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Le « fastpacking », ou l’art de courir en longue rando

Si vous êtes coureur ou randonneur, vous avez peut-être entendu parler d’un nouveau venu dans votre famille d’activités : le fastpacking. Adepte de ce type d’aventures, notre collaborateur nous en décrit les grandes lignes et les éléments de base, pour ne pas longuement courir idiot vers les sommets.

Plus léger. Plus vite. Plus loin. Tels sont les trois éléments cruciaux qui caractérisent la philosophie du fastpacking, sorte d’amalgame entre la course à pied et la longue randonnée. L’attrait derrière tout ça? Couvrir de longues distances au pas de course en ne transportant que le strict nécessaire.

Activité relativement récente, le fastpacking n’est pas vraiment régi par des normes officielles, mais la communauté s’entend généralement pour le décrire comme une excursion de course en sentier comprenant au moins une nuitée en arrière-pays (ce qui le diffère, chez certains, du speed hiking, lequel se pratique sur une journée).

On divise souvent cette activité en trois catégories, en fonction du niveau d’autonomie du coureur : assisté (une équipe veille au transport de l’équipement et des vivres); semi-autonome (aliments et équipement sont envoyés à l’avance à différents points préétablis); et autonome (le coureur transporte tout lui-même).

Le défi est aussi physique que mental, et la planification joue un rôle clé dans la réussite de toute expédition du genre. En effet, on ne se lance pas dans une telle activité sans un effort substantiel de préparation et d’organisation.


5 trucs de base

1. Choisir et tester son équipement

Comme on court avec un sac à dos rempli de matériel de camping, il est nécessaire de déterminer quelle combinaison d’équipements (sac, vêtements, chaussures, etc.) est la plus appropriée. Cela fait, mieux vaut essayer le tout lors d’une sortie avec nuitée, idéalement dans de mauvaises conditions météo. Ainsi, on découvre assez vite si l’on a apporté trop ou pas assez de matériel.

2. Bien s’entraîner

Si le fastpacking est une activité très exigeante, rien ne sert de courir huit Ironman par année pour s’y adonner. Il suffit de se monter un programme d’entraînement sérieux où l’on travaille surtout les montées et l’endurance sur de longues distances. Il est aussi recommandé d’habituer son corps à courir longuement plusieurs jours de suite, comme ce sera le cas lors d’une expédition. Plus on est en forme, plus l’expérience sera plaisante et concluante.

3. Bien planifier

La clé d’une expédition réussie de fastpacking se trouve dans la planification. Une préparation minutieuse de l’excursion permet d’économiser du temps et d’éviter les situations précaires. On consulte d’abord les ressources en ligne, comme des forums pour coureurs ou des livres et guides de randonnée, pour trouver des itinéraires inspirants. Par la suite, il faut choisir des sentiers qui conviennent à son expérience et à son niveau de condition physique, puis établir ses distances quotidiennes en fonction du nombre d’heures qu’on peut courir dans une journée, tout en tenant compte du dénivelé positif de chaque section.

Ensuite, on planifie une première journée plus facile pour s’échauffer, ainsi que des journées plus courtes (ou même de repos) lors de séjours de plus d’une semaine. Une fois l’itinéraire bien planifié, il faut l’étudier, noter les intersections et enfin repérer les points d’eau accessibles, ce qui allégera le sac et fera économiser de l’énergie. Finalement, il est important de réserver les permis et sites de camping, le cas échéant.

4. Commencer doucement et rester réaliste

Ceci est fondamental. À ses débuts avec cette activité, il est nécessaire d’avoir des objectifs réalistes, qui tiennent compte de son niveau d’expérience; il faut donc ajuster sa vitesse et sa distance quotidiennes en conséquence. Pour commencer, il est préférable de se lancer dans de petites courses d’une durée de deux à quatre jours.

5. Se soucier de la sécurité

Le fait de partir avec un minimum d’équipement augmente le niveau de vulnérabilité face aux éléments. C’est pourquoi il est recommandé d’être bien préparé, de penser aux imprévus et de toujours emporter avec soi une trousse de premiers soins ainsi qu’un moyen de communication fiable.


Quoi emporter?

Sac à dos (700 g [1,5 lb])

Pièce maîtresse de l’équipement, il doit être choisi en fonction du confort et des objectifs de distance. Comme on traîne de 3,6 à 7 kg (8 à 15 lb) d’équipement, le sac doit bien se mouler au dos et ne pas se balancer d’un côté comme de l’autre durant la course. Certains modèles sont conçus pour le fastpacking, mais rien ne vaut le banc d’essai sur le terrain avec une charge de 7 kg (15 lb) pour juger de la qualité du sac à dos. Pour les sorties d’une nuit ou de quelques nuitées en refuge, on peut se limiter à un sac de 15 litres, mais s’il faut ajouter un sac de couchage et un abri, on visera plutôt un sac à dos de 20 à 30 litres.

Vêtements (900 g [2 lb])

En favorisant un système multicouche léger, il est possible d’apporter un minimum de vêtements et d’affronter toutes les conditions météorologiques. Dans le meilleur des cas, on peut se limiter à ces articles : un t-shirt qui sèche très rapidement, une paire de shorts, une paire de chaussures, deux paires de bas en laine mérinos, un imperméable et une couche isolante en duvet ou en synthétique. Sinon, on peut avoir avec soi deux ensembles de vêtements — un pour le jour et un pour le soir — en doublant le nombre de shorts, de t-shirts et de chaussettes et en ajoutant une combinaison (haut et bas) en mérinos, un chandail chaud de même qu’un imperméable, au minimum.

Ensemble pour la nuit (2,25 kg [5 lb] au maximum)

C’est en choisissant minutieusement ces éléments qu’il sera possible de sauver un maximum de poids et d’espace dans un sac à dos. Les combinaisons sont multiples et varient selon le budget, la météo et le degré de confort recherché. Si une tente ultralégère convient toujours, elle est plus lourde et plus encombrante qu’une bâche tout aussi légère combinée à un filet à moustiques ou qu’un bivouac. Les sacs de couchage compressibles en duvet très léger sont à considérer, mais il existe des couettes en duvet ou des draps de type doublure (liner) qui sont encore plus légers et plus compacts. Enfin, un matelas de sol minimaliste permet de bien s’isoler du sol et de profiter d’une bonne nuit de sommeil.

Nourriture (900 g [2 lb]/jour)

Les sportifs les plus minimalistes favoriseront la nourriture sèche ou sans cuisson afin d’économiser poids et espace de rangement : barres énergétiques, gels, mélange du randonneur, thon en sachet, etc. Pour les plus longues expéditions (quatre jours et plus), il est recommandé d’opter pour de la nourriture nécessitant une cuisson, même si le brûleur et la gamelle ajoutent au poids : les mets lyophilisés sont plus légers, plus goûteux et souvent plus nourrissants. Dans les deux cas, l’important est de prévoir un menu fournissant un bon apport énergétique afin de garder la forme tout au long de l’excursion.

Hydratation

Que ce soit à l’aide de pastilles ou d’un filtre, ou encore par traitement UV, il est essentiel de rendre l’eau potable avant de la boire… après avoir localisé préalablement les points d’eau.

Trousse de premiers soins

Sa composition demeure un choix personnel, mais la trousse devrait au moins contenir du ruban médical, une ou deux gazes non adhérentes, un mini-ensemble pour soigner les ampoules et de l’ibuprofène.

Bâtons de marche

L’utilisation de bâtons permet de soustraire jusqu’à 40 % du poids exercé sur les genoux, tout cela en donnant du répit aux cuisses, ce qui est avantageux lorsqu’on court plusieurs jours de suite. Les bâtons permettent aussi de mieux garder l’équilibre et d’éviter les chutes dans les descentes techniques, en plus de se transformer en béquilles ou en support pour une attelle advenant une blessure, même s’ils peuvent être encombrants, voire désagréables, si l’on n’est pas habitué à s’en servir… tout en ajoutant du poids supplémentaire à l’attirail.

Divers 

Entre autres choses, on peut également emporter une lampe frontale, du ruban adhésif en toile (duct tape), un briquet, un sifflet, un GPS — ou tout autre moyen de navigation — ainsi que des moyens de communication avancés (Spot, inReach, téléphone satellite…) lorsqu’on se trouve en région éloignée.


Trois itinéraires à essayer au Québec

Le sentier du Fjord, Saguenay–Lac-Saint-Jean

Parfait pour s’initier au fastpacking, il s’étire entre la baie Sainte-Marguerite et Tadoussac et représente un objectif aussi réaliste que facile avec ses 41 km à parcourir, le tout accompagné de points de vue époustouflants. Des refuges, des abris trois murs et un service de transport sont aussi offerts.

La Traversée de Charlevoix

Ce sentier, qui relie le parc national des Grands-Jardins au mont Grand-Fonds, forme 105 km de pur bonheur. Il se parcourt normalement en six nuits, mais il se franchit en deux ou trois jours en fastpacking, et des refuges sont accessibles.

Le sentier international des Appalaches (SIA), Gaspésie

Pour un défi de taille, la section québécoise du SIA est parfaite. Entre Matapédia et le parc national Forillon, ce sentier de 650 km couvre une diversité exceptionnelle de paysages et passe par les plus hauts sommets des Chic-Chocs.


Pour aller plus loin (en anglais)

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