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  • Vieilles chaussures de course © Shutterstock

Le matériel de plein air : coûteux, vous dites ?

On le sait : l’équipement et les vêtements de plein air sont souvent onéreux, voire hors de prix. Or, au-delà de ce qui est inscrit sur l’étiquette, investir dans la qualité comporte bien des avantages. La preuve par plusieurs exemples.

Voir la dépense en fonction du coût par utilisation

Peu importe le prix, l’achat d’un objet devrait être fait en considérant sa durée de vie utile et sa fréquence d’utilisation. En évaluant à combien il revient approximativement par jour (ou par heure), la dépense prend une tout autre dimension. Voilà qui peut être fort utile quand on tergiverse devant un équipement dont le prix frise celui d’un vol transatlantique!

Le montant déboursé pour mon tout premier « gros » achat d’équipement de plein air est encore gravé dans ma mémoire – 354,20 $ pour une tente Sierra Design. À la fin des années 80, pour un jeune de 18 ans à l’aube de sa vie de pleinairiste, c’était une somme colossale. Mais avec le recul, en constatant que cette tente m’a littéralement servi de maison durant plus de 7 ans (minimum de 150 nuits par année), elle ne m’a coûté au fond que quelques sous par nuit!

Lorsqu’on évalue la durée de vie utile d’un objet, il faut aussi tenir compte de l’attrait de la nouveauté. Bien souvent, ce n’est pas tant l’usure qui entraîne la mise au rancart (ou sur Kijiji) d’un équipement, mais plutôt le désir de changement de son propriétaire.

De nos jours, le rapport que nous entretenons avec le matériel est souvent bien éphémère. Or, quand on opte pour un article de haute qualité, on a tendance à en prendre soin davantage et à l’apprécier plus longtemps, consciemment ou pas. Son coût par utilisation peut donc chuter facilement et se rapprocher de celui d’un équipement moins coûteux – à condition de pouvoir se permettre le décaissement initial.

N’oublions pas non plus que certains fabricants (Patagonia ou Cotopaxi, par exemple) ont choisi de favoriser des procédés et une main-d’œuvre plus responsables (environnementalement et socialement) et des matériaux moins polluants, tandis que d’autres investissent continuellement dans la recherche et le développement afin d’offrir de l’équipement et des vêtements toujours plus performants (voir le manteau Alpha IS d’Arc’teryx et la fixation Tecton12 de Fritschi, pages 32 et 33). D’ailleurs, il n’est pas rare que plusieurs années de réflexion et de nombreuses itérations soient nécessaires avant qu’un produit aux caractéristiques novatrices soit mis sur le marché.

L’équipement haut de gamme

Opter pour du matériel ou des vêtements haut de gamme comporte aussi bon nombre d’autres avantages : gagner en légèreté et en durabilité; profiter d’agencements de matériaux, de designs et de coupes plus soignés; avoir droit à des systèmes de réglages et d’ajustements plus fins, sophistiqués et précis. Bref, c’est investir dans un souci du détail aussi esthétique que fonctionnel.

Il n’est bien sûr pas toujours nécessaire, voire justifiable de choisir l’équipement de la plus haute qualité. Il existe de nombreuses options abordables qui peuvent répondre plus qu’adéquatement à nos besoins et désirs. Des fabricants comme Outdoor Research, MEC ou Columbia proposent des gammes d’équipement et de vêtements d’excellente qualité à des prix très raisonnables.

D’ailleurs, acheter du haut de gamme peut parfois être aussi un très mauvais choix d’un point de vue économique. Prenons l’exemple d’un vélo de route en fibre de carbone équipé des meilleures composantes, vendu 5 000 $. Après trois ou quatre ans, son propriétaire peut conclure que six ou sept sorties par été ne justifient pas la dépense et qu’il vaudrait peut-être mieux le vendre. Or, le marché de l’équipement de plein air usagé est très bien alimenté, et la valeur marchande de ce beau vélo, même s’il est encore presque neuf, sera alors environ la moitié de la somme déboursée…

Il y a cinq ans, j’ai acheté la tente d’expédition la plus hot sur le marché. Elle est maintenant rangée au sous-sol après avoir servi deux ou trois week-ends la première année. En la sortant des boules à mites en vue d’une escapade prochaine, j’ai remarqué qu’elle dégage maintenant une odeur de caoutchouc et que sa toile est légèrement collante : ce sont les enduits imperméabilisant et ignifuge qui ont pris de l’âge –un phénomène qui se produit même lorsque la tente est inutilisée. Le vieillissement de ces produits semble d’ailleurs s’accélérer lorsqu’ils sont rangés et non aérés durant de longues périodes.

Bref, on l’aura compris : la règle d’or pour profiter au maximum d’un équipement haut de gamme obtenu à gros prix, c’est de l’utiliser le plus souvent possible.

Des voies de contournement

Il y a heureusement des chemins qui mènent à l’acquisition de matériel haut de gamme sans avoir pour autant à hypothéquer à nouveau sa maison. Du côté de l’équipement, le marché de l’usagé offre une impressionnante sélection, et les prix sont négociables, de surcroît. Quant aux vêtements, il ne faut absolument pas négliger les soldes de fin de saison : les premiers arrivés ont souvent l’embarras du choix, tant pour ce qui est de la variété des modèles que des tailles disponibles, et les étiquettes vont souvent « rougir » jusqu’à 50 %, voire 60 % de réduction. Il serait fou de ne pas profiter de ces aubaines qui reviennent régulièrement…

C’est donc indéniable : le matériel et les vêtements de plein air de haute qualité, achetés au plein prix, coûtent cher, voire très cher. Mais ces pièces d’équipement permettent d’aller plus loin, plus haut, d’avoir plus chaud, d’être moins mouillé, de voyager plus léger, plus rapidement et plus longtemps. On crée également de véritables liens affectifs avec un bon équipement confortable et performant. En définitive, tout est une question de point de vue et de priorités. Pour vous amuser, comparez le coût, par heure d’utilisation, d’une paire de skis de 600 $ utilisés régulièrement pendant dix ans, au coût horaire d’une soirée bien arrosée au restaurant : vous pourriez être surpris!


Il y a environ 25 ans, j’ai payé 225 $ pour ces skis de fond Kastle offerts à 50 % de réduction (sans fixations). Après des milliers de kilomètres skiés et malgré quelques égratignures, ils demeurent toujours mes skis préférés!


Achetées en 2009, ces New Balance m’ont permis de courir bien plus que les 800 km qu’on recommande de ne pas dépasser avec des chaussures de course. En outre, j’ai sans doute parcouru avec elles le double de cette distance en marchant. Maintenant, elles me servent pour les travaux de rénovation… mais il ne faut pas le dire à la CCQ!


Ces couvre-mitaines Serratus sont indestructibles. Ils ont 30 ans d’usure, et je continue de pousser leur durée de vie utile. Depuis des années, je m’en sers même pour déneiger la voiture. Je ne vois rien d’équivalent sur le marché aujourd’hui.


Payer 500 $ pour une paire de bottes, une folie? Pas quand celles-ci m’ont permis de traverser à pied des territoires entiers (la Corse, l’Islande) et de parcourir de nombreux autres sentiers de montagne, soit plus de 1 000 km. Avec un peu de cire et d’imperméabilisant, elles devraient tenir le coup encore au moins 500 km de rude utilisation. Et quand elles rendront définitivement l’âme, je n’hésiterai pas à investir autant à nouveau.


 

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