André-François Bourbeau : « Il n'y a pas de règles précises à suivre puisque ça dépend toujours du contexte. C'est pour ça que je recommande de toujours se référer aux sept principes du Sans Trace et surtout, de réfléchir. L'idéal est de planifier l'excursion à l’avance et de remballer toutes les victuailles pour minimiser les emballages. On pourra aussi prévoir les quantités exactes de nourriture pour éviter les surplus. Par exemple, au lieu d'apporter les barres d'énergie dans des emballages individuels, on les mettra dans un gros sac Ziploc qui pourra servir à un autre usage plus tard au cours de l'excursion (mettre des objets mouillés ou souillés). »

 
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