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Slackline : une question d’équilibre

Une ligne reliée par deux points, voilà qui a tout pour plaire aux amateurs de ponctuation, de géométrie et de codage. Mais c'est aussi la base d'une activité dont la popularité ne se dément pas : l’équilibrisme sur sangle, ou slackline.

Dans les années 80, des grimpeurs – surtout dans le parc de Yosemite, en Californie – profitent de leurs journées de repos pour se promener sur une sangle tendue entre deux arbres. Parfaite activité quand les muscles du dos ou la peau des mains n'en peuvent plus de la roche, ce dérivé du funambulisme ne tardera pas à séduire son lot d’adeptes : la slackline, ou équilibrisme sur sangle, est née.

Avance rapide de plusieurs années, et ce rejeton du monde de l'escalade a quitté la maison pour devenir adulte et autonome, et se développer de façon indépendante.

Si sa pratique était plutôt anonyme à sa naissance, ce sport a gagné en popularité, surtout au cours des dernières années. Si bien qu'il s'est frayé un chemin dans la culture populaire – notamment dans un épisode de la série The Office – et qu'il est désormais bien visible dans les parcs urbains du Québec, quand le soleil est présent.



La slackline est d'une simplicité désarmante : pour la pratiquer, il suffit d'attacher une sangle entre deux points fixes (de façon sécuritaire, s'entend), et les adeptes n’ont plus qu’à tenter de les relier sans tomber. A priori, cela peut aller de soi, mais le néophyte sera vite détrompé sur la facilité de se maintenir debout et de faire quelques pas sur une bande de tissu de quelques centimètres de large.

« Il n'y a rien de plus difficile que la première heure! », note en riant Félix Paradis, qui fait partie de l'équipe de Slackline Montréal, une entreprise qui fait la promotion de cette activité et organise des événements qui y sont liés. « C'est comme si le cerveau n'était pas habitué à ça, comme voir une nouvelle couleur », ajoute-t-il.

Le jeune homme a acheté sa première slackline il y a maintenant dix ans. « Ça a changé ma vie », assure-t-il. Le sport a pris une place importante dans son quotidien, la communauté aussi. « C'est vraiment une sensation unique, cet effet d'apesanteur avec le rebond que procure la ligne sous les pieds », poursuit l’adepte. Sans oublier l'aspect méditatif qu’implique l’obligation de contrôler sa respiration et son corps.


© Page Facebook de Slackline Montréal

Même son de cloche chez Julien Renaud, un autre fana qui pratique la slackline depuis plus de dix ans. Pour lui, une partie de l'attrait de la chose, c'est de « vaincre le chaos mental », un processus qu'il trouve très intéressant. Après s’être énormément adonné à cette activité pendant plusieurs années, allant jusqu'à voyager en Utah et en Californie pour ce faire, c'est désormais surtout lors de pique-niques au parc, entre amis, qu’il pratique l’équilibrisme sur sangle.

Une fois l’art de marcher sur une sangle maîtrisé, les endroits et les façons de pratiquer la slackline sont quasi illimités : on peut tenter de plus longues distances ou des acrobaties, que ce soit au-dessus d’un lac ou entre deux cimes rocheuses. C’est ce qui a mené à l’émergence de différentes pratiques parallèles. La highline se déroule ainsi en hauteur – avec le port d’un harnais en cas de chute –, et la ligne peut être tendue sur de très longues distances. Un record mondial a d'ailleurs été battu en 2019 au Québec, avec une highline tendue sur deux kilomètres au-dessus du lac artificiel de l’ancienne mine Jeffrey, à Val-des-Sources (anciennement Asbestos). Plus près du sol, la trickline est pour sa part extrêmement tendue, pour permettre de réaliser des culbutes et autres acrobaties. Enfin, la rodeoline nécessite beaucoup moins de tension et permet des mouvements qui font davantage valser.


Highline © Loic Leray, Unsplash

La pratique qui demeure la plus fréquente et la plus visible, c'est cependant la bonne vieille slackline, soit celle qu'on voit dans les parcs, notamment. C'est peut-être d'ailleurs cette visibilité qui contribue au succès de l’activité.

À cela s'ajoutent l'intérêt pour le plein air et le fait que ce soit une activité accessible et communautaire, estime Félix Paradis. Celui-ci note par exemple qu'il suffit d'un petit investissement de 200 $ pour se procurer une slackline – dont la durée de vie est d'ailleurs très élevée. Sa première sangle accuse déjà dix ans d’âge, et il l'utilise encore…


Petit sport deviendra grand


© Page Facebook de Slackline Montréal

Si la slackline a longtemps formé une activité secondaire pour d'autres sports, sa pratique est devenue athlétique : les adeptes s’y adonnent régulièrement et certains festivals célèbrent même les différentes disciplines. C'est sans compter que les limites sont constamment repoussées. « C'est un moment charnière pour le sport », affirme Félix Paradis. Avec la popularité croissante de cette activité, de nombreux gestes sont posés pour tenter de la structurer : création d'une fédération, tentative de mettre en place des certifications pour sortir de la zone grise légale où se trouve la slackline en ce moment, etc. À l'heure actuelle, seule l'Association internationale de slackline (la ISA) offre des certifications, qui sont reconnues dans quelques pays.


Pratico-pratique

  • Comment s'initier?

Une façon simple consiste à demander directement à des gens qui pratiquent la slackline de l’essayer. On en trouve dans certains parcs urbains (par exemple, celui du Mont-Royal à Montréal) quand il fait beau. En général, l'introduction à ce sport et à ses différentes disciplines se fait par mentorat. Plusieurs groupes Facebook permettent aussi de trouver les communautés d’adeptes de slackline dans différentes régions. Certains offrent aussi des formations privées : Slackline Montréal propose ainsi des initiations avec un instructeur qui supervise une zone de slack, là où plusieurs slacklines sont installées. Des cours en ligne pourraient aussi être offerts au cours de la prochaine année.

  • Où trouver le matériel?

La plupart des détaillants d'articles de plein air vendent des slacklines. Il est également facile de s’en procurer en ligne.

  • À surveiller 

Le Slackfest se tient habituellement chaque année à Val-des-Sources, et en mai, un festival de highline organisé par Slackline Montréal se déroule à Kamouraska.

  • Pour aller plus loin 

- ISA : slacklineinternational.org
- Fédération québécoise de slackline et de highline : facebook.com/FQSHofficial
- Slackline Montréal : slacklinemtl.com

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