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  • Randonneurs au pied d'un temple du parc national Bukhansan © Shutterstock

La vraie nature de la Corée du Sud

La Corée du Sud est souvent réduite à sa capitale, la gigantesque Séoul, avec ses quelque 25 millions d’habitants avides de techno et de jeux vidéo. Mais au-delà des grandes villes, on découvre un pays aux étendues montagneuses infinies, où les parcs nationaux pullulent et où la randonnée pédestre est reine.

Roger Shepherd était déjà un vétéran randonneur lorsqu’il a mis les pieds en Corée du Sud pour la première fois, en 2006, pour de courtes vacances. Originaire de la Nouvelle-Zélande, il ne se doutait pas qu’il serait alors conquis par la nature sud-coréenne.

« Je crois que c’est l’un des attraits sous-estimés de ce pays : en dehors des grandes villes, le pays est tout à fait charmant et spectaculaire, et il y a ici des parcs et des montagnes qui ne sont pas connus du grand public », lance celui qui a abandonné une carrière de policier, il y a sept ans, pour s’installer pour de bon dans ce pays.

Aujourd’hui, ce Néo-Zélandais est l’un des rares aventuriers à avoir grimpé les plus hauts sommets sud-coréens et nord-coréens. Il a documenté ses périples dans des livres et il gagne sa vie en guidant des groupes à travers les régions sauvages de la péninsule.

Il semble presque absurde de parler des montagnes de la Corée du Sud comme d’un secret bien gardé. Après tout, elles composent près de 70 % du territoire. N’empêche, elles sont en vaste majorité restées exemptes de tout développement immobilier, si ce n’est les temples bouddhiques cachés au creux des bois de la plupart des 22 parcs nationaux.

La randonnée, passe-temps national

Randonneurs dans le parc national Bukhansan © Shutterstock

« Je pense que c’est un endroit parfait pour les backpackers qui veulent sortir des sentiers battus, lance Roger Shepherd. Vous pouvez marcher longtemps dans les montagnes sans jamais croiser d’autres touristes. Ce qui ne veut pas dire que vous serez seuls : il y a beaucoup de Sud-Coréens dans les sentiers. »

C’est que la randonnée pédestre est un passe-temps national en Corée du Sud. Dans un pays où les semaines de travail sont longues et la pression sur les travailleurs immense, les montagnes semblent être devenues une échappatoire.

Une journée de fin de semaine, les sentiers vers les sommets les plus connus se remplissent de randonneurs de tout âge, habillés de vêtements de plein air dernier cri. Il n’est pas rare de voir un couple dans la soixantaine se lancer dans une journée de marche en montagne d’une dizaine de kilomètres.

Les Coréens randonnent aussi à l’année, au gré des saisons : à travers les feuilles orangées à l’automne, sous les fleurs roses des cerisiers au printemps, ou sous les flocons de neige l’hiver venu.

« À l’époque où ils étaient plus religieux, ils entretenaient une relation spirituelle avec les montagnes; elle s’est maintenue et elle existe toujours, dans une certaine mesure », conclut le guide Shepherd. Voici trois parcs nationaux où c’est toujours le cas.

Seoraksan : le trésor du Nord-Est

Montagnes Seoraksan © Shutterstock

Les montagnes de la province de Gangwon, dans le nord-est du pays, seront bientôt révélées au monde entier : des skieurs et planchistes dévaleront leurs pentes enneigées durant les Jeux olympiques de Pyeongchang, en février. Les paysages les plus époustouflants de la province sont cependant situés à une heure et demie d’autobus au nord de la ville-hôte olympique, dans le parc national de Seoraksan, où quelque 160 km2 de flancs de montagne boisés sont déchirés par d’immenses pics de granit.

Le parc offre une panoplie d’options, de la petite rando de cinq kilomètres au périple qui s’étend sur deux ou trois jours et où certaines portions de sentiers tiennent davantage de l’escalade que de la marche. À une quinzaine de kilomètres du parc, la ville côtière de Sokcho vaut aussi le détour pour déguster poissons, crabes et autres fruits de mer fraîchement sortis de l’océan Pacifique.

Hallasan : le volcan éteint de l’Hawaï coréenne

Volcan Hallasan sur l'île de Jeju © Shutterstock

Surnommée « l’Hawaï coréenne », l’île volcanique de Jeju, au sud de la péninsule, est un paradis naturel dominé en son centre par le plus haut sommet du pays, le volcan Hallasan (1950 m). L’ascension de ce géant endormi mène, en une bonne journée de marche, aux parois de son immense cratère, dont l’intérieur se couvre de fleurs au printemps. Si la montagne ne suffit pas, 422 km de sentiers pédestres baptisés Olle Trails relient le tour de cette île inscrite sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Le tracé permet de découvrir les splendeurs de l’île, avec ses récifs de roche volcanique, ses chutes d’eau et ses centaines de champs de mandarines.

Bukhansan : l’ascension urbaine

Randonneur au sommet d'une montagne du parc national Bukhansan © Shutterstock

Ne serait-ce qu’en raison de sa proximité avec Séoul, à moins d’une heure de transport en commun, le parc national Bukhansan est un incontournable. Érigée en forteresse il y a près de 1900 ans, à une époque où la guerre faisait rage pour le contrôle de la péninsule coréenne, cette montagne est encore aujourd’hui traversée par un mur de pierres de huit kilomètres de long et de sept mètres de haut.

Le parc aux multiples sommets offre une vue plongeante sur la mégalopole, son tapis de tours de logements, ses immeubles d’affaires et son palais, qui s’étendent à quelques centaines de mètres sous les pieds des randonneurs. Les passionnés d’escalade y trouveront aussi leur compte, puisque l’immense bloc de granit arrondi Insubong offre les parois les plus populaires de la Corée du Sud.


La grande traversée

L'automne dans le parc national Seoraksan © Shutterstock

Demandez à Roger Shepherd quelle est sa randonnée préférée et il vous proposera un périple épique à travers le pays dans son entièreté : marcher toute la partie sud-coréenne de la chaîne de montagnes Baekdu Daegan, « l’épine dorsale » des deux Corées.

En partant du parc national Jirisan, dans le centre-sud du pays, la marche d’environ deux mois culmine à Seoraksan, près de la frontière nord-coréenne. « C’est une belle façon d’expérimenter la Corée différemment. Il y a des villages entre les montagnes où l’on peut dormir et expérimenter les plats traditionnels dans de petits restos. Puis, on repart en montagne pour deux ou trois jours. »


Un verre de vin avec ça?

Un randonneur fait une sièste dans le parc national Bukhansan © Shutterstock

Pour les Coréens, la randonnée pédestre n’est pas une course. Les gens de la région convergent vers les montagnes pour se détendre et profiter de la vie. Ainsi, au sommet des pics rocheux, des groupes s’arrêtent pour de longs repas copieux, de la soupe aux nouilles au bol de riz et légumes fermentés en passant par des gimbaps, penchant coréen du sushi. Il n’est pas rare que s’ajoutent à cela quelques bouteilles de makgeolli, un vin à base de riz propre à la péninsule coréenne. Dans le parc national de Bukhansan, en bordure de Séoul, on voit même des randonneurs étendre des matelas de sol à mi-chemin de leur ascension pour piquer une petite sieste.


Sauvé par les moines

Temple Sinheungsa dans le parc national Seoraksan © Shutterstock

Difficile de passer une journée en forêt, en Corée du Sud, sans tomber sur un temple bouddhique. Habitués à la présence des marcheurs, les moines n’ont généralement pas d’objection à ce que les curieux se baladent dans l’enceinte du temple pour admirer l’architecture des différents pavillons. Le programme Templestay propose même des retraites de quelques jours parmi les moines.

Un ami de l’auteur de ces lignes qui s’était improvisé un camping sauvage au milieu du parc Seoraksan a eu la mauvaise surprise de voir des ours s’approcher de son campement à la tombée de la nuit. Parti à la course, laissant sa tente derrière lui, il a finalement trouvé un lit dans un temple avoisinant. Le lendemain matin, on le réveillait avant le lever du soleil pour une séance de méditation…


Pratico-pratique

Meilleures périodes pour randonner: fin mars à fin avril. La floraison des cerisiers débute au sud du pays, puis s’étend jusqu’au nord au cours des semaines qui suivent. À cette brève explosion de pétales roses s’ajoute un climat parfait pour grimper, frais et sec.

Mi-septembre à mi-octobre : les forêts de feuillus adoptent graduellement le rouge et l’orangé sans que le mercure descende drastiquement. Basse saison touristique, parfaite pour éviter les sentiers trop achalandés. 

Service des parcs nationaux sud-coréens : english.knps.or.kr

Pour des idées de randonnées sur plusieurs jours et l’histoire des montagnes sud-coréennes : hikekorea.com

Le printemps sur les hauteurs de Séoul © Shutterstock

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