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  • Sierra Norte de Oaxaca avec Nomade Actif © Mauricio Diaz Arellano Curts

Mexique : explorer la Sierra Norte en course en sentier

Explorer les montagnes du sud du Mexique à la course, ça vous dit ? Notre collaborateur s'est joint à un groupe de coureurs/voyageurs québécois pendant une semaine pour découvrir cette région méconnue, par un mode de déplacement original.

La Sierra Norte s’élève au loin. Les montagnes sont hautes, mais arrondies. Elles sont douces au regard, couvertes d’un tapis vert d’épinettes. C’est là que nous nous rendons, au nord-est de Oaxaca, en plein coeur du Mexique sauvage.

Au cours des prochains jours, notre petit groupe de coureurs va explorer les sentiers qui relient des villages paysans à plus de 2000, voire 3000 mètres d’altitude. Cette semaine de course au soleil est la bienvenue pour couper le froid de l’hiver québécois, en ce début mars.

Entre défi sportif et immersion culturelle, l’exploration de la Sierra Norte de Oaxaca a permis de réchauffer le corps des coureurs-voyageurs dans les sentiers du peuple zapotèque, mais surtout de leur faire découvrir des mythes et des rites millénaires.

Des montagnes à perte de vue 

© Vincent Champagne

Notre groupe de huit coureurs, encadré par trois guides, se retrouve dans la belle cité coloniale de Oaxaca. Après une journée de tourisme dans cette ville baignée de lumière où l’art est roi, le sport peut commencer. La route pour se rendre à Llano Grande, notre première étape, monte en lacets dans les hauteurs.

Nous suivons Carlos, un campesino du coin, un paysan zapotèque qui cultive à la machette quelques champs de maïs, de patates et de fèves. C’est lui qui nous dirigera pendant trois jours, avec d’autres collègues, sans jamais s’arrêter de courir, alors que nous souffrons tous de l’altitude et du dénivelé.

Au pas de course, direction Latuvi, un village perché au-dessus des vallées. Pour y arriver, notre guide annonce un 16 km en descente. « Rien de plus facile! », se disent certains participants.

C’est sans compter le dénivelé extrême. Descendre une côte en douceur est agréable, mais quand l’inclinaison est si forte qu’elle met les coureurs en mode protection, un 16 km devient vite infernal. Les cuisses et les mollets détruits, nous arrivons au fond d’une vallée après deux heures d’efforts. 


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En cours de route, nous constatons que la Sierra Norte a d’étonnantes ressemblances avec les terrains québécois. La végétation d’altitude, soumise à une température plus froide qu’au niveau de la mer, ressemble parfois, à s’y méprendre, à des coins de Lanaudière ou des Laurentides. À cette différence près qu’au détour d’un sentier surgissent des agaves gigantesques. 

© Vincent Champagne

Quelques autres détails nous ramènent rapidement au Mexique : un âne lourdement chargé marche vers nous, suivi de son maître qui se rend au champ. Des paysans nous saluent timidement, heureux de nous voir.

Au loin, nous observons les montagnes et les vallées, couvertes d’une paisible brume bleue et blanche. C’est d’une beauté saisissante.

Entre la voie royale et la forêt des fantômes

Au deuxième jour de notre expédition, nous nous rendons à Lachatao, un autre endroit où le temps coule lentement. 

Un sentier millénaire relie les villages. La « voie royale » – tel est son nom – a été utilisée par les premières peuplades de la région depuis des temps immémoriaux. À l’arrivée des conquérants espagnols, les indigènes l’ont empruntée pour aller se cacher dans les montagnes. Elle a ensuite servi au commerce des biens entre la côte pacifique et le centre du pays.

Notre guide Carlos est ici dans ses terres. Il sort de sa réserve et nous fait faire de fréquents arrêts pour raconter les mille et une histoires rattachées à ces lieux. Il attire notre attention sur une immense roche sur laquelle nous voyons de petits dessins gravés au burin. « C’est une carte au trésor », nous dit-il. Un riche commerçant, menacé par les Espagnols, aurait caché son butin dans le coin et la carte permettrait de le retrouver. 

Ailleurs, une Vierge Marie se camoufle dans une cavité. Elle indique une frontière entre la zone agricole qu’elle protège, tout au long d’une rivière glacée, et la « forêt des fantômes ».

Nous y entrons à petits pas, déjà atteints d’une douce fatigue. Le paysage est, effectivement, fantômatique. Sur tous les arbres, de la mousse espagnole – une sorte de broméliacée – pend dans le vide, pareille à des barbes de vieux sages. 

© Mauricio Diaz Arellano Curts

Le silence est assourdissant, seul le vent qui s’accroche dans les branches nous entoure. « Il faut respecter les vieilles âmes », nous glisse Carlos, sur un ton solennel. Jusqu’à la sortie de la forêt, les coureurs restent muets.

La traversée du pont suspendu

Après un yoga matinal, notre dernière journée de course s’amorce dans les rires. Il fait beau, le stress est évacué et l’impression d’être au bout du monde nous a atteints.

Nous grimpons en minibus vers le village de La Neveria, le plus haut de toute la région. Notre guide a gardé ce parcours pour le dessert : devant nous, dix kilomètres de montée pour tester notre mental. Une surprise nous attend, promet-il.

Au sommet, épuisés, nous attrapons une route en lacet qui serpente jusqu’à une falaise. La fin du parcours est de l’autre côté. Pour s’y rendre, il faut traverser à la course l’immense pont suspendu, qui semble solide mais mouvant.

© Valérie Bélanger

Le moment est solennel. Emplis de fatigue et de joie, nous traversons un à un l’ultime obstacle qui tangue sous nos pieds, en courant, en criant. L’euphorie du moment est immense : nous l’avons fait! Les sourires disent tout.


Une agence de voyages dédiée au trail


C’est une nouvelle venue dans le monde du voyage d’aventure qui nous a réunis. Nomade actif, la division course en sentier de l'agence Terra Ultima / Explorateur voyages, dirigée par sa « nomade en chef » Valérie Bélanger, offre des excursions de course en sentier en Amérique et en Europe, afin de répondre à la popularité croissante du trail. Ce voyage au Mexique était la toute première destination de l’entreprise. Les prochaines incluront l’Angleterre, la Croatie, le Portugal ou encore le tour du Mont-Blanc, en France.

© Vincent Champagne


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Des villages solidaires

Les huit villages isolés de la Sierra Norte, où vivent quelque 8000 paysans plutôt pauvres, se sont regroupés depuis des décennies dans un système de survie original. Les « pueblos mancomunados », comme ils se nomment, et que l’on pourrait traduire par « les villages de la mise en commun », partagent les revenus et les tâches entre les membres de la communauté. Chaque résident doit consacrer quelques années de travail bénévole pour la collectivité.


Rites de passage


Outre les parcours de course, le groupe de coureurs a pu expérimenter quelques rites typiques de la région, notamment un « nettoyage énergétique » à grands coups de plantes médicinales, ou encore un « temazcal ». Dans ce dernier cas, il s’agit d’une expérience initiatique vécue dans un sauna surchauffé, dirigée par une chamane qui pousse les participants vers des zones profondes de la psyché humaine, afin de les libérer des doutes, des peurs et des angoisses.

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