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Randonner jusqu’au sommet: une introduction au « scrambling »

Cousin de la randonnée, petit frère de l’alpinisme, le scrambling gagne en popularité chez les adeptes de randonnée à la recherche de défis. Mais attention : cette discipline comporte des risques. Notre collaborateur vous livre ses secrets pour que votre initiation soit parfaitement sécuritaire.

Pas tout à fait de la randonnée, pas tout à fait de l’escalade… Le scrambling est à la frontière de ces deux disciplines et offre ainsi le meilleur des deux mondes : la satisfaction d’atteindre un sommet loin des foules, sans toutefois recourir à l’équipement ou à l’expertise technique de l’alpinisme ou de l’escalade.

Il n’existe pas de définition précise du scrambling. La plupart de ses adeptes vous diront qu’il s’agit d’une randonnée technique, pratiquée hors sentier et qui requiert parfois de s’aider de ses mains dans les sections les plus abruptes sans exiger de corde d’escalade ni d’appareil d’assurage. C’est l’occasion rêvée pour les randonneurs sérieux de repousser leurs limites et même, pourquoi pas, d’explorer leur intérêt pour l’alpinisme.

Cela dit, nul besoin d’être un expert pour s’y essayer sachant qu’on peut adapter son niveau de pratique à la grande variété d’excursions possibles, de la petite évasion hors sentier aux sommets les plus convoités.


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5 conseils pour s’initier au scrambling en toute sécurité


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  • Cernez les dangers

Sachez d’abord que les conséquences d’un accident en scrambling peuvent être beaucoup plus graves que durant une randonnée pédestre. Non seulement cette activité se pratique généralement hors des sentiers battus, mais elle suppose souvent de s’aventurer sur un terrain considérablement plus exposé et, donc, plus à risque de provoquer une chute, parfois fatale. Sur des sentiers non balisés, on peut s’égarer facilement dans des zones dangereuses, surtout de nuit ou lorsque la visibilité est réduite par le brouillard.

Autre facteur aggravant : la météo, susceptible d’influencer considérablement votre sortie de scrambling. Durant une randonnée sous la pluie, le risque, c’est de vous mouiller les pieds ; en scrambling, c’est de perdre l’adhésion sur les roches mouillées à proximité de falaises – une conséquence autrement plus fâcheuse. Sachez donc que cette discipline exige une grande vigilance et un bon jugement afin de trouver son chemin et… de revenir sur ses pas quand c’est plus sage.

  • Planifiez votre itinéraire

C’est la clé d’une sortie de scrambling réussie. Le cas échéant, la consultation d’un guide spécialisé – comme Scrambles in the Canadian Rockies d’Alan Kane – est fortement recommandée. Vous y trouverez les détails essentiels à l’excursion envisagée, une description détaillée de l’itinéraire et même des photos. Certains sites Web et forums de discussion peuvent constituer de bonnes sources d’information (voir encadré).

Avant de partir, vous devrez évaluer la difficulté de l’itinéraire, avoir une bonne carte mentale de l’ascension, cerner les passages difficiles et déterminer l’équipement approprié. Pour éviter de vous égarer durant l’expédition, téléchargez les coordonnées de l’itinéraire (souvent disponibles en ligne) sur votre téléphone cellulaire ou sur votre GPS. Vous serez alors en mesure de voir si vous vous écartez du sentier et d’évaluer correctement votre progression. Contacter une personne qui a déjà effectué le parcours visé est aussi une bonne façon de recueillir l’information non officielle.

  • Choisissez le bon équipement

Porter une bonne paire de bottes de randonnée confortables et offrant un bon soutien pour la cheville est essentiel. Mais le scrambling requiert aussi un équipement un peu plus spécialisé que celui d’une randonnée en sentier. Pour bien adapter le contenu de votre sac à dos, il vous faudra avoir une bonne idée de la difficulté de l’itinéraire et de la météo à prévoir. Voici les essentiels :

Bâtons rétractables : Ils sont fortement recommandés pour toute progression en terrain alpin. Ils aident notamment à maintenir son équilibre et à éviter les chutes sur une surface instable, des champs de roches par exemple, où il est très facile de perdre pied. De plus, marcher avec des bâtons permet d’économiser son énergie, un avantage lorsqu’on parcourt de longues distances. Lors des sections plus techniques, il suffit de les rétracter et de les fixer à son sac afin d’avoir les mains libres.

Casque : Selon la difficulté de l’itinéraire et l’exposition en amont, un casque homologué pour l’escalade ou l’alpinisme (EN 12 492) peut s’avérer essentiel pour pratiquer le scrambling de façon sécuritaire. Celui-ci ne sert pas à se protéger lors d’une chute, mais bien des roches qui peuvent dévaler les parois rocheuses. Il est d’autant plus utile à porter dans des destinations populaires, où les chutes de roches peuvent être provoquées par d’autres grimpeurs.

Outils de navigation : Que ce soit en combinant une carte avec une boussole et un altimètre, ou bien en se fiant à un GPS ou à une application pour téléphone cellulaire telle que Gaia GPS, il est primordial d’être en mesure de connaître en tout temps sa position lorsqu’on s’aventure hors sentier.

Piolets et crampons : Ceux-ci ne sont nécessaires que pour les ascensions plus difficiles où la présence de plaques de neige et de glace représente un potentiel accru de chute. Avant de s’aventurer dans un projet qui requiert ces outils techniques, il est fortement recommandé de suivre une formation avec un guide accrédité afin de s’assurer de les utiliser de manière sécuritaire.

Petits indispensables : Pour faire face aux imprévus en région éloignée, il est préférable d’emporter également une lampe frontale, une petite trousse de premiers soins, un briquet, un sifflet, un moyen de communication avancé (SPOT, InReach, téléphone satellite) ainsi qu’un imperméable et des couches de vêtements supplémentaires. Important : de l’eau et des vivres en quantité suffisante !

  • Commencez graduellement

Vos projets doivent être liés à votre niveau d’expérience et à votre forme physique. La complexité du terrain en dit long sur la difficulté d’une ascension. En Amérique du Nord, le système de cotation des randonnées et de l’escalade le plus utilisé est le Yosemite Decimal System (YDS) ; celui-ci répartit le terrain montagneux en cinq classes, en fonction de la difficulté et du niveau d’exposition auquel fait face le randonneur ou le grimpeur :

- Classe 1 : Randonnée sur un terrain facile.
- Classe 2 : Randonnée avec possible usage des mains lors de sections particulières. Début de la catégorie scrambling.
- Classe 3 : Scramble, lieu de pratique comportant une ou des sections d’escalade facile avec exposition modérée. Une corde devrait être prévue, sans nécessairement être utilisée.
- Classe 4 : Scramble comportant des sections d’escalade faciles, mais plus exposées. Une corde est souvent utilisée selon le niveau d’expérience et de confort des pratiquants.
- Classe 5 : Escalade. Toute chute risque d’être fatale et l’utilisation d’une corde est très fortement recommandée.

Il n’existe aucune cotation officielle pour déterminer la difficulté d’un scramble ; cependant, plusieurs guides spécialisés classent les itinéraires en trois niveaux : facile, modéré et difficile, se basant ainsi sur les classes de terrain du YDS. Un scramble coté « facile » ne comporte généralement pas de défi majeur, outre son caractère hors sentier et le défi physique potentiel qu’il représente. On y retrouvera donc majoritairement du terrain de classe 1 et parfois quelques petites sections de classe 2. Ce défi est donc généralement accessible à tous.

Une ascension « modérée » comprend de plus longues sections de classe 2 et exige des capacités de navigation alpine approfondies. Celle-ci conviendra alors aux randonneurs plus téméraires ayant une bonne préparation et un bon niveau de confort en terrain à pic. Enfin, un scramble difficile requiert un bon niveau d’expérience. Il comporte plusieurs sections de classe 3, et parfois même des sections de classes 4 et 5. Une étude préparatoire méticuleuse de l’itinéraire est essentielle, car la frontière entre scrambling, escalade et alpinisme est dans ce cas beaucoup plus mince.


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  • Évitez les erreurs de débutants

Certaines erreurs peuvent coûter très cher, entre autres : commencer son ascension trop tard dans la journée, se fixer un objectif trop ambitieux pour son niveau d’expérience et pour sa forme physique, ou encore sous-estimer les conditions météorologiques. La majorité des accidents en scrambling sont certainement dus au manque de préparation et à la témérité.


Quelques montagnes à mettre sur votre bucket list

Dans les Rocheuses canadiennes

  • Mont Temple, Alberta

Neuvième plus haut sommet des Rocheuses canadiennes, le mont Temple, avec ses 3543 m d’altitude, est assurément le scramble le plus convoité de l’Ouest canadien. Cette ascension de 8 h à 12 h débute au lac Moraine, près de la ville de Lake Louise, et grimpe sur près de 1700 m. Cette montagne est cependant le lieu de plusieurs opérations de sauvetage chaque année en raison de la complexité de son itinéraire et doit donc être considérée avec humilité. Au sommet, on se croit réellement sur le toit du monde, et ses neiges éternelles rendent l’expérience unique. Le port du casque est fortement recommandé et l’utilisation d’un piolet peut parfois s’avérer nécessaire.

  • Cascade Mountain, Alberta

On peut apercevoir cette spectaculaire montagne à partir de la rue principale de Banff. Son ascension sur plus de 18 km débute à la station de ski du mont Norquay et constitue un rite de passage obligatoire pour faire ses débuts en scrambling. Une grande partie de la randonnée se retrouve en milieu alpin, dans des champs de roches interminables. Certaines sections requièrent l’utilisation des mains pour conserver l’équilibre, mais les efforts sont vite récompensés par une splendide vue de la ville de Banff et de la vallée de la Bow.

  • Mont Rundle, Alberta

Ce sommet est lui aussi un incontournable du parc national de Banff. Même s’il ne renferme pas de sections particulièrement techniques ou exposées, ce pic implique un effort physique considérable et une expertise en orientation en milieu alpin. Son sommet, atteignable après environ 6 km d’ascension, offre une vue imprenable sur une vertigineuse falaise de plus de 1500 m.

Sur la côte est

  • Mont Kauviik, Québec

Culminant à 1646 m d’altitude, le mont Kauviik (ou mont d’Iberville) et les autres sommets dénudés du parc national Kuururjuaq sont des destinations de choix pour les scrambles les plus spectaculaires du Québec. Sans guide, une telle expédition nécessite un réel effort de planification, puisque la montagne se situe à plusieurs jours de marche de toute infrastructure, dans l’une des régions les plus sauvages du Québec. Attention : l’assaut vers le sommet de Kauviik nécessite toutefois l’utilisation d’un harnais et d’une corde d’escalade.

  • Mont Katahdin, Maine

Le mont Katahdin et ses six sommets figurent parmi les plus impressionnantes montagnes de l’est de l’Amérique du Nord. Pour y accéder, il est nécessaire de demander un permis d’accès avec le Baxter State Park. Le fameux Knife Edge, une étroite arête entre le Pamola Peak et le sommet du Katahdin, est à couper le souffle, littéralement. En ajoutant le sommet du Hamlin Peak, vous pouvez vous attendre à une boucle d’environ 18 km.

  • Huntington Ravine, New Hampshire

Ce sentier permet l’ascension du mont Washington, point culminant du nord-est des États-Unis. Avec quelques passages quasi verticaux et un dénivelé positif de plus de 1300 m, ce scramble représente un défi époustouflant.


Sources complémentaires pour la planification

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