Rechercher dans le site espaces.ca
  • L'édition 2022 du GBC 500 © Endurance Aventure - M. Caron

Le GBC 500 : une aventure de gravel bike hors du commun dans les Cantons-de-l'Est

En plein cœur des Cantons-de-l’Est, le Gravel Bikepacking Challenge (GBC) est un événement qui offre deux parcours de vélo de 500 et 250 km, principalement non pavés, avec un impressionnant dénivelé de 7250 mètres. Notre collaborateur a pris part au départ le 13 août dernier.


La masse de cyclistes réunis au centre-ville de Magog s’agite dans l’attente du coup d’envoi. Il y en a près de 200, de tous les horizons et de tous les profils. Sur la première vague se trouvent notamment Mark Beaumont, détenteur du record de vitesse du tour du monde, et l’olympienne Lyne Bessette. Derrière se pressent d’autres cyclistes non moins motivés : certains ont compacté le nécessaire dans leurs sacs de bikepacking pour échelonner l’itinéraire sur cinq jours, tandis que d’autres, dont je fais partie, tenteront de compléter le tout d’un seul trait. Peu importe l’expérience, nous en sommes quittes pour une fameuse équipée.


© Endurance Aventure - M. Bergeron

Le peloton de tête ne tarde pas à se briser. Les plus rapides ont déjà disparu de mon champ de vision, avalés au loin par le premier virage. Un peu en arrière, je retrouve tranquillement mes repères. La journée s’annonce longue et je préfère y aller modérément afin de me laisser guider par mes sensations. L’application de navigation Ride with GPS se fait joyeusement aller à mesure que je m’enfonce dans les sous-bois en bordure de la ville. À gauche, à droite, encore à droite : suivre un tel itinéraire à la carte nécessiterait de s’arrêter continuellement pour s’orienter. Plutôt, les kilomètres s’additionnent à bon rythme et avec eux, le dénivelé. La description de l’itinéraire promettait une copieuse portion de côtes, et on nous sert d’emblée le plat de résistance.

Les tourelles de l'abbaye de Saint-Benoît-du-Lac signalent le premier des quatorze points de contrôle. Pour valider notre passage et assurer notre sécurité, il faut transmettre à l’équipe de l’événement une photo de nous à chaque endroit. Je me tire l’égoportrait et repars en vitesse, tenant en mon bec un précieux morceau de fromage bénédictin que je destine à un meilleur destin que celui de Maître Corbeau dans la fable.


Samuel Lalande Markon à gauche © Endurance Aventure - M. Caron

Déjà, il me faut compartimenter les pensées positives et négatives qui fusent dans toutes les directions. Deux heures après le départ, j’ai l’impression d’avoir consenti un effort plus qu’honorable et pourtant, avec tout juste 50 km en poche, il me reste encore dix fois la distance à pédaler. Je m’accroche à l’espoir du prochain point de contrôle et de ses délicieux produits locaux. Je me délecte tour à tour de muffins aux bleuets, de pain aux bananes et autres collations tandis que le soleil monte dans le ciel, ce qui n’aide en rien dans les longues montées qu’il faut sitôt redescendre, dégoulinant de sueur.

De petits groupes de cyclistes se forment momentanément et alimentent les discussions sur fond de crépitement de gravier, jusqu’à ce que la prochaine côte relègue chacun à son propre rythme. Descendus au sud-ouest de Magog, nous remontons vers le nord, à Bolton, à Eastman, à Stukely, au travers d’une panoplie de toponymes qui nous feraient croire à la campagne anglaise. Le paysage bucolique que je ne cesse d’admirer accentue encore davantage cette agréable impression. À Warden, il faut effectuer une boucle d’une vingtaine de kilomètres qui nous ramène exactement au même endroit. On a sans doute voulu éviter de trop nous décourager en y plaçant le point de contrôle du kilomètre 231 à la Brasserie Rurale. J’apaise mon gésier en feu avec une lampée de cervoise bien fraîche et repars tout ragaillardi dans l’or du soir d’août.


Samuel Lalande-Markon au coucher du soleil © Endurance Aventure - M. Caron

Mais je suis à peine à la moitié du parcours… À 20 h 45, la pénombre est désormais bien installée alors que j’envoie à l’équipe un huitième selfie où je n’affiche plus ma superbe de la matinée. « Call it a day » se sont sagement déjà dit beaucoup de participants qui ont troqué la selle de leur vélo pour le bivouac ou le lit douillet à l’auberge. Pourtant, après les fulgurances de la journée, j’embrasse tout entière la nuit et son mystère.

Pédaler sous la lune

Le faisceau de ma lampe installé sur mon guidon m’aide à progresser dans le parc national du Mont-Orford, traverser à nouveau Magog, puis à filer vers l’est. Au kilomètre 297, on nous promettait « des surprises » à la boutique Passion Action. Il se trouve que contrairement au champ lexical sportif qui me venait initialement en tête, le vénérable établissement s’avère être… un sex shop ! Fort égayé de la chose, je poursuis mon chemin avec une portion de phallus en chocolat que j’entame goulument.

Elles sont longues, les heures de la nuit, mais j’avance, j’avance tout de même. J’émerge de mes pensées momentanément vers 2 h du matin au onzième point de contrôle situé à la fromagerie La Station à Compton, au kilomètre 346. Mon père et ma sœur sont venus sauver mon événement en m’apportant d’urgence une batterie de rechange pour mon téléphone. En 18 h, j’ai siphonné l’intégralité de mon battery pack de 12 000 mAh avec une utilisation soutenue de Ride with GPS.

Viennent alors les moments les plus sombres, la solitude la plus totale, la volonté portée à son dénuement dernier. La lune presque pleine éclaire la nuit des Cantons et attise mon esprit à le rendre fou. Montent en moi les pensées et émotions refoulées de la journée. J’entends au loin Schubert, « Le Roi des Aulnes » : « Qui chevauche si tard à travers la nuit ? ». Et puis aux premières lueurs la fatigue me submerge et leste ma tête de plomb. Je peine à rester sur ma monture et pourrait volontiers considérer la sieste si une option décente m’était offerte. Mais enfin, à 5 h 30, une miraculeuse canette de Coke laissée dans la glacière du ravitaillement du kilomètre 406 vient marquer la fin de ma traversée de la nuit.


© Endurance Aventure - M. Caron

Ce n’est pas pourtant pas terminé. Je continue de compartimenter les pensées dans mon esprit qui a de plus en plus l’air d’un tiroir à classeur. Au dernier point de contrôle, je rattrape un autre cycliste, le premier croisé depuis la veille. On nous annonce que nous sommes seulement les quatrième et cinquième à passer. Nous décidons de rouler ensemble les 50 derniers kilomètres et de nous offrir un peu de répit en roulant en alternance dans la roue de l’autre. En 24 h, j’ai connu plusieurs microcycles d’énergie et, fort heureusement, il m’en reste assez pour attaquer le dénivelé restant.

La nouvelle journée a remis sur les routes son lot de personnes besogneuses, indifférentes à nos nuits de misère et d’émerveillement. Le fil des événements, désormais imprégné dans notre mémoire, n’appartient qu’à nous. C’est notre bien le plus précieux, notre récompense.

L’odomètre affiche 500 km, mais il en reste quelques-uns à pédaler pour compléter la cavalcade. Qu’importe ! Je termine finalement le parcours en 26h32 après 503,8 km et 7242 mètres de dénivelé, étonnamment en forme et heureux de ce vécu extraordinaire.


À lire aussi - Guide d'achat : 15 gravel bikes qui tiennent la route en 2023


À propos du GBC 500


© Endurance Aventure - M. Caron

  • Aventure sur mesure pour cyclistes motivés

Avec ses itinéraires de 500 ou 250 km, ses catégories autonome (robusto), semi-autonome (classique) ou vélo électrique, le GBC 500 offre une véritable aventure sur mesure qui peut être réalisée en solo ou en duo. Bien qu’il soit chronométré, l’événement n’est pas une course en tant que telle, mais plutôt un défi personnel à la hauteur des ambitions de chacun. Outre la poignée de «  crinqués  » qui visent à compléter le tout en continu, environ 30 % des participants s’accordent quelques heures de repos pour rallier l’arrivée en moins de 40 heures. Le reste étire l’expérience sur 3 à 5 jours pour profiter davantage des magnifiques paysages, des commerçants et produits locaux.


À lire aussi : Samuel Lalande-Markon à vélo et en packraft dans le Nord-du-Québec


Le GBC en chiffres

  • 500 ou 250 km
  • 7250 m ou 3625 m de dénivelé positif
  • 85 % non pavé
  • Premières places 2022 :
    • Hommes : Mark Beaumont 21 h 39
    • Femmes : Lyne Bessette 23 h 17
  • Coût : 295 à 895$ selon la formule choisie
  • Informations : gbc500.com

 L'édition 2023 du GBC 500


© Endurance Aventure - M. Caron

  • Quand? du samedi 5 août au mercredi 9 août
  • Où? à Magog 
  • Lieu de départ : à venir prochainement
  • Lieu d'arrivée : au Vélo-Café Magog
  • Inscriptions en cours sur gbc500.com

À lire aussi - Expédition Transboréale 2023 : une traversée sud-nord du Québec en vélo et en ski réussie!

Commentaires (0)
Participer à la discussion!