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  • Crédit: Marie-Soleil Desautels

Le SIA en trois temps

Long de 1034 kilomètres, le Sentier international des Appalaches (SIA) débute dans le Maine et poursuit sa course jusqu’à Cap-Gaspé à Forillon. Tantôt montagne (avec le deuxième plus haut sommet québécois : le mont Jacques-Cartier), tantôt mer (longeant la grève du Saint-Laurent où les vagues s’amusent à lécher nos bottes de marche), le SIA s’aborde selon votre envie de kilomètres ou votre disponibilité de temps.

1 journée sur le SIA

En Gaspésie, le Saint-Laurent se prend déjà pour un océan. Si une partie du sentier s'éparpille dans les recoins montagneux de l'arrière-pays, une autre s’égrène sur la côte comme un chapelet, avec pour grains les pittoresques villages gaspésiens.

Une section de huit kilomètres débute au village de L’Anse-Pleureuse. Pourquoi ce nom? Les premiers colons entendaient des pleurs provenant de la forêt, imputés aux fantômes… qui seraient plutôt le bruit des branches d’arbres agitées par le vent. Concentrez vos efforts pour vous rendre à l’un des quinze points de vue en bordure de la falaise de l’anse : de quoi couper le souffle et apercevoir celui d’une baleine… ou entendre quelques lointains pleurs?

Continuez jusqu’au chemin du Conseil, une section dégagée de deux kilomètres sur la cime d’une montagne pour atteindre la route ancestrale près de Gros-Morne. Ici et là, la forêt boréale s’ouvre sur le fleuve. Vous vous demandez ce que signifie Gros-Morne? Le nom original était Grand-Mâle, puis Gros-Mâle – faisant allusion à la montagne qui s’avance sur le rivage du fleuve, tout comme son synonyme « morne ». Mais le toponyme déplaisait aux résidants...

Accès : L’Anse-Pleureuse se situe à 70 kilomètres à l’est de Sainte-Anne-Des-Monts. Au village, le sentier débute par un chemin forestier derrière le restaurant Chez-Fred.

3 jours sur le SIA

Un long week-end est l'excuse parfaite pour arpenter la portion de sentier traversant la réserve faunique de Matane. Ici, le nombre d’empreintes d’orignaux dépasse largement celui des humains : plus de 6000 individus se partagent les 1282 kilomètres carrés de la réserve. Cette densité exceptionnelle s’explique par la présence de vasières, très rares au Québec : l’orignal s’abreuve dans ces sources minérales pour faire le plein de sodium, essentiel à sa santé. Et la présence de forêts de type mélangé, conséquence des coupes forestières, lui plaît bien.

Le parcours débute au site d’hébergement Petit Sault du SIA. De là, cap à l’ouest vers le mont Craggy, à environ 25 kilomètres. Premier défi : l’important dénivelé pour atteindre les 890 mètres du mont Nicol-Albert. Parfois très escarpé, le sentier longe le ruisseau Beaulieu. Les prétextes pour profiter d’une pause se présentent sous la forme de cascades, dont une chute de 700 mètres. Le sentier poursuit sa course d'un sommet à l'autre jusqu’au lac Beaulieu, site isolé dans la forêt où l’on peut dormir.

Sinueux, le trajet continue à travers forêts, clairières et tourbières alpines pour culminer au mont Blanc (1065 mètres), meublé d'épinettes blanches rabougries. S’offrent alors au regard le fleuve Saint-Laurent et les courbes du massif des Chic-Chocs. Selon votre forme ou votre horaire, retournez sur vos pas ou poursuivez vers les cimes rocheuses du Craggy (846 mètres) et du Pointu (930 mètres), pour des paysages grandioses. Entre les monts Blanc et Craggy se situe un troisième site pour une nuit sous les étoiles.

Accès : Route 1 depuis Cap-Chat jusqu’à Petit Sault. Sur le sentier, un aller-retour s’impose à moins d’avoir accès à plus d’une voiture : l’une peut être laissée à Petit Sault et l’autre près de la rivière Bonjour sur la route 1, à huit kilomètres de marche au sud, depuis le mont Blanc.
Hébergement : Trois sites d’hébergement du SIA (Petit Sault, lac Beaulieu, mont Craggy) offrent un abri à quatre murs (lits sans matelas, 15 $/personne) et des plates-formes (10 $/tente de deux places). Réservations : sepaq.com 1-800-665-6527.
Services :
Navette disponible depuis Cap-Chat (50 $/aller, réservation : valmontpleinair.com)

Crédit: Marie-Soleil Desautels

Crédit: Marie-Soleil Desautels1 semaine sur le SIA

Attaquez-vous aux quelque 100 kilomètres du SIA qui traversent le parc national de la Gaspésie. Du mont Logan jusqu’au sommet du mont Jacques-Cartier, en passant par le plateau du mont Albert, vous chatouillerez le massif Chic-Chocs et son voisin McGerrigle. Sculptés par les glaciers, ces massifs sont habités par une faune singulière, habillés de la forêt boréale, d’érablières, de sapinières et coiffés d’une toundra alpine.

Voilà l’un des attraits : ce parc offre l'expérience du Grand Nord québécois sans le long trajet pour s’y rendre. Depuis le niveau de la mer jusqu’aux 25 sommets supérieurs à 1000 mètres, l’étendue des zones climatiques de l’endroit est unique dans le sud du Québec. L’hiver, les chutes de neige dépassent les cinq mètres et les montagnes s’emmitouflent dans un épais manteau – mais gare aux avalanches. Même tard en été, la neige s’accroche ici et là.

La section du SIA passant par le parc national permet de s’évader avec une certaine facilité : il y a dix points d’arrêt avec des refuges (poêle à bois, lits, matelas, tables), ainsi que quatre campings rustiques et deux autres avec services. Il y a plus d’une façon de traverser le parc, mais la plupart des randonneurs arrivent d’abord au Centre de découverte et de services au pied du mont Albert. De là, on prend une navette en matinée pour arriver vers midi aux refuges du Nyctale ou de la Chouette, près du mont Logan. Au printemps, la prairie subalpine est tachetée de blanc et rose, gracieuseté florale des claytonies de Caroline. Après une première nuit, le sentier se parcourt vers l’est.

Le versant nord des Chic-Chocs s’érige en muraille face au fleuve. Du haut d’une falaise chauve, on comprend le toponyme : en micmac, sigsôg signifie « rochers escarpés, parois infranchissables ou montagnes rocheuses ». C’est le royaume de l’aigle royal, l’une des 156 espèces d’oiseaux observées dans le parc.

Tantôt dégagé, tantôt couvert, le sentier sillonne les différents étages de la végétation. Il n’est pas rare d’y surprendre un cervidé – ou l’inverse. À perte de vue, une toundra couvre le plateau du mont Albert, ceinturé de forêts naines et torsadées. Mais l'altitude n’explique pas à elle seule l’absence d’arbres : exposé au grand vent, peu de neige les protège durant l’hiver, et le sol se compose de roches alcalines toxiques pour ceux-ci.

Le plateau mène enfin à une vallée glaciaire où la rivière Sainte-Anne délimite la frontière des deux massifs. Même si vous êtes à nouveau au Centre de découverte et de services, le périple n’est pas terminé et continue vers les monts McGerrigle. S’offre bientôt le lac aux Américains : l’un des plus spectaculaires cirques glaciaires au Québec. Ne manquez pas le panorama saisissant du mont Xalibu, avant de poursuivre jusqu’aux champs de roches verdies de lichen du mont Jacques-Cartier, qui culmine à 1268 mètres. Ici, prière de ne pas déranger les caribous : le parc ne compte qu’environ 175 individus de cette espèce menacée. Lorsque vous arrivez à la fin de ce périple incomparable, une navette régulière peut vous ramener au Centre de découverte et de services.

Accès : Depuis Sainte-Anne-des-Monts, prendre la route 299 en direction sud jusqu’au Centre de découverte et de services.
Coût : Accès quotidien : 3,50 $
Hébergement : Refuges (21,50 $/nuit/pers.), camping rustique (18,50 $/nuit/tente de deux places) ou camping avec service (à partir de 25,25 $/nuit/tente de six places). Réservation : 1 800 665-6527 • sepaq.com
Services : Navette (sur réservation) du Centre de découverte et de services aux refuges Chouette ou Nyctale (52,93 $/pers.); navette (sans réservation) sortie mont Jacques-Cartier (14,22 $/pers.). Location, vente d’équipement, interprétation.

Infos : sia-iat.com • matapediaaventure.com

 

Un sentier en pleine croissance
Nouveaux abris, nouveaux sentiers et nouveaux départs organisés ne sont que quelques-unes des nouveautés sur le Sentier international des Appalaches qui tente de s’étendre en Europe...!
Les randonneurs québécois du SIA peuvent oublier leur tente dès cet été : six nouveaux abris se sont ajoutés l’automne dernier dans le secteur de la Vallée de la Matapédia, et deux verront bientôt le jour dans le parc national Forillon. Abris, refuges et gîtes desservent ainsi l’ensemble des 650 kilomètres du SIA au Québec, pour y voyager plus de façon plus légère. Question de déguster avec modération ces kilomètres, l’organisation du SIA propose de nouvelles randonnées plus courtes (un à trois jours), pour mettre en valeur le réseau, avec les informations sur l’itinéraire, la longueur et le dénivelé. Et, pour goûter au parc de la Gaspésie sans vous épuiser, ne manquez pas l’un des nombreux départs garantis de randonnée pédestre guidée (un à cinq jours, avec transport de bagages) offerts par Absolu ÉcoAventure – « Une douce aventure », promet le propriétaire Éric Chouinard, où repas avec produits du terroir sont servis. Ces départs sont offerts en collaboration avec le parc qui assure la disponibilité des refuges (une à huit personnes).
Infos : sia-iat.com • ecoaventure.com • sepaq.com
Autres fournisseurs d’aventures en Gaspésie
• Aube Aventure : Kayak (mer et rivière), canot, voile, expédition en kayak de un à six jours, formation. [aubeaventure.com • 418 892-0003]
• Griffon Aventure : Rafting, canyoning, canot de rivière, formation, location. [griffonaventure.com • 418 360-6614]
• Nature Aventure : Canot, kayak, guide de randonnées (1 à 4 jours). [matapediaaventure.com • 418 865-3554]
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