Rechercher dans le site espaces.ca
  • Aurores boréales sur le lac Great Slave © Parcs Canada

Parcs nationaux en extension

D’ici la fin de l’année, Thaidene Nëné pourrait devenir le 48e parc national du réseau de Parcs Canada. Une étape de plus vers les objectifs de conservation fixés par Ottawa, dont les Territoires du Nord-Ouest seraient les bénéficiaires.

Le gouvernement canadien s’est engagé à protéger, d’ici 2020, 17 % de ses terres et eaux douces du Canada, ainsi que 10 % des eaux côtières et marines, grâce aux mesures de conservation à sa disposition (parcs, aires protégées et autres). À cet objectif s’ajoute celui de représenter chacune des 39 régions naturelles du Canada dans son réseau de parcs nationaux.

Selon des paramètres dont l’objectivité reste à établir, le Canada compterait huit régions, divisées à leur tour en régions ou en sous-régions. Ainsi, le Bouclier canadien est constitué de diverses toundras, de bas-plateaux et autres aires montagneuses – passons outre la liste exhaustive. Au moment d’écrire ces lignes, le réseau serait achevé à 70 %, mais neuf régions n’y figurent toujours pas, dont cinq se trouvent au Québec ou sont contigües à la Belle Province, dans le Bouclier canadien. Si tout se passe comme prévu, ce sont cependant les Territoires du Nord-Ouest qui devraient hériter du prochain parc national canadien.

Une négociation de longue haleine

« Le plan, c’est de signer avant la fin de l’année », espère Steven Nitah, négociateur de la Première Nation des Dénés de Lutsel K’e, en vue de la création du parc Thaidene Nëné, dont on parle depuis… 1969.

Le futur parc engloberait notamment l’extrémité du bras est du Grand Lac des Esclaves – le lac le plus profond d’Amérique du Nord –, les canyons de la rivière Lockhart, les chutes Tyrell et les baies Christie et McLeod, ainsi que le lac de l’Artillerie, entre autres lieux représentatifs. La superficie présentement à l’étude est de 33 690 km². Elle couvre une région fabuleuse et méconnue, où s’amorce la transition entre forêt boréale et toundra, où vivent le loup, l’orignal et bien d’autres bêtes… et où hivernent bon nombre de troupeaux de caribous.

Lac Great Slave © Parcs Canada

Il s’agit également d’un lieu à haute valeur historique pour l’établissement européen (Fort Reliance) et évidemment, pour la nation métisse des Territoires du Nord-Ouest, la Première Nation des Dénés Łutsël K'e, ainsi que les autres nations qui forment le gouvernement d’Akaitcho : « Le futur parc est en plein cœur de notre territoire traditionnel, dit Steven Nitah. C’est une région que l’on utilise pour perpétuer notre façon de vivre, notre relation avec la Terre et avec les animaux. Nous voulions la protéger et la préserver du développement. »

La conservation d’abord

L’année 1969, c’est vraiment loin : c’était l’époque de la Trudeaumanie (celle du père), des Beatles qui se séparaient… Pourquoi a-t-on mis autant de temps ? Selon Audrey Champagne, porte-parole de Parcs Canada, c’est le gouvernement canadien qui, à l’époque, aurait approché sans succès la Première Nation de Lutsel K’e, laquelle avait alors décliné l’invitation.

« Dans ces années-là, la politique d’assimilation du Canada consistait à sortir les gens du territoire et à ‟tuer l’Indien" en chacun d’eux, explique Steven Nitah. Et cette politique faisait partie de la Loi sur les parcs. »

Lac Great Slave © Norikko Shutterstock

Les affirmations de M. Nitah sont corroborées par plusieurs recherches qui révèlent que, de la fin du XIXe au début du XXe siècle, le gouvernement canadien a créé des parcs pour préserver des espèces comme le bison des bois, sans se soucier des Amérindiens (ceux des Territoires du Nord-Ouest, particulièrement), dont la chasse était le mode de subsistance. Dans l’Ouest et le Nord canadien, quatre parcs nationaux ont ainsi été créés pour préserver la faune, avant d’être fermés entre 1930 et 1947. Pour en savoir plus, on peut lire les ouvrages Aussi longtemps que le fleuve coulera, de René Fumoleau, ou Hunters at the Margin (en anglais), de John Sandlos.

Un rôle grandissant pour les Autochtones

Depuis, les relations avec les Autochtones se sont améliorées. La Loi sur les parcs nationaux du Canada contient désormais la notion de « réserve de parc national », qui tient compte des revendications autochtones. Elle comprend aussi des articles sur la pratique des activités traditionnelles et la cogestion. Dans plusieurs parcs, les Autochtones jouent un rôle à cet égard.

En ce qui a trait à Thaidene Nëné, ce n’est qu’après la signature de l’accord- cadre, en 2010, que les véritables négociations ont commencé, relate Steven Nitah : « Thaidene Nëné sera un parc à la fois territorial, canadien et sous la juridiction de mon peuple », poursuit-il. Les voyageurs qui s’y rendront pourront pratiquer la pêche, la randonnée pédestre, la navigation de plaisance, le canot et le kayak et peut-être même l’escalade.

Des consultations avec les gouvernements autochtones sont en cours. Un rapport sera publié cet automne et reposera sur une année complète d’autres consultations, cette fois avec le public, des intervenants et des groupes d’intérêt particulier, avant la finalisation de l’entente de transfert de terres, le cas échéant.

Que répondra le Manitoba?

À l’heure actuelle, l’autre projet de parc le plus avancé implique également des Autochtones, ceux de la Première Nation crie de Mosakahiken. La réserve du parc serait située dans les basses-terres du Manitoba, plus précisément à 450 kilomètres au nord de Winnipeg, autour du lac Little-Limestone – qui doit sa couleur émeraude au minerai de marne. L’endroit compte également plusieurs écosystèmes et une faune très riche. La Première Nation crie continuera d’y exercer notamment ses droits de chasse, de pêche et de trappe. Parcs Canada doit terminer cette année une étude de faisabilité sur la création de ce parc, qui sera suivie de consultations publiques et de négociations, comme c’est le cas lors de la création de tous les parcs.


Plus d’aires marines, SVP !

Parcs Canada songe aussi à instaurer des aires marines protégées qui compléteraient sa représentativité pan-canadienne. Ces aires seraient situées dans le détroit de Lancaster (Nunavut), dans celui de Georgia Sud (Colombie-Britannique), aux Îles de la Madeleine, dans la baie d’Hudson et dans la baie James. Dans certains cas, les études n’ont pas encore commencé… et certaines de ces aires de protection pourraient ne jamais voir le jour.

Info : pc.gc.ca

Commentaires (0)
Participer à la discussion!