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  • Photo : Pierre-Emmanuel Chaillon/Karavaniers

Coronatourisme : agences et voyagistes en mutation

Comment se sont adaptés les voyagistes et agences du Québec qui oeuvrent dans le plein air, face à la crise? Tour d’horizon des joueurs québécois d’envergure.

Pas facile de se retourner sur un dix cents quand on propose des séjours de plein air à l’étranger et que tout cesse, du jour au lendemain. Le 15 mars dernier, les agences et voyagistes du Québec ont eu droit à l’hécatombe que l’on connaît. Après avoir rapatrié leurs clients en catastrophe, ils se sont ensuite affairés à imaginer la suite. Une suite qui passerait inévitablement et essentiellement par le Québec, mais aussi ailleurs au pays, voire en dehors de nos frontières, à plus long terme. Voici donc un aperçu de ce qu’ils proposent cet été et au-delà… en espérant que le déconfinement se poursuive et que les barrières régionales tombent progressivement.

Vélo Québec Voyages

En attendant de pouvoir reformer des groupes, l’agence de voyages de Vélo Québec est en train de passer en revue les itinéraires qui ont le mieux fonctionné lors du Grand Tour, cette virée populaire regroupant des centaines de cyclistes, et qui a dû être annulée cette année. Le but : s’en inspirer pour offrir des itinéraires avec la formule En liberté.

« En général, les Québécois sont assez débrouillards : ils aiment s’arranger eux-mêmes pour créer leurs itinéraires à vélo et effectuer leurs réservations, explique Andrée Gervais, la directrice générale. Mais avec notre formule En liberté, nous leur facilitons la vie en montant un parcours, en réservant les nuitées et en transportant les bagages. Tout ce que le cyclotouriste a à faire, c’est suivre l’itinéraire à son rythme, sans se soucier de rien d’autre. »

Outre les forfaits inspirés du Grand Tour (comme un possible Montréal-Québec), l’équipe de VQV évalue différentes possibilités de séjours cyclistes dans les Cantons-de-l’Est, dans Charlevoix, au Saguenay… « Nous pensons notamment prolonger des itinéraires existants pour former des séjours plus longs, du Bas-Saint-Laurent jusqu’en Gaspésie, par exemple. »

VQV peut également former des groupes sur mesure de 8 personnes et plus, tout organiser et fournir un guide et un véhicule de soutien, au besoin, sur n’importe laquelle de ses destinations. Enfin, pour l’heure, tous les voyages prévus à l’automne, un peu partout dans le monde, demeurent potentiellement offerts.

EKILIB/Sur la route

 © Jean-François Gagné / Ekilib

Chez cette agence qui propose également des voyages à vélo à l’étranger, on se rabat sans surprise sur le Québec, pour la saison d’été. Et ici aussi, on mise sur une semblable formule en liberté, pour la prochaine saison. « C’est difficile d’organiser des groupes quand on ne peut pas facilement vérifier qui a potentiellement un virus parmi les cyclistes qui en feront partie », explique Jean-François Gagné, le directeur général.

« Nous avons déjà une offre très forte sur les Rocheuses, le Sud-Ouest des États-Unis et l’Europe, et nous sommes en train d’adapter nos formules au Québec, avec des itinéraires de 4 à 10 jours dans les Cantons-de-l’Est, au Bas-Saint-Laurent, dans les Laurentides, en Outaouais et au lac Saint-Jean, mais aussi en Ontario », poursuit le directeur. Encore ici, les cyclistes suivront à leur rythme l’itinéraire proposé tout en profitant d’hébergements déjà réservés et du transport des bagages.

Deux types de trajets seront proposés : actif (de 40 à 60 km par jour) et sportif (de 70 à 100 km par jour). Encore ici, ceux qui désirent former un groupe peuvent opter pour la formule Sur demande, qui reprend l’idée de la formule en liberté, mais avec un guide et une voiture-balai, au besoin.

Chinook Aventure

Petit frère d’EKILIB en version rando, kayak et vélo de montagne, Chinook Aventure mise également sur les voyages en liberté dans le contexte actuel. L’organisation du séjour, la location de voiture, la réservation des hébergements et les randonnées avec visites sont planifiés : ne reste plus qu’à se rendre sur place et à marcher à son rythme. Pour l’instant, des séjours dans l’Ouest canadien sont prévus en juillet, août et septembre, tandis que le Sud-Ouest des Etats-Unis sera offert dès septembre. L’hébergement peut se faire en camping ou en hôtel, à moins qu’on choisisse la location d’un véhicule récréatif.

Terra Ultima Voyages

© Marc-André Lebuis / Terra Ultima

Pour cette agence indépendante, spécialisée dans l’aventure hors Québec, on n’a pas voulu en rajouter sur la Belle Province, où l’offre est déjà bien étoffée chez les concurrents.

« Comme nous sommes également sceptiques sur la relance des voyages avec déplacement en avion pour les mois d’été, en plus de toutes les contraintes que cela pourrait demander à court terme par rapport à l’accès aux parcs, à la distanciation, aux mesures d’hygiène ou d’urgence en cas de problème, nous ne lançons qu’une offre pour cet été, soit un trek relativement sauvage dans les Rocheuses avec hébergement original et reclus », explique François-Xavier Bleau, directeur des opérations.

Plus tard cette année, Terra Ultima propose également des voyages autoguidés pour « voyager dans l’esprit de la distanciation sociale », en offrant des itinéraires en autonomie qui permettent de se confiner soi-même, en petit groupe. À date, des treks en Écosse, en France (Corse et mont Blanc), en Italie (Dolomites), aux Açores et au Portugal sont prévus.

On planche également sur une traversée des Chic-Chocs en vélo d’aventure électrique, l’automne prochain, mais aussi en ski de montagne, l’hiver venu. Toujours lors de la saison froide, on offrira enfin des séjours au Yukon, au Nunavik et en Nouvelle-Zélande.

Terres d’aventure

Pour ce géant mondial du voyage d’aventure et du trek, il fallait d’autant plus se « r’virer d’bord » que de toute l’offre disponible, un seul voyage était proposé sur le Québec – un périple en canoë sur la rivière Bazin, en l’occurrence. En réalisant que les Québécois demeureraient essentiellement chez eux cet été et qu’il était possible que l’hébergement soit problématique, Terre d’aventure Canada a donc décidé de miser sur une tendance forte du plein air québécois : la vanlife.  

« Nous sommes habitués de proposer des voyages autoguidés avec un livre de bord et un itinéraire, alors nous avons repris l’idée mais avec des vans aménagés et des parcours ponctués d’activités de plein air », explique Jad Haddad, directeur de Terres d’aventure Canada. De la sorte, pas de problème d’hébergement ou d’isolement : on est toujours confiné dans son véhicule et on n’a pas à se casser la tête pour savoir où dormir – ce qui risque d’être parfois complexe cet été. Le tout vient avec un carnet d’adresses exclusives, des sites exceptionnels et parfois inconnus pour passer la nuit, des activités proposées…

« Nous avons commandé plusieurs fourgonnettes qui sont en train d’être aménagées et qui seront disponibles dès la mi-juin. Pour les familles, on disposera possiblement de véhicules plus spacieux, ou alors on fournira une tente pour les enfants… », poursuit le directeur.

Les itinéraires envisagés se situeront au Saguenay–Lac-Saint-Jean, dans le bas du fleuve, en Gaspésie, dans Charlevoix… « Ce seront des classiques revisités, dit Jad Haddad, mais avec une touche de confort et d’autonomie singuliers ». Suivant l’ouverture des frontières avec les Etats-Unis et l’éventuelle demande des Québécois, il n’est pas impossible qu’on propose aussi la Nouvelle-Angleterre, plus tard en saison. Soulignons également que Voyageurs du monde, le groupe français qui possède « Terdav » offrira aussi de semblables forfaits vanlife, mais davantage en mode art de vivre et en plus haut de gamme.

Karavaniers


© Pierre-Emmanuel Chaillon / Karavaniers

Quand il a vu sa saison s’effondrer, le fondateur de l’agence Karavaniers a tout de suite su dans quelle direction se tourner. « Les Québécois qui ont les moyens de se rendre au Népal ou en Afrique du Sud ne pourront y aller cette année, alors offrons-leur des alternatives qui valent le détour, près de chez eux », s’est-il dit en substance. Ainsi sont nés des séjours hors de l’ordinaire, au Québec.

« J’ai approché des fournisseurs en région, mais plutôt que de simplement offrir leurs forfaits, je leur ai proposé de créer avec eux des itinéraires que les gens ne feraient pas par eux-mêmes », indique Richard Rémy. Résultat : 8 jours de canot sur la Mistassibi, 6 jours de kayak dans le fjord du Saguenay, 19 jours (dont 14 en kayak) sur la Basse-Côte-Nord, mais aussi l’exploration de la Côte-Nord et du golfe à bord d’un voilier, l’EcoMaris.

Entre autres nouveaux périples concoctés par Karavaniers, notons aussi une grande traversée des monts Uapishka (les monts Groulx), un stage photo dans le Grand Nord canadien; un trek dans le spectaculaire parc Auyuittuk (T.-N.-O.); la descente de la Nahanni – « l’Everest des rivières », dit Richard Rémy – et du rabaska sur la rivière George, après un séjour à Mushuau-Nipi, le « Machu Picchu des autochtones québécois ». 

« Tous ces séjours en terrain sauvage sur les terres de la Couronne, où il y a de l’espace à revendre, sont d’autant plus intéressants que cet été, il devrait y avoir beaucoup de monde dans les parcs nationaux », dit Richard Rémy.

Enfin, face à la fermeture des camps de vacances cet été, des voyages d'aventure guidés en famille viennent tout juste d'être ajoutés, un peu partout au Québec mais aussi en Ontario et en Nouvelle-Écosse. 


© François Léger-Savard / Karavaniers

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