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10 choses que j’ai apprises en un an de vélo en Asie

Pendant plus d’une année, notre collaboratrice a sillonné le continent asiatique à vélo, avec son conjoint. Et parmi toutes les choses que lui a apportées son périple, certaines l’ont marquée plus que d’autres.


Lorsque j’ai donné mon premier coup de pédale à Katmandou, au Népal, je n’étais jamais montée sur un vélo chargé de ma vie. Après deux mois de trek dans l’Himalaya, je partais en cyclotourisme pour la première fois, et ce, pour une aventure d’une durée et d’un nombre de destinations indéterminés. Tout ce que je connaissais alors était la direction que j’emprunterais : franc sud, afin de rallier l’Inde. Mon mari et moi réalisions enfin le voyage dont nous avions rêvé depuis de nombreuses années… et qui allait nous apprendre mille et une choses sur nous-mêmes et sur le monde dans lequel nous vivons. Après 13 mois et 13 000 kilomètres à pédaler dans 9 pays, voici ce que j’ai retenu de plus important.


1. La lenteur, ça fait du bien

Il y a quelque chose de satisfaisant à voir le monde défiler à 15 km/h. Les sens sont en alerte pendant que les jambes moulinent et les scènes de la vie quotidienne emplissent les yeux de leur merveilleuse répétition. Mes plus beaux souvenirs à vélo se passent au petit matin, alors que les gens s’éveillent et que la brume matinale fait lentement place aux chauds rayons du soleil. Alors que, dans un voyage plus traditionnel, on enfile les destinations afin de rentabiliser son temps, le propre du périple à vélo est de voir le paysage se transformer au fil des kilomètres et de nous faire oublier le temps qui passe.


2. La communication non verbale a ses limites

La barrière de la langue est omniprésente lorsqu’on explore l’Asie et, malheureusement, il est difficile d’avoir des contacts autres que marchands avec la population locale. Bien que le voyage à vélo permette des rencontres plus fréquentes, celles-ci sont rarement très intimes lorsqu’on ne parle pas la langue locale. Ainsi, malgré mon désir d’acquérir une connaissance approfondie des pays que je visitais, j’ai bien vite réalisé qu’il y avait des limites à ce qu’on pouvait dire avec le langage des signes.


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3. Les gens sont bons

La très grande majorité de nos rencontres ont été cordiales, positives et enrichissantes. Les gens sont généralement bons et serviables, quoique parfois un peu méfiants : une femme blanche à vélo attire évidemment l’attention en Asie. D’abord surprise par cette réalité, j’ai appris qu’un regard insistant est plus souvent un signe de curiosité que de danger et que la meilleure riposte à livrer alors est sans aucun doute le sourire.


4. Il faut se fier à son instinct

À l’égard du danger, je me suis généralement fiée à mon instinct. Étant souvent hors de ma zone de confort, j’ai dû apprendre à écouter ma voix intérieure afin de prendre d’innombrables microdécisions quotidiennes. Plus d’une fois, j’ai dû me demander si le danger que j’anticipais était réel ou perçu afin de relativiser certaines situations. Ainsi, alors que nous évoluions dans une région assez sèche du Cambodge, nous avons côtoyé plusieurs feux de brousse. À la fin d’une journée, nous avons dû évaluer la situation afin d’établir notre campement dans cet environnement hostile. Même si la peur de nous faire brûler était bien présente, le risque était davantage ressenti que réel, car nous avions choisi un emplacement situé à l’écart des feux, et bien protégé.


5. Mieux vaut se faire sa propre opinion

Comme bien des voyageurs, je traînais dans mes sacoches des guides de voyage sur les différents pays à visiter. En cyclotourisme cependant, on évolue la plupart du temps hors des destinations citées dans les livres. On découvre ainsi des endroits fantastiques autant que d’autres d’où on a hâte de partir le lendemain matin, mais ultimement, on comprend avant tout la réalité des pays, et c’est à mon avis tout ce qui importe. Je suis ainsi arrivée dans le sud-ouest de la Chine avec un certain préjugé défavorable et j’ai été renversée par la chaleur et la cordialité des gens rencontrés… Bref, on lit et on entend beaucoup de choses sur certaines régions du monde, mais sur le terrain, la réalité est parfois bien différente.


6. On peut vivre avec peu

La dure réalité de millions de personnes est la précarité et la vulnérabilité de leurs conditions de vie. J’en étais bien sûr consciente avant de partir, mais voir des gens vivre dans des huttes en terre cuite, faire leurs ablutions en modeste tenue et brûler leurs déchets sur le bord de la route a décidément mis en perspective ma vision du monde. On se sent bien libre de voyager avec notre maison sur notre vélo lorsqu’on est témoin de cette réalité, car contrairement à ces millions de personnes, nous avons la liberté de choisir où l’on va et, surtout, le moment où l’on part.


7. Il faut donner un coup de pédale à la fois

En voyageant à vélo, j’ai eu beaucoup de temps pour réfléchir. Il peut s’écouler des journées, voire des semaines entières où le paysage est plus monotone et où on s’ennuie de ses proches, alors qu’à d’autres moments, le climat et la topographie font en sorte que tout ce à quoi on a envie de penser, c’est le prochain kilomètre. Dans l’Himalaya indien, je pouvais passer une journée entière à gravir un col à 5 km/h, alors il n’y avait rien d’autre à faire que de segmenter les journées en petits objectifs et d’avancer, un coup de pédale à la fois.


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8. Prendre le temps de s’arrêter, c’est important

Dans les premières semaines de voyage, je me sentais souvent mal d’arrêter plusieurs jours au même endroit. J’étais devenue si conditionnée à changer de lieu chaque jour que demeurer statique plus d’une journée me semblait contre-intuitif. Mais j’ai compris au fil du voyage que ces moments de repos étaient nécessaires afin de recharger mes batteries, et qu’ils offraient des occasions uniques de m’imprégner de la culture locale. L’Asie est un continent où la vie se déroule en public et j’en ai appris beaucoup simplement en sirotant un chai et en regardant les gens passer.


9. Pédaler à deux, ça rapproche

En voyageant ensemble pendant plus d’un an, mon mari et moi avons évidemment tissé des liens et des souvenirs incomparables. Lors de cette aventure, nous avons appris à travailler ensemble, à nous entraider, à nous compléter. Nous avons vécu autant de périodes d’euphorie que de moments difficiles et, ce faisant, nous avons appris d’innombrables choses l’un sur l’autre. Le plus grand apprentissage que je tire de ce voyage est sans doute cette compréhension intime que j’ai de moi-même et de mon partenaire de vie.


10. Rien n’est parfait

Enfin, l’ultime chose que j’ai apprise lors de ce périple, c’est qu’aucun voyage n’est parfait. J’ai imaginé celui-là et j’en ai rêvé pendant si longtemps avant de le vivre que je l’avais en quelque sorte idéalisé. On a beau lire, s’informer et demander des conseils, en fin de compte, il faut partir afin de découvrir la réalité. Alors rien ne sert de tout organiser, car ce sont les choses qu’on n’a pas prévues qui entraînent les souvenirs les plus mémorables!

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