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Pédaler de Victoria jusqu'en Patagonie : 5 questions à Dominick Ménard

Fondateur de Bonvelo, grand adepte de vanlife et deux fois membre de l'Équipe Nationale de vélo de montagne, Dominick Ménard s’est lancé le défi de parcourir le trajet Victoria-Patagonie à vélo. Un voyage de plus de 22 000 km, de la Colombie-Britannique à l'Argentine, à mi-chemin entre le bikepaking et cyclotourisme.


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Parti le 10 septembre 2022, il a parcouru à ce jour près de 11 500 km et traversé les États-Unis, le Mexique, le Bélize, le Nicaragua et le Panama. Il est maintenant de retour à Montréal pour 5 semaines afin de se préparer à la seconde partie de son voyage. Son objectif : atteindre l’Argentine au début avril 2024.


© Dominick Ménard


1. Quel a été l’élément déclencheur de ce projet?

L’envie de partir en voyage m’est venue pendant la lecture du livre To Shake the Sleeping Self: A Journey from Oregon to Patagonia de Jedidiah Jenkins. C’est un roman que j’ai ramassé par hasard lors d’un voyage en Caroline du Sud, en janvier 2022 à bord de ma van, et je ne savais pas à quoi m’attendre. Il n’y avait même pas d’image de cycliste sur la couverture. L’histoire raconte le voyage d’un homme qui pédale de l’Oregon jusqu’en Patagonie en vélo. C’est le genre d’histoire qui fascine. Ce livre est venu éveiller quelque chose en moi, un sentiment qui a continué de m’habiter.

C’est aussi un voyage qui m’a ramené à mes premiers amours et à ce qui est pour moi l’essence même du vélo : à l'époque, quand j'étais jeune, je me souviens que les moments où je décidais de partir en vélo, je partais à la découverte. C’était mes premiers instants de liberté et d’exploration.


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2. Quel est ton objectif derrière ce voyage?

Je le fais d’abord pour moi. Je me suis lancé dans ce projet de façon très humble, sans désir de performance. Même en van, j’aime voyager sans pression. Je vais au rythme de la découverte et je laisse place à l'improvisation selon la météo, les personnes que je rencontre et toutes les autres variables sur lesquelles j’ai plus ou moins le contrôle.

C’est tellement un long voyage que c’est difficile de savoir ce qui m’attend et je ne voulais pas décevoir le « futur moi » en m’imposant des objectifs précis. J’y vais au jour le jour et je pense que, grâce à cette approche, ça me permet d’encore plus savourer l’aventure et de reconnecter avec le voyage en sac à dos, chose qui me manquait.


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3. Qu’est-ce qui te surprend le plus de ton aventure jusqu'à présent ?

C’est réellement une montagne russe d’émotions, pour la plupart toutes positives. J’ai vécu des moments d’extase devant la beauté des paysages. J’appelle ça des « orgasmes sportifs ». C’est physique. Comme une décharge d’endorphine que le corps reçoit face à l’accomplissement.

Rarement dans ma vie, j’ai eu l’occasion de ressentir des sentiments aussi intenses. C’est difficile à expliquer, mais je ressens un sentiment de détachement de toute responsabilité. Les premiers jours, je craignais de ne pas être capable de suivre le rythme et je me suis demandé si c’était un bon choix de mettre ma vie sur pause et de partir. Et c’est ce qui est sûrement le plus difficile : accepter que la vie continue à la maison, qu’il y aura peut-être des opportunités d’affaires qu’on risque de manquer ou des gens qu’on laisse de côté. Nécessairement, il y a une fracture qui se fait quand on part pour autant de temps. On a l’impression de vivre en parallèle de notre réalité.


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Une fois qu’on met ces inquiétudes de côté, on se laisse emporter par le voyage. C’est important de se rappeler qu’au contraire on ne manque rien : c’est un voyage qui va me faire grandir et qui va m’amener d’autres opportunités auxquelles je n’aurais pas pensé.   

Finalement, comme n’importe quoi dans la vie, quand tu décides de te lancer dans un périple comme celui-ci, au départ, ça peut paraître complètement loufoque. Mais une fois dans le moment, ça prend son sens et tu rencontres des gens qui font la même chose que toi. Moi, je m'y suis senti à ma place, dans mon élément.  


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4. Qu’est-ce qui occupe ton esprit quand tu pédales?

Tout et rien à la fois. Il y a des moments où tu contemples simplement tout ce qu’il y a autour de toi. D’autres, où tu ne vois pas le temps passer et soudainement tu te retrouves dans un nouveau décor. C’est ce que j’aime avec le vélo : c’est tellement simple que ça libère ton esprit. Et c’est rare qu’on puisse s’accorder de longs moments comme ça pour méditer. Pour moi, c’est un contexte dans lequel je suis très créatif et ça me permet de faire une profonde introspection.

J’aime aussi écouter de la musique ou des balados. Je me les garde comme une sorte de récompense pour des moments où je ressens plus la fatigue ou que j’ai une baisse de motivation.  


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5. Ton prochain vol t'amènera en Colombie où il te restera environ 11,000 km à parcourir jusqu'à ta destination finale. Qu'est-ce qu'on te souhaite pour la suite de ton périple?

De continuer sur la même tangente. Il ne m’est pas arrivé de mésaventures, j’ai rencontré des gens extraordinaires et j’ai sincèrement plus en plus de plaisir de jour en jour. C’est une chance de faire ce voyage et à mon retour j’aimerais partager mon expérience avec d’autres en produisant un documentaire ou en faisant des conférences par exemple.  


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Pour suivre l'aventure de Dominick, visitez sa chaîne Youtube où il documente son expérience. 


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Commentaires (1)
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Laloutre - 27/07/2023 17:07
Bonjour, je vous suggère d'aller lire l'excellent blogue de Jeanne Vermette, une amie dans la jeune vingtaine qui est revenue en juin Bogota en Colombie d'une aventure en vélo au départ d'Anchorage, Alaska https://pleinairautourdumonde.wordpress.com/