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Apnée sportive: immersion intérieure

Longtemps utilisée par certains pêcheurs des mers du Sud, l’apnée est aujourd’hui une discipline sportive à part entière. Une façon originale de découvrir sa perle intérieure…

Zen, dynamique ou extrême, l’apnée est une activité sportive dans laquelle chacun peut trouver sa façon de plonger! À ne pas confondre avec le snorkeling, ou l’apnée récréative, qui s’apparente davantage à de l’observation marine, l'apnée sportive repose sur « les performances accomplies par les adeptes de la discipline : améliorer son temps, parcourir la plus longue distance ou atteindre la plus grande profondeur » explique François Leduc, président du Club d’apnée sportive de Montréal (CASM). C'est cette dernière approche qu'a popularisé le film Le Grand bleu, donnant toutefois, , à tort, une image extrême à tout le sport… Car il existe aussi l’apnée statique et l’apnée dynamique, deux pratiques plus adaptées aux novices et faciles à découvrir tant en piscine qu’en milieu naturel. À défaut de fonds marins, c’est au complexe sportif de l’Université de Montréal que je rejoins Yves Charland, moniteur d’apnée sportive et aussi cofondateur du CASM.

B.a.-ba

Pour comprendre les bases de la discipline, rien de tel qu’une initiation à l'’apnée statique. Objectif : rester le plus longtemps possible en immersion, immobile. C'est une belle introduction pour saisir le caractère méditatif de l’exercice, lors duquel il faut éviter à tout prix de se focaliser sur l’envie de respirer! Car s’améliorer, c’est apprendre à gérer la sensation de manque d’air. « À chacun sa technique, c’est un feeling très intérieur, explique François ; personnellement j’oublie ce qui se passe à l’extérieur de moi, je ressens le moment présent. » À l'encontre de ce que véhiculent les idées reçues, ce n’est pas le manque d’oxygène qui provoque les spasmes, mais un surplus de CO2. Nous respirons pour oxygéner notre corps et éliminer le CO2 (ou dioxyde de carbone). En retenant notre respiration, le surplus de CO2que nous accumulons provoque notre envie de respirer. Bon, allez, à l’eau ! Je me joins à la dizaine d’adeptes qui suivent assidûment le cours. D’un naturel actif, je suis perplexe quant aux bénéfices que je vais pouvoir en tirer, mais je me laisse volontiers guider, curieuse de comprendre leur passion… Nous commençons à même le sol par une séance de relaxation;  l’entraîneur nous invite à ralentir notre respiration en suivant notre rythme cardiaque. La concentration est maximale! Il s’agit de prendre conscience de son corps, de l’écouter avant d’engager la phase suivante : l’apnée. Nous retenons notre souffle sur 5 à 10 pulsations, puis expirons lentement. Déconnectée de la vie urbaine et concentrée sur les battements de mon cœur, je suis prête à l’immersion. Chacun enfile sa combinaison communément appelée wet suit , qui permettra de maintenir la chaleur corporelle malgré notre immobilité.

Yoga aquatique           

Une séance type d’entraînement comprend une série de 10 apnées entre lesquelles s'insèrent des périodes de repos variables. Lors de la progression, ces dernières sont écourtées alors que le temps d’apnée augmente. Yves, notre entraîneur, nous rappelle quelques codes de communication qui serviront une fois submergé. Si l'apnée sportive semble être un sport de solitaire, tout comme la plongée sous-marine, il ne se pratique jamais seul. Il ne reste qu’à trouver un partenaire avec qui pulvériser ses records en toute sécurité! L’entraîneur synchronise notre départ. Trois, deux, un… silence. Pour économiser l’oxygène, on se laisse flotter en minimisant les gestes. Saisi d’une apesanteur singulière, chacun s’attache à l’objet de sa concentration, les yeux ouverts ou fermés. Seule néophyte du groupe, je suis la première à ressortir la tête de l’eau pour avaler goulûment une bouffée d’air salvatrice. Sensation étrange. Tous les autres sont encore immergés. La sérénité règne à la surface de l’eau. Voilà maintenant presque deux minutes qu'ils sont sous l’eau et pas un ne semble vouloir en sortir. Si, en mode statique, l’apnée ne prétend pas améliorer le cardio, elle permet de développer le contrôle de soi.  J’en ai la preuve sous les yeux! Pour François Leduc, ce sport est d’ailleurs très proche des arts martiaux pour ce qui est du rapport du corps à l’esprit et du dépassement de soi… À force d’entraînement, le corps développe une plus grande tolérance au CO2 et peut mieux contrôler les sensations d’inconfort que son surplus provoque.

Aux premières tentatives, rares sont les personnes qui dépassent 50 secondes sous l’eau alors que les plus entraînées atteignent deux minutes voire plus d’immersion. Ce contrôle est avant tout mental. « Lorsque je me concentre sur quelque chose d’agréable, je ne ressens plus le temps, puis arrive ce moment où mon corps me fait signe de réagir, alors je me concentre pour me détendre au maximum, et ainsi repousser le besoin de respirer » explique Yves.

Mais avant de nous faire atteindre le record du monde de neuf minutes détenu par l’Allemand Tom Sietas, les séances d’apnée sportive procurent une « zen » quiétude! Plus détendue que jamais, je repars, abandonnant ma perplexité de néophyte au fond de la piscine!

Un sport, six disciplines

L’apnée a la particularité de pouvoir satisfaire plusieurs sensations recherchées en immersion. Elle se décline en six disciplines aussi diverses que les aptitudes qu’elles requièrent :

  • L’apnée statique et l’apnée dynamique horizontale sont les plus courantes.
  • Pour les adeptes de sensations plus extrêmes, il existe le no limit. On utilise une « gueuse » pour descendre et on remonte à l’aide d’un ballon, comme dans Le Grand bleu!
  • Le poids variable se pratique de la même manière, sauf pour la remontée, lors de laquelle le plongeur s’aide en se tirant à la corde ou en palmant.
  • En immersion libre, il faut descendre et remonter par ses propres moyens, avec l’aide de la corde.
  • Enfin, en poids constant, on effectue sa descente et sa remontée avec ou sans palme en suivant le câble, sans jamais s’y agripper.

Les quatre dernières pratiques se passent dans les profondeurs. Les sensations sont décuplées lorsqu’on y ajoute la peur des abysses!

Pour s’initier

> Matériel :

Le masque de plongée (ou des lunettes et un pince-nez) est l’accessoire essentiel. Selon le type d’apnée pratiquée, il vous faudra une combinaison de plongée (wet suit), des palmes (bi ou mono) et beaucoup de souffle!

Cours :

> Le Centre d’apnée sportive de Montréal offre des cours d’apnée sportive niveau I et II (apprentissage des différentes disciplines et habiletés) et des entraînements supervisés en apnée dynamique et en statique (développement des performances), le tout au CEPSUM.

> Participez à « La nuit de l’apnée » qui se déroule chaque année en août à la Carrière Morrisson, près de Wakefield (renseignements sur le site du CASM).

Infos :

Club d’apnée sportive de Montréal. Pour les cours, contactez Yves Charland.
> casm.info.

Association québécoise pour le Développement de l’Apnée
> apneequebec.com

Fédération québécoise des Activités Subaquatiques
> fqas.qc.ca

Événement :

La coupe d'apnée, organisée par le CASM, se tiendra le samedi 24 mars 2006 au CEPSUM.
> casm.info

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