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  • Crédit: Marc Loiselle, Sépaq

Parcs nationaux : retour vers le futur

Rome ne s’est pas faite en un jour… Les parcs nationaux non plus ! Avant leur ouverture au public, leur création est un long parcours semé d’embûches, de surprises et de défis souvent insoupçonnés des visiteurs.

Côte-de-Charlevoix : un futur succès ?

Au Québec, il existe aujourd’hui 26 parcs de la Sépaq et plusieurs autres en projets. Le parc national rêvé par Sylvain Tremblay, préfet de la MRC de Charlevoix-Est, est gros, très gros. Il s’étirerait sur 62 km, suivant la côte du Saint-Laurent, entre Saint-Siméon, village dont il est maire et Baie-Sainte-Catherine. « Le long de la route 138, à mi-chemin entre les oies du cap Tourmente et les baleines de Tadoussac. Il deviendra certainement l’un des plus achalandés du Québec! » Pourtant, rien ne garantit qu’un parc national sera créé le long des côtes de Charlevoix. Une « zone de biodiversité projetée » a bien été décrétée par le gouvernement Marois en 2014, mais il s’agit seulement de la première phase du processus. Le dossier n’a pas avancé depuis. Le développement est donc encore loin d’être confié à la Sépaq. « Avec le changement de gouvernement, le projet est mis en suspens. Il ne manque pourtant plus que l’étape du décret du ministère qui instaure le secteur comme parc national. Nous y sommes presque », s’indigne M. Tremblay. Selon lui, si le projet se réalise, toute la population de la région aurait beaucoup à gagner: «Avec ce quatrième parc national, Charlevoix deviendrait l’une des régions avec le plus de zones protégées au Québec. C’est un projet environnemental mais aussi socio-économique, avec l’espoir d’un achalandage important pour nos villages dévitalisés. » Si l’on en croit les chiffres de la Sépaq, à chaque jour de visite dans un parc national, 65,89 $ sont dépensés à l'extérieur de son territoire.

Pour le moment, le titre de zone de biodiversité projetée interdit toute activité minière, forestière ou tout projet de construction sur la zone protégée. Mais celui-ci n’est valide que quatre ans et cessera d’ici juillet 2018. Espérons que le Ministère se penche à nouveau sur le dossier d’ici là.

Opémican : déjouer les difficultés

Crédit: Sépaq

Autre parc, autres défis. Celui d’Opémican, situé sur les rives du lac Témiscamingue, a été créé en 2013. Pourtant, ses portes sont encore loin d’être ouvertes aux visiteurs. Un long travail de deux à trois ans de planification et d’aménagement est à prévoir avant l’ouverture officielle. Trois défis de taille attendent l’équipe du parc : la décontamination de la pointe Opémican, souillée par un ancien dépotoir d’huile de chauffage; la valorisation de bâtiments industriels et résidentiels d’un ancien village; et la gestion du territoire en association avec les communautés autochtones de la région.

Le parc doit également trouver le meilleur moyen de valoriser ses trésors. Certains attraits naturels comme le gigantesque lac Témiscamingue et les rapides de la rivière Kipawa distinguent Opémican des autres parcs. André Despatie, directeur des opérateurs, travaille sur la stratégie à adopter pour la mise en valeur de ces attraits : « Allons-nous offrir des activités comme le kayak de rivière ou le rafting à nos visiteurs? Nous pensons même à une stratégie ciblant éventuellement l’Ontario voisin ». Nombre d’emplacements dans le futur camping, grandeur du stationnement, vocation des sentiers, etc., tous ces éléments sont à déterminer avant d’échafauder un plan d’aménagement. « Il faut aussi prendre en compte certaines contraintes comme celles qui entourent les bâtiments historiques présents sur notre territoire. Nous voulons faire revivre le passé aux visiteurs. Mais conserver leur valeur patrimoniale sera un sacré enjeu en termes de rénovation et de valorisation. »

L’ouverture du parc est prévue pour 2017. La Sépaq est cependant toujours en attente des investissements du gouvernement pour compléter les aménagements. Plusieurs travaux sont en cours mais il manque l’enveloppe financière finale.

Lac-Témiscouata : une histoire à rebondissements

Crédit: Marc Loiselle, Sépaq

Quand on creuse les fondations d’un parc, on ne sait pas toujours sur quoi on va tomber : un coup de pelle donné dans le secteur du lac Touladi, dans le parc national du Lac-Témiscouata, a permis de découvrir plus de 1 200 artefacts datant d’il y a 2 000 ans. « Des 31 sites archéologiques repérés sur le territoire avant l’ouverture en 2013, nous en sommes à 52 aujourd’hui! » indique Pierre-Emmanuel Chaillon, responsable de la conservation et de l’éducation.

Dernier né du réseau de la Sépaq, avec plus de 82 766 jours de visite après deux ans d’existence, ce parc de l’arrière-pays du Bas-Saint-Laurent jouit d’un succès incontestable. Outre ses forêts et ses lacs, superbes pour le canot-camping et la randonnée, on mise avant tout sur le patrimoine culturel du sol. « Nous avons plus de vestiges de la présence millénaire amérindienne que partout ailleurs dans le réseau des parcs. C’est donc naturel que nous privilégiions la valeur archéologique de notre territoire », continue Pierre-Emmanuel Chaillon.

Une richesse enfouie qui a pourtant donné du fil à retordre à plusieurs reprises. Lors de la phase d’aménagement, entre 2009 et 2013, suite à la découverte de petites orchidées — des plantes rares à protéger —, M. Chagnon et son équipe ont d’abord dû modifier le tracé du sentier pédestre de la montagne du Fourneau. Puis, après la découverte d’un important site archéologique, il a fallu dévier le parcours de la piste cyclable. « Notre mission est de trouver un équilibre entre la conservation des attraits naturels et leur mise en valeur. Nous ne voulons pas garder les connaissances recueillies lors de ces découvertes, ni même les mettre sous cloche, mais les partager avec nos visiteurs. C’est pourquoi les ateliers de fouille avec le public sont importants pour le sensibiliser et l’éduquer. »

Ces activités de recherche aux côtés des archéologues du parc sont ouvertes tout l’été aux visiteurs. Depuis deux ans, plusieurs centaines de vestiges ont été retrouvées. La preuve que la création d’un parc et son aménagement ne sont que la genèse de sa vie.

Une santé qui s’entretient

Créé en 2000, le parc des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie a connu une importante période de rénovation en 2014 avec la reconstruction complète du barrage des Érables, une ancienne structure en bois qui datait de 1958. D’importants travaux de mise en valeur ont également permis la réalisation d’une passerelle piétonnière au-dessus de la rivière Malbaie et la création du nouveau sentier, Les Rapides, de 9 km. Une fermeture qui aura duré un an, le temps de refaire une santé au parc national charlevoisien.

La vitalité d’un parc se voit aussi dans ses agrandissements. Ce fut le cas du parc national du Mont-Mégantic qui a ouvert le secteur de Franceville en 2011. Ce sera bientôt au tour du parc national du Mont-Orford de protéger une nouvelle aire naturelle de plus de 45 km2, dans les environs du Val-Saint-François. Un projet qui doublera, à terme, sa superficie actuelle. Encore plus de sentiers et de montagnes à arpenter? Pour le moment, aucune date n’a été annoncée quant à l’ouverture de ce nouveau secteur.

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