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  • Crédit: Pavel Burchenko, Shutterstock

Ironman 70.3 à Tremblant

Pour la première fois de son histoire, le Championnat du monde Ironman 70.3 quitte le sol américain pour s’installer à Mont-Tremblant. Des athlètes de plus de 50 pays sont attendus au début du mois de septembre dans le village de villégiature des Laurentides.

Terenzo Bozzone, Tim Reed, Joe Gambles, Catriona Morrison, Annabel Luxford, et Magali Tisseyre, la favorite québécoise seront là. Au moment de mettre sous presse, on attendait la confirmation des champions 2013, Sebastian Kienle et Melissa Hauschildt, et des renommés Javier Gomez, Craig Alexander, Leanda Cave et Julie Dibens. En somme, 70 des « pros » du 70.3 seront au rendez-vous. Sur le parcours, ils seront accompagnés par les meilleurs triathlètes « groupes d’âge » – des athlètes récréatifs mais compétitifs – du monde entier. On prévoit tout un spectacle!

Qui aurait cru que Mont-Tremblant allait devenir un tel rendez-vous international il y a trois ans? On se rappelle qu’on devait alors impérativement traverser la frontière vers les Lake Placid ou les Timberman de ce monde si l'on souhaitait seulement participer à un évènement Ironman.

Du golf au Championnat du monde

Dominique Piché, le producteur de Ironman Mont-Tremblant, voyait et rêvait grand pour la région. Propriétaire du triathlon de Mont-Tremblant depuis 2004, il souhaitait faire de Mont-Tremblant un « Lake Placid, mais en mieux! »

La métamorphose a été rapide, et concluante. À l’automne 2011, la World Triathlon Corporation (WTC), propriétaire de la bannière Ironman, cherchait un nouvel emplacement en Amérique du Nord. Dominique Piché a sauté sur l’occasion. On connait la suite : des investissements majeurs pour que les infrastructures de Mont-Tremblant correspondent aux attentes du géant américain, puis des retombées touristiques qui se chiffraient à une quinzaine de millions en 2013.

Sans surprise, quand le producteur a entendu dire que le Championnat du monde Ironman 70.3 se cherchait un nouvel emplacement pour lancer sa rotation à travers le monde, il a eu la même réaction et a soumis la candidature de Mont-Tremblant. Projet ambitieux pour un évènement aussi jeune? Assurément. Mais l’organisation, qui a gagné au début de l’année le prix du « meilleur triathlon d’envergure » voté par les athlètes, était prête. Dominique Piché explique : « Dès notre première édition Ironman en 2012, on a eu du feedback tellement positif qu’on y croyait assez pour soumettre notre candidature au Championnat du monde. Et on l’a eu. »

Championnat du monde Ironman 70.3

Le Championnat du monde Ironman 70.3, c’est le « Kona » (le Championnat du monde Ironman à Hawaï) de la distance demi-ironman. L’évènement s’est d’abord déroulé à Clearwater en Floride de 2006 à 2011, avant de fouler Lake Las Vegas et d’atterrir à Mont-Tremblant pour sa première année en rotation à travers le monde. L’année prochaine, c’est la ville de Zell am See-Kaprun en Autriche qui accueillera le Championnat du monde.

Par cette nouvelle rotation à travers le globe, on devine que la WTC tente de donner une aura mondiale à l’évènement. Parce que le Championnat du monde Ironman 70.3 n’est pas un « Kona ». Pas encore.

S'entrainer sur le parcours

 

Crédit: Véronique Champagne

À Mont-Tremblant, les habitants sont désormais habitués de voir des athlètes nager dans le lac Tremblant, rouler sur la 117 et courir dans le village. Et la région se veut désormais accueillante pour les athlètes à longueur d’année. Pas besoin d’être un athlète de calibre international pour profiter des infrastructures d’entrainement de Mont-Tremblant.

Tout l’été, les adeptes de la nage en eau libre peuvent nager sur le parcours balisé par des bouées sur le lac Tremblant et les cyclistes, rouler sur des accotements nouvellement asphaltés sécurisés par des pancartes « attention à nos athlètes », qu’on voit régulièrement chez nos voisins du Sud pour conscientiser les automobilistes pressés. Ces attentions – les bouées et les pancartes – seront conservées jusqu’au Championnat du monde, mais les parcours seront tous accessibles jusqu’à ce que le froid démotive les athlètes les plus coriaces.

La distance demeure dans l’ombre du mythique Ironman et de sa riche histoire. Pour rendre ses lettres de noblesse à la discipline qui mérite plus que d’être un « demi », on parle d’ailleurs maintenant de l'Ironman 70.3, soit la somme des distances en miles des trois disciplines de l’évènement.

Pour les non-initiés : il s’agit d’enchainer 1 900 mètres de natation, 90 kilomètres de vélo et 21,1 kilomètres de course à pied. Un défi d’endurance colossal, mais aussi relativement accessible par tout bon athlète qui souhaite mettre le volume d’entrainement qu’il faut.

Efficace, cette nouvelle stratégie? Le temps le dira. Une chose est sûre, la « machine » Ironman est puissante pour promouvoir la distance. Sans avoir de statistiques précises, Triathlon Québec a bien senti « l’effet Tremblant », qui a popularisé l’Ironman et l’Ironman 70.3. « On voit beaucoup d’athlètes qui commencent avec un demi-ironman maintenant. Ils ne font pas de triathlons sprint, ils veulent faire « l'Ironman » ou « Tremblant »… mais d’une manière assez accessible. C’est le cas du 70.3 », commente Éric Noël, de Triathlon Québec.

Participer au Championnat du monde : un rêve accessible?

Les Championnats du monde ne sont pas à la portée de tous, mais la qualification comme « groupe d’âge » n’est pas un objectif hors d’atteinte, pour les triathlètes sérieux.

En 2014, il y avait 73 évènements Ironman 70.3 à travers le monde. Chaque course alloue un certain nombre de places pour le Championnat du monde aux trois, cinq, dix premiers « groupes d’âge ». Quelqu’un qui a déjà obtenu son laissez-passer dans une compétition précédente ou qui le refuse (parce qu’il a déjà participé au Championnat du monde, parce que l’emplacement ne l’intéresse pas, parce qu’il a un autre objectif, etc.) le laisse à la personne suivante.

« Un triathlète peut aussi participer à plusieurs Ironman 70.3 par année, voire même une dizaine, selon ses aptitudes [et son budget!], alors que ce n’est pas le cas pour un Ironman. Il a donc plusieurs chances de se qualifier », explique Bart Rolet, coach professionnel, dont plusieurs de ses athlètes se sont qualifiés.

Les « pros » – des athlètes professionnels – doivent quant à eux ramasser un certain nombre de points par de bonnes performances dans diverses courses au cours de l’année pour gagner la chance de se présenter au Championnat du monde.

Participer au Championnat du monde… comme spectateur

Il faut être prêt à se lever tôt, très tôt, pour être aux premières loges sur la plage et assister au départ de natation. Frissons dans le dos toutefois garantis. Par la suite, tout est à une dizaine de minutes de marche et près du village : la sortie de natation, la zone de transition, la sortie vers le vélo, leur retour, et la course dans le village. Un emplacement très pratique et cheerleading friendly.

Pour le Championnat du monde, le parcours de course du 70.3 a même été revu pour donner tout un spectacle : « Les athlètes sillonneront la station de Mont-Tremblant, plutôt que d’aller via le Petit train du nord. Ce sera un parcours beaucoup plus difficile, mais l’énergie y sera contagieuse et ce sera du gros fun pour les spectateurs », explique Dominique Piché. Ceux qui souhaitent suivre la course de leur salon devront se tourner vers les nouvelles sur le Web ou les médias sociaux, Ironman ayant confirmé que l’évènement ne sera pas disponible live sur son site. Une émission sera toutefois produite et diffusée cet automne.

Crédit: Ironman 70.3 TremblantPortraits d’athlètes

Une centaine de Québécois se sont qualifiés au Championnat du monde. En voici deux.

Mathieu Morin
« 35-39 ans »
4e dans son groupe d’âge en 4 h 27

Quelle est ton expérience en triathlon?

C’est seulement ma deuxième année de triathlon… mais j’ai fait de l’alpinisme et de la course de longue distance pendant une dizaine d’années, et je faisais du vélo en mode cross-training depuis quatre ans. Il y a deux ans, je ne pouvais même pas nager 50 mètres, par contre…

Qu’est-ce qui t’a attiré dans le triathlon?

J’ai vu un reportage à la télévision sur les Ironman et je me suis inscrit à l’Ironman Mont-Tremblant sans même savoir ce qu'était le triathlon.

Pourquoi le 70.3?

C’est ma distance préférée. Je peux y aller à fond, mais je sais que je ne frapperai pas le mur comme dans un Ironman. Et les Ironman, pas plus souvent qu’aux deux ans, sinon ma blonde va me tuer! Et j’ai aussi ma petite fille...

Ta préparation en vue du Championnat du monde?

Je suis dans le club de triathlon les Chickens, et j’ai eu un coach personnel, Bart Coaching. Dès l’hiver, j’ai commencé mon programme d’entrainement, et les grosses semaines ce printemps, j’y passais 18-20 heures de mon temps par semaine.

Le Championnat du monde, c’était un objectif? Un rêve? Une surprise?

Je me suis en fait qualifié l’année dernière, mais je ne m’y attendais tellement pas que j’étais parti chez moi et j’ai perdu mon spot. Cette année, je savais donc que c’était possible et c’était mon objectif de me qualifier. Finalement, j’ai en plus amélioré mon temps de 20 minutes. Cette qualification, c’est un de mes accomplissements dont je suis le plus fier.

Quelles sont tes attentes au Championnat?

Au début, c’était juste de le faire. Mon objectif était de me qualifier, et après d’en profiter, mais maintenant, je me dis, tant qu’à le faire, aussi bien le faire, alors je m’entraine pour y performer.

Ton prochain défi?

L’année prochaine, j’aimerais me qualifier pour les Championnats du monde Ironman à Kona.

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Katy Saint-Laurent
« 35-39 »
13e en 5 h 11

Quelle est ton expérience en triathlon?

C’était mon premier « vrai » triathlon… depuis 10-15 ans. J’ai fait un sprint l’année dernière, mais c’est cette année que je m’y lançais pour vrai. Plus jeune, j’ai nagé pendant 12 ans à haut niveau et j’ai fait du vélo professionnel plusieurs années.

Qu’est-ce qui t’a attirée dans le triathlon?

J’ai toujours voulu faire des triathlons. C’était mon rêve. J’ai même commencé à faire du vélo, parce que je voulais faire du triathlon. Et puis, finalement, j’ai été recrutée par l’équipe nationale à ma troisième course de vélo et j’en ai fait à temps plein. Mais le rêve « triathlon » est toujours resté!

Pourquoi le 70.3?

J’étais au Ironman 70.3 l’année dernière avec ma compagnie (KSL) et c’était tentant! Cette année, je tenais à y participer, surtout que ma sœur s’y était inscrite! L’opportunité était trop belle. Un « demi », c’est parfait comme distance. Je ne veux pas faire un Ironman, parce qu’avec mes deux enfants et mon entreprise, c’est trop!

Le Championnat du monde, c’était un objectif? Un rêve? Une surprise?

C’est sûr que comme ex-pro en vélo et ex-nageuse compétitive, je me disais que je pourrais peut-être être bonne en triathlon. Je me connais, et je sais ce dont je suis capable. Par contre, je n’étais pas sûre du calibre des autres! Dans la course, j’ai su que je me qualifiais quand je courais avec une Australienne qui avait déjà eu son spot et qui se pratiquait sur le parcours.

Ta préparation en vue du Championnat du monde?

Pas de programme, pas de coach. Mais j’ai été longtemps entrainée par Guy Thibault, alors je connais ça, les entrainements par intervalles. J’étais une athlète opportuniste : quand j’avais du temps, j’y allais.

Quelles sont tes attentes au Championnat?

J’aimerais faire mieux que ce que j’ai fait. C’était mon premier, je ne savais pas à quoi m’attendre, et là je le sais. J’aimerais avoir un résultat intéressant. Ce sont les Championnats du monde, après tout!

Ton prochain défi?

Peut-être que le Championnat du monde me donnera le gout de continuer en triathlon et d’en faire beaucoup… mais en même temps, il faut que je me retienne, parce que je suis « ailleurs » dans ma vie et que je ne vais quand même pas devenir pro! Il y a aussi la course en trail qui me tente pas mal.

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