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  • Crédit: Famille Bourassa-Giguère

Comment construire son rêve

Passer à l’acte, un pas qu’il est parfois difficile de faire. Pour savoir comment planifier vos projets, suivez les conseils de ceux qui l’ont réalisé. Quel que soit votre rêve, il existe un moyen d’y arriver.

Rêve #1
Parcourir le monde avec ses enfants

Sillonner le monde en catamaran avec quatre enfants, ça prend toute une organisation. La famille Bourassa-Giguère, partie de Québec à bord du voilier Cat Mousses le 6 juillet 2008, est pourtant en train de relever ce défi!

Dany Giguère et René Bourassa viennent de prendre leur retraite des Forces armées canadiennes. Leur expérience de militaires (qui inclut plusieurs missions à l’étranger) se révèlera fort utile dès les premiers mois du voyage. Dany, en charge de la logistique de l’approvisionnement, utilise déjà beaucoup ses connaissances pour organiser la vie à bord, gérer les stocks de nourriture et prévoir les quantités nécessaires. Pour sa part, René assure que ses longues marches militaires furent un bon exercice pour trimballer les lourds sacs d’épicerie qu’il faut porter lors des ravitaillements aux escales.

Mais l’entraînement militaire et l’expérience en missions difficiles ne règlent pas tout quand il est question de faire le tour du monde à la voile avec quatre enfants âgés de cinq à neuf ans. Les grandes interrogations, juste avant le jour du départ, ça n’épargne personne : « Nous avons rencontré beaucoup de petites embûches pendant les derniers préparatifs », témoigne Dany Giguère. « Parfois, nous mettions des jours pour trouver la petite vis nécessaire à une réparation. Et surtout, on avait peur de faire le saut dans l’inconnu. On pensait qu’on ne serait jamais prêts. »

Le Cat Mousses a pourtant quitté le port de Québec l’été dernier avec 25 autres bateaux qui participaient au « Retour aux Sources » : la traversée Québec-La Rochelle dans le cadre du 400e anniversaire de la ville de Québec. Une fois le bateau parti commence rapidement l’adaptation à la vie à bord. « Notre première étape était la traversée de l’Atlantique Nord, un voyage difficile au niveau de la navigation. Et c’était aussi le moment où il fallait se déraciner de notre vie et s’habituer à donner des leçons aux enfants à tous les matins », raconte René. Faire l’école sur un bateau, quand on n’est pas professeur de métier, ça n’a rien de facile.

À les entendre, tout semble pourtant indiquer que le jeu en vaut la chandelle : « Ça ne fait que quelques mois que nous sommes partis, mais nous voyons que nos enfants ont déjà beaucoup appris. Ils comprennent l’importance de gérer des quantités limitées d’eau et d’électricité, et ils adoptent une bonne habitude quand on leur fait la classe », raconte Dany. Et les souvenirs créés sont imbattables : « C’était un vrai bonheur de faire des sushis avec le premier thon pêché par un de mes fils », se réjouit René. 

Crédit: Famille Bourassa-GiguèreLeur motivation
« On voulait prendre un temps d’arrêt pour voir grandir nos enfants. Nous avons plusieurs connaissances qui sont décédées très jeunes sans avoir eu le temps de profiter de la vie. Ça fait réfléchir », dit Dany Giguère.

Les préparatifs
La famille prépare ce tour du monde depuis 2001. « C’est agréable de vivre en famille un tel projet. Ça aide beaucoup pour passer à travers le train-train du quotidien », dit Dany.

Quelques conseils
> « On n’est jamais prêts à partir », explique la maman. « Mais, il faut se lancer. Quand on a quitté le Québec, tout n’était pas finalisé. On a réglé les derniers détails une fois à bord. »
> « Il faut, dans la vie, être capable de se fixer des objectifs et de les atteindre. Cela permet d’arrêter l’horloge qui ne cesse de rouler », dit René Bourassa

Prix
- 200 000 $ pour le bateau
- 50 000 à 60 000 $ pour les préparatifs du bateau
- Nuit dans le port de Lisbonne : 50 $
- Nuit dans un petit port de pêche : 10 $
- Somme totale prévue : Encore inconnue

« Tout cela est très relatif. On peut faire le même voyage avec la moitié ou le double », dit René Bourassa. « Nous n’avons pas d’assurance rapatriement, mais on a mis de l’argent de côté, en cas de pépin. »

Encore plus
catmousses.ca

Rêve #2

Partir sa compagnie

Crédit: Jim Coffey, Esprit WhitewaterQuand Jim Coffey a annoncé à ses proches qu’il montait une entreprise de rafting en Outaouais, on l’a pris pour un fou. Quinze ans plus tard, sa compagnie est désormais aussi présente au Mexique et a été reconnu comme l’une des meilleures compagnies au monde pour le tourisme d’aventure.

« Mes parents auraient voulu que je devienne avocat, médecin ou comptable », se souvient Jim, élevé dans une école privée de Toronto. Mais à 15 ans, il fait un voyage dans les Territoires du Nord-Ouest : « Je me suis rendu compte que je voulais travailler dans les grands espaces », dit-il.

Sa passion pour l’exploration des rivières remonte encore plus loin. Dès l’âge de six ans, il est tombé en amour avec le canot et le kayak. Durant son baccalauréat en anthropologie, il prend une année sabbatique pour aller faire du rafting aux quatre coins du monde. En 1992, il décide d’ouvrir sa propre compagnie. Son ambition : « Diriger la meilleure entreprise de rafting en eaux vives au monde ». Il choisit alors la région du Pontiac pour ses nombreuses rivières, ses forêts et son réseau de pistes cyclables. « À l’époque, il n’y avait rien là-bas. Les gens pensaient que j’étais fou. Je puisais ma motivation dans ces obstacles ! »

Dès ses débuts, Jim Coffey attache beaucoup d’importance au respect de l’environnement. Il s’est toujours débrouillé pour que ses expéditions ne laissent pas de trace dans la nature. Avec le temps, il a adopté les nouvelles technologies vertes, comme le bio fuel. Sa compagnie, Esprit, gagne rapidement l’intérêt des visiteurs. Une année après son inauguration, il ouvre une auberge de jeunesse sur les bords de la rivière des Outaouais. Le bâtiment principal offre des vues superbes sur l’eau, et le chef est reconnu pour ses barbecues d’enfer. Le soir, des chanteurs des environs viennent mettre de l’ambiance sur la grande terrasse en bois et au coin du feu de camp.

La compagnie québécoise fonctionne bien… mais en été seulement. Jim Coffey décide alors de s’établir bien au chaud à Jalcomulco, au Mexique. Ce petit village dans l’État de Veracruz, Jim le décrit comme un paradis terrestre : « Je suis à proximité de 100 km de rapides, d’un incroyable canyon recouvert de jungle tropicale et du village de Chopilapa, qui abrite des ruines merveilleuses ! ». Il y développe une auberge de jeunesse et plusieurs possibilités d’excursions et d’aventure.

Crédit: Jim Coffey, Esprit WhitewaterLa consécration arrivera en 2007 quand la revue National Geographic Adventure classera Esprit commela deuxième meilleure entreprise de tourisme d’aventure au monde. Elle obtient un score 100 % pour son esprit d’aventure et son apport au développement durable.

Les conseils de Jim Coffey
• Si quelqu’un vous dit que tu ne peux pas faire quelque chose, prenez-le comme un défi.
• Si vous désirez monter une entreprise, trouvez une niche pour ne pas avoir à battre les prix de la concurrence.
• Beaucoup d’entrepreneurs disent qu’ils n’ont pas les moyens financiers pour être verts ou sociaux. Esprit incarne la nouvelle façon de faire des affaires : tu ne peux pas te permettre de ne pas avoir une conscience sociale et environnementale. 

Budget
• En 1992, Jim Coffey avait 500 $ en poche. Il lui fallait 15 000 $ pour acheter le matériel. La banque a accepté de lui faire un prêt à condition d’avoir un dépôt de 5 000 $. Il a demandé à sa mère un chèque et a obtenu son prêt. Sur le champ, il a remboursé sa mère. Le reste a été investi dans l’équipement. En 2007, Esprit a réalisé un chiffre d’affaires de 1 500 000 $.

Encore plus
espritrafting.com

Source: famille LessardRêve #3
Suivre les traces des explorateurs

Myriam Lessard et son père Denis sont partis sur les traces de l’explorateur Louis Jolliet et du Père Marquette, qui ont découvert le Mississippi en 1673. Trois siècles plus tard, les Lessard se sont rendus du lac Michigan au golfe du Mexique en canot. Retour sur un périple de 3000 km, encore tout frais dans leur mémoire.

« J’ai eu envie de découvrir le Mississippi en canot après un cours de géographie en secondaire 1 », se souvient Myriam. « Le professeur, assez flyé, nous avait raconté que le Mississippi se parcourait bien en pédalo parce qu’il n’y avait pas trop de rapides! ». Elle partage cette idée avec son père et troque le pédalo pour un canot, une embarcation sur laquelle elle a déjà beaucoup voyagé. L’idée est ambitieuse aux yeux du paternel, mais il se laisse tenter : « En cherchant où le Mississippi prenait sa source, je me suis rendu compte que c’était Louis Jolliet, un aventurier du Québec, qui avait découvert ce fleuve mythique », raconte-t-il.

Étant donné l’emploi du temps de chacun (Myriam était alors étudiante au Cégep et Denis entre deux contrats), ils décident que l’été 2006 constituait le meilleur moment pour partir. Ils n’ont alors que 18 mois pour tout préparer. Chaque soirée est alors consacrée à leur projet : recherche de commanditaires, tracé du parcours, logistique, etc.

Source: famille LessardAu total, ils mettront 65 jours pour se rendre du lac Michigan au golfe du Mexique. Le début du parcours a été difficile : il fallait s’adapter à ces nouvelles conditions de vie. « Il fallait pagayer à contre-courant au début. Et il n’y avait pas beaucoup de plages sur lesquelles on pouvait s’arrêter pour dormir. On se retrouvait souvent devant des forêts ou des terrains privés », explique Denis.

Après ces épreuves préliminaires, le voyage s’est bien déroulé : « Nous avons eu un été fabuleux. On a eu très peu de pluie et le niveau de l’eau du Mississippi était bas, ce qui faisait que les plages étaient immenses et  presque désertes. On en a vues qui faisaient une dizaine de kilomètres de long. »

La mise en ligne de leur journal de bord a rendu leur expérience d’autant plus agréable : « On ne s’attendait pas du tout à ce que notre site Internet remporte un tel succès », dit Denis. « Il était consulté par des amis, des collègues et des gens que nous avons rencontrés sur le chemin. Ils nous encourageaient beaucoup, s’intéressaient à nos aventures. Ces gens ont rêvé à travers notre projet! ».

Ce rêve s’est transformé en souvenirs d’une magnifique complicité entre un père et sa fille. Cette aventure leur a donné le goût de continuer : Denis prépare un voyage en canot sur la rivière Nahanni dans les Territoires du Nord-Ouest, tandis que Myriam fignole ses prochains spectacles de cirque.

Source: famille LessardPrix
• 2 000 à 3 000 $ au total.
• L’argent a surtout servi à payer la nourriture (déshydratée pour la plupart), une partie de l’équipement et les frais de transport du canot.
• Le canot et le matériel informatique ont été en grande partie financés par des commanditaires.

Conseils
• Myriam : « C’est essentiel de mettre en place les moyens pour atteindre ses objectifs : avoir un bon équipement, se faire des contacts et bien préparer ses cartes. »
• Denis : « Quand on a un rêve à réaliser, il ne faut pas se laisser influencer par notre entourage qui le trouvent un peu trop fou. Mais il faut aussi choisir un rêve qui est à sa portée. Nous connaissions bien le canot, notre rêve était donc facilement réalisable. »

Encore plus
jolliet-1673-2006.ca

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