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  • Crédit: courtoisie David MacDonald, Richard Ferron

Transalpine-Run : deux coureurs québécois à l’assaut des Alpes

David MacDonald et Richard Ferron veulent gravir des montagnes. Et pas au sens symbolique. Ces deux Québécois, amis de longue date qui travaillent pour Développement International Desjardins, se lancent sur la Gore-Tex Transalpine-Run 2013, une course en sentier de huit jours, par étapes, du 31 août au 7 septembre, sur une distance totale de 260 kilomètres. Plus de 15 000 mètres de montée les attendent. Un défi qui s’annonce épique pour l'équipe « Coureur Nordique », du nom de la boutique de Québec, leur unique commanditaire.

Pourquoi avoir choisi de s’aligner sur la Transalpine-Run ?

Richard Ferron : L’été dernier, on est allé en Islande pour compléter un 55 km avec 2 000 m de montée et 2 500 m de descente (ndr : le Laugavegur Ultra Marathon, le trek le plus populaire en Islande). Cette année, pour mes 40 ans, je voulais quelque chose d’un peu différent. On a décidé de s’attaquer à un autre genre de monstre avec une épreuve sur plusieurs journées de course au lieu d’une seule, un défi physique et une logistique différente. Cela fait longtemps que cette course me trotte dans la tête. J’adore les Alpes, avec des montagnes extraordinaires. Le fait que cela soit 8 jours, c’est 8 jours de bonheur… et aussi de souffrance ! C’est aussi dans l’idée de conjuguer sport et tourisme. Pas simplement faire une course en bas de chez moi, mais découvrir par ce biais d’autres contrées.

Qu’est-ce que représente cette course dans le monde de l’ultra-trail ?

RF : C’est une course très connue dans les événements à plusieurs étapes, car il n’y en a pas nécessairement beaucoup qui offre ce type de parcours en montagne sur plusieurs jours. Souvent, cela se passe dans le désert comme le Marathon des Sables au Maroc. La Transalpine-Run est la course de montagne à étapes la plus réputée.

Crédit: Transalpine-RunAvez-vous une ambition, un objectif particulier ?

RF : D’abord arriver au bout. C’est également difficile de savoir en combien de temps on va le faire. En marathon de route, il est facile de prévoir et de gérer son effort. Sur un trail, cela dépend de nombreux facteurs : les parcours techniques ou non, les conditions météo…

David MacDonald : N’ayant jamais participé à la Transalpine-Run, on part un peu dans l’inconnu. Tout peut arriver, surtout sur huit jours. On peut-être pourra réfléchir au temps et à la position si on le refait une deuxième fois. Mais pas cette année, pour une première.

À quel type de défis vous vous attendez à devoir faire face ?

DM : il faudra se retenir dans les premières journées, ne pas perdre trop d’énergie trop tôt. C’est facile de considérer les premiers kilomètres comme une course d’une journée. Il faut éviter cela pour ne pas être trop fatigué le lendemain. Il faudra aussi faire attention aux blessures et aux ampoules. Moi, c’est ma grosse inquiétude : avoir une ampoule au jour 1. Ça pourrait transformer ma course en un challenge de douleurs insupportables. La question de la nutrition sera aussi essentielle, surtout que l’on nous traîne nous-mêmes la nourriture dans le sac à dos. Se nourrir et s’hydrater au bon moment. Il y a beaucoup de choses à penser en courant, pas seulement à regarder le ciel.

Concrètement, comment va se décomposer une journée entre la course et le repos ?

RF : Les temps maximums de courses sont fixés entre 10 et 12 heures par jour. On a en moyenne 30 à 40 km de course par jour et environ 2 000 m de dénivelés positifs et négatifs. Cela représente quatre fois la montée du Mont-Tremblant. Les départs sont entre 8 et 9 h du matin. Je m’attends à ce que l’on finisse avant le souper. Le soir, tu as le choix d’être hébergé dans des hôtels, soit payer l’organisation pour être hébergé dans des écoles, des gymnases, ou même carrément un bunker de la Seconde Guerre mondiale, avec le principe du « premier arrivé, premier servi », avec un repas offert par la ville d’accueil.

Crédit: courtoisie David MacDonald, Richard FerronQuel type d’entraînement est-il nécessaire de suivre pour se présenter à cette épreuve ?

RF : On s’est inscrit à la Transalpine-Run à l’automne 2012. Mon entraînement a sérieusement débuté le 1er janvier 2013, même si je m’entraîne à l’année. Je courais la semaine. Chaque fin de semaine, je courais au Mont-Sainte-Anne, 1 fois, 1.5 fois, 2 fois de suite… en augmentant petit à petit le niveau. J’allais aussi au mont Washington tous les 2 mois, avec 1 300 mètres de montée puis de descente. C’est ce qui ressemblait le plus à la Transalpine.

DM : Habiter en Ouganda est un défi en plus pour se préparer, car il y a moins de montagnes accessibles rapidement autour de Kampala (ndr : capitale de l’Ouganda). Cela me force à faire des entraînements très intenses dans des petites côtes pour essayer d’aller chercher les conditions des Alpes. Mais la plus haute bute est à 50 mètres d’altitude, étendue sur 3 km, donc pas très à pic. J’ai donc du composé avec en faisant des allers-retours incessants entre le bas et le haut. J’ai fait moins de dénivelés que Richard, donc je suis venu au Québec, deux mois avant l’épreuve, pour que l’on s’entraîne ensemble, réapprendre à courir ensemble.

Quel est votre parcours de sportif ? Comment en êtes-vous venu à pratiquer la course en sentier ?

RF : Cela fait longtemps que je suis un sportif, mais amateur. À la base, J’étais entraineur de kick-boxing pendant de très nombreuses années. Mais j’ai toujours couru à côté. Je courais des marathons, juste pour le plaisir, sans vraiment m’entraîner spécifiquement. Ensuite, je me suis mis au triathlon puis à l’Ironman. J’ai délaissé la course sur route pour les sentiers et l’ultra-trail car j’ai toujours été un trippeux de montagne, de sentiers et de nature.

DM : Quand j’étais jeune, je faisais beaucoup de vélo pour voir mes amis qui habitaient loin de chez moi. Je le faisais aussi en courant, à travers les champs et les bois. J’ai donc toujours eu le goût de courir en moi, même si c’était des courtes distances. J’ai commencé le kick-boxing au CEGEP. C’est là que j’ai rencontré Richard. En parlant, on s’est aperçu qu’on avait tous les deux, le goût de la course. Je me suis remis à courir : d’abord un 10 km, puis un demi-marathon, un marathon. Comme j’accumulais les blessures, j’ai basculé sur le triathlon. J’ai poussé au demi-Ironman puis le 55 km en Islande, une longue distance qui poussait au défi. On avait encore le goût de faire un peu plus, de pousser la barre un peu plus haut. J’ai embarqué dans le projet de Richard !

Qu’est-ce qui vous plaît tant dans la course en sentier ?

DM : Je n’aime pas trop courir sur le bitume, car c’est plus dur pour les articulations. En sentier, il y a quelque chose de fun dans le fait de courir dans la nature. C’est toujours plus exaltant, avec toujours des choses à regarder.

Vous avez réellement le temps et l’énergie pour admirer le paysage ?

Crédit: courtoisie David MacDonald, Richard FerronRF : Cela dépend dans quelle optique tu fais l’épreuve. Effectivement, quand tu veux réaliser un temps ou viser une place, tu restes très concentré et tu en oublies un peu le paysage. En Islande, ça a été l’inverse. On faisait des pauses, je sortais la caméra et on appréciait la nature.

DM : C’est aussi l’avantage des épreuves d’endurance. Le fait que cela soit long, on a plus le temps. On peut aussi s’amuser, prendre du plaisir à être là où l’on peut profiter de la vue et des endroits incroyables. On a tort de penser que l’on ne voit rien en courant sur un sentier. On peut très bien s’arrêter. Et le fait d’aller plus vite me permet d’y revenir plus souvent. Au lieu de faire la randonnée dans les White Mountain en 3 jours, cela ne prend qu’une journée. Je peux donc le refaire plus souvent car les contraintes de temps sont moins pesantes.

Quel type d’effort demande l’ultra-trail ? Quelle qualité, physique ou mentale, cela demande ?

DM : La discipline pour s’entraîner presque à tous les jours. Avoir aussi un bon sens de l’humour pour accepter tous les problèmes qui peuvent arriver pendant la course. Il faut savoir se relever après une chute et repartir.

RF : Au niveau du physique, cela dépend vraiment du type d’ultra-tail. Cela ne va pas chercher les mêmes caractéristiques physiques pour les longues distances en une seule fois ou par étapes. Dans le premier cas, il faut pouvoir maintenir un effort constant longtemps. Dans le second cas, il faut savoir récupérer très vite. On performe rarement dans les deux. Nous, on ne sait pas comment on va réagir sur une épreuve de plusieurs jours. C’est le gros point d’interrogation. Mais les composantes de poids et d’endurance sont importantes. En montagne, l’excédant de poids implique plus d’énergie dépensée. Mais, ce qui fait la différence dans une épreuve de ce genre, c’est la gestion de la descente, qui est plus difficile que la montée.

DM : C’est une phase pendant laquelle on récupère au niveau cardio, mais les muscles absorbent plus de chocs. Il faut entraîner son corps à ce genre de contrainte. La descente est aussi exigeante mentalement. En montée, tu peux rentrer dans ta bulle et courir à un rythme constant. Mais la descente exige une concentration de tous les instants. Tu ne peux pas penser à autre chose. Souvent, les blessures arrivent dans ce genre de situation, en fin de course, quand la fatigue fait baisser ton niveau de concentration.

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Vous pouvez les suivre durant la Transalpine-Run 2013 sur leur page Facebook

 
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