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  • Mont-du-Lac-des-Cygnes, parc national des Grands-Jardins © Shutterstock

Le plein air en 2030 : rando-fiction dans Charlevoix

Si la pandémie a eu comme effet de populariser le plein air en général et la rando en particulier, à quoi pourrait ressembler une longue randonnée sur le Sentier national, en 2030? Notre collaboratrice s’est amusée à l’imaginer. Utopie ou vision d’avenir?  

De l’île d’Orléans à Baie-Sainte-Catherine, ce sont des centaines de nouveaux kilomètres de sentiers qui ont été aménagés et entretenus depuis 10 ans, au confluent du fleuve et du Saguenay. Les nouveaux adeptes, souvent membres des nombreux groupes de marche qui ont vu le jour dans la région – comme dans toutes les régions du Québec –, ont été de véritables bâtisseurs. Corvées, collectes de fonds, appels aux autorités publiques : leurs efforts soutenus n’ont pas été fournis en vain. En à peine 10 ans, ces groupes ont été le fer de lance du PAMT (Plein air en mouvement pour tous), qui a fait du Québec de 2030, et de Charlevoix en particulier, un lieu incontournable po ur le randonneur de longue distance.


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Itinéraire d’une randonneuse gâtée


© Adobe Stock

Pour la première section de mon itinéraire parcouru entre la mi-août et la mi-septembre, je rejoins le tronçon le plus récent du Sentier national, sur les terres du Séminaire, dans l’ancienne seigneurie des Jésuites. Au nord de Boischatel, je quitte les zones habitées et pénètre dans la forêt. Au-delà du mont Sainte-Anne, le sentier traverse ensuite une section assez sportive, la Mestachibo Ouest, tout en montées et descentes le long de la rivière Sainte-Anne, un trésor qui se cache au fond de son canyon. Par la suite, la Mestachibo Est m’amène plus doucement vers un premier ravitaillement à Saint-Tite-des-Caps; au-delà, le sentier des Caps m’attend pour les prochains jours. Durant ces journées, les points de vue sur le fleuve sont toujours magnifiques et désormais un peu plus nombreux depuis l’ajout de quelques plateformes d’observation depuis longtemps désirées.

L’arrivée à Baie-Saint-Paul annonce quelques jours de repos pour la randonneuse que je suis. C’est l’occasion de contribuer à l’économie locale. Je me paie la traite au restaurant, je loge dans une belle auberge, je visite plusieurs des brasseries artisanales qui ont récemment essaimé. Affamée et assoiffée, je ne regarde pas à la dépense, ici comme ailleurs. Le long du Sentier national, les commerces des villes et villages l’ont bien compris en offrant des forfaits « longue randonnée » avec de petits extras bien appréciés, comme un service de buanderie, des massages pour les pieds et des portions roboratives pour gros appétits.


Baie Saint-Paul © Shutterstock

Puis, c’est l’arrière-pays de Charlevoix; les montagnes sont de plus en plus majestueuses. Les moments de grâce se succèdent, comme la fois où, au sommet du mont Saint-Michel, j’observe les nuages arrivant au-dessus du fleuve s’engouffrer dans les vallées qui bordent le mont du Lac des Cygnes. En quelques minutes, dans un silence opaque, elles se gorgent de mystère et de ouate humide. Je règne dès lors, seule, sur cet univers tout en douceur.

Les nouveaux refuges de montagne inaugurés par la Traversée de Charlevoix sont des lieux propices à la camaraderie et au réconfort. Inspirés des refuges de montagnes scandinaves, ils sont gérés par un gardien qui prépare, avec l’aide des randonneurs présents, des repas chauds et délicieux, matin et soir.

Nouveautés tous azimuts

Après quelques jours de marche sous la pluie, mon séjour au refuge Eudore-Fortin est un réconfort : il me permet de marquer une pause et de faire sécher mon équipement humide. J’y rencontre des randonneurs de tous âges qui se sont eux aussi lancés dans ce périple de plusieurs semaines, ou de quelques jours, pour explorer une partie des sentiers qui relient depuis quelques années presque tous les sommets de l’arrière-pays charlevoisien.

Le sentier original emprunté par la Traversée de Charlevoix demeure l’épine dorsale du réseau, désormais beaucoup plus dense en sentiers. Le randonneur a le choix entre de multiples boucles à travers vallées et sommets, longeant rivières et lacs, plateformes de camping, abri trois faces et refuges placés à une journée de marche les uns des autres. L’hiver venu, les sentiers ne sont praticables qu’en raquettes ou en skis pour ne pas créer de tension en soirée, lorsque tous se retrouvent dans les refuges.

Grâce au service de navette inédit, mis en place par le joyeux trio formé par les trois organismes qui gèrent ce sentier – la Traversée de Charlevoix, la Sépaq et la zec des Martres –, la randonnée, courte ou longue, est devenue beaucoup plus accessible dans la région. Reliant Saint-Urbain, Saint-Aimé-des-Lacs, Saint-Siméon, Baie-Sainte-Catherine, ainsi que plusieurs points de départ de sentiers, la navette permet aux randonneurs de planifier toutes sortes d’itinéraires linéaires sans avoir recours à une voiture, surtout avec le lien intermodal du tonnerre relié à la ligne du train de Charlevoix à Baie-Saint-Paul.

Plein air pour tous!


Parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie © Shutterstock

L’éthique de plein air Sans trace étant maintenant devenue la norme partout en montagne, du fait de l’augmentation importante du nombre de sentiers, l’achalandage accru n’engendre pas de problèmes majeurs. Il a certes fallu procéder à des travaux sur les sentiers les plus fréquentés, comme ceux du Dôme et de la boucle du mont des Morios, victimes d’instagrameurs déchaînés. Ces aménagements ne sont pas de l’ampleur de ceux qui avaient été faits sur le mont du Lac des Cygnes dans les années 2000, mais ils permettent de prévenir les dommages liés à l’érosion et au piétinement de la flore alpine.


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Le moment le plus marquant de mes 30 jours sur le sentier demeure cependant ma rencontre avec un groupe d’étudiants d’une école secondaire de Montréal, tout en haut du mont du Lac-à-Moïse. Certes, leurs cris de joie pour célébrer leur premier sommet à vie pouvaient déranger un peu la tranquillité des lieux, au premier abord. Mais leur parler m’a fait redécouvrir, à travers leurs yeux, la fierté et l’exaltation des premières expériences en montagne. Encore aujourd’hui, j’ai du plaisir à penser que, pour ces jeunes étudiants, ce premier sommet sonnait le début d’une longue série d’aventures sur les sentiers du Québec. Car faut-il le rappeler? Le plein air est désormais bien intégré au programme scolaire!

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