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Les 25 ans du magazine Espaces

De l’Espaces entre les virus 

Il y a 25 ans, le Québec était frappé par un virus qui, jusqu’alors, n’avait touché qu’une minorité de la population. Porteuses depuis déjà quelques années, les premières personnes atteintes ont contaminé lentement mais sûrement le reste de la population. Or, contrairement aux autres agents infectieux, celui-ci n’avait pas son propre épanouissement comme finalité, mais plutôt le nôtre. 

Le virus en question? L’engouement phénoménal pour les activités de plein air. Longtemps l’apanage d’une minorité silencieuse, le plein air s’est en effet largement démocratisé au début des années 90. L’innovation touchait les équipements, les vêtements et l’accès même à la nature. Ce qui semblait technique, lointain, extrême et réservé aux seuls initiés est alors devenu accessible. 

C’est ce terreau fertile qui a permis la création d’Espaces, un média de masse, spécialisé et gratuit, axé sur les activités de plein air, l’aventure et le tourisme actif. L'intention de départ: publier un magazine de plein air québécois qui rivaliserait avec les OutsideBackpacker et Explore de l'époque, soit les références pour plusieurs au début des années 90.  

Si ces intentions se sont concrétisées et que la présente édition automnale marque les 25 ans d’Espaces, c’est grâce au talent et à l’implication des artisans du magazine : une équipe éditoriale inspirante et reconnue pour sa rigueur journalistique; un comité d’experts issus de différents milieux; un dynamique photographe aux tout débuts, Jean-Pierre Danvoye; et l’audacieuse graphiste d’alors, Emmelyne Pornillos. Ajoutons à cela une escouade de vente publicitaire tenace et convaincue ainsi que des amis-distributeurs qui, pour les premières parutions, disaient oui à des aller-retour Montréal-Chicoutimi, avec des drops entre les deux villes dans une même journée!  

Si les débuts ont été modestes — le premier numéro était tiré à 20 000 exemplaireset avait une vingtaine de pages, dont quelques-unes en couleur (!) —, le succès auprès des lecteurs et des annonceurs a eu vite fait d’augmenter l’épaisseur du magazine, la qualité de son papier ainsi que son tirage, lequel a atteint 100 000 exemplaires et 300 000 lecteurs au cours des dernières années. 

Si Espaces a maintenu la qualité qu’on lui connaît, c’est aussi grâce aux commentaires constructifs de ses lecteurs et de ses partenaires annonceurs: les régions du Québec, les manufacturiers et les détaillants, entre autres. Des gens qui avaient à cœur l’évolution du magazine. Leur rétroaction était considérée avec attention et a permis d’ajuster avec précision les contenus éditoriaux, les angles de traitement des articles et même le choix des photos. Peu de temps après ses débuts, Espaces est ainsi rapidement devenu LA référence en plein air, en aventure et en tourisme au Québec, et le plus important magazine du genre dans la Belle Province (et, en fait, au Canada tout entier, toutes langues confondues).  

À partir de 2008, le magazine a changé de mains — d’abord Gesca, ensuite Serdy Média et aujourd’hui TVA Publications —, et ces nouveaux terreaux ont toujours été fertiles, certainement parce que leurs hôtes ont reconnu sa pertinence pour le public et leur propre écosystème médiatique. 

En mars 2020, un autre virus, cette fois animé de mauvaises intentions, a de nouveau frappé. Or, qui aurait pensé que la présence d’un tel ennemi serait responsable de la création d’une deuxième vague d’intérêt pour la nature et pour tout ce qu’elle nous offre de réconfort et de protection? 

Stéphane Corbeil 

Fondateur et éditeur d’Espaces (1995-2018), et premier rédacteur en chef (1995-2001) 

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