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  • Vélo de route électrique © Giant

Vélo : la révolution électrique arrive au Québec

Au cours des dernières années, le vélo électrique a fait exploser la croissance des ventes de vélos, partout sur la planète, remplaçant plusieurs voitures en ville et soulevant bien des sourcils chez les puristes. Et si l'avenir de la petite reine passait par l'assistance électrique? 

La première fois où Pascal Germain a essayé le Specialized Levo Turbo, un fatbike à assistance électrique, il a tout de suite été envoûté. " C'est fou toutes les possibilités que ça ouvre, lance ce cycliste d'expérience de Sept-Îles, qui parcourt plus de 3 000 km par année sur son vélo de route. Ça me permet d'accéder à de superbes sentiers de quad et de rouler dans la grosse bouette, de monter le mont Gallix ou encore de faire une randonnée de 40 km dans le sable mou sur la plage! " 


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Surpris de le voir sur un vélo à batterie, plusieurs de ses amis trouvaient qu'il trichait alors que l'homme, qui a participé quatre fois au Grand Défi Pierre Lavoie, est un athlète accompli. " Je travaille autant physiquement, mais je peux maintenant aller plus loin et monter où je veux, lance-t-il en riant. Jamais je n'aurais pensé avoir ce type de vélo; il faut l'essayer pour accéder à cette sensation exceptionnelle! Je dis à tous mes amis de ne pas le faire, parce que je sais qu'ils vont tomber en amour ben raide! "Comme plusieurs cyclistes, Pascal Germain était d'abord un puriste qui s'est laissé charmer par l'aisance de pédaler sur un vélo à assistance électrique, car chaque foulée produit généralement de 25 à 300 % plus de puissance, selon le degré d'assistance sélectionné. Après une pause de vélo de montagne qui a duré près de 30 ans, Charles Boivin a lui aussi décidé de miser sur un fatbike électrique pour retourner sur les pistes, en construisant lui-même son vélo avec un kit acheté en Asie. " Avec l'assistance électrique, il n'y a plus rien qui puisse m'arrêter ", lance-t-il. Aujourd'hui âgé de 61 ans, Charles a ainsi réussi à faire la traversée du lac Saint-Jean en plein blizzard, en 2016, ainsi que dans la neige molle, cette année, alors que seuls quelques cyclistes ont complété le parcours.  

" Quand j'ai recommencé en vélo de montagne à 53 ans, la patate voulait me sauter, et j'étais brûlé après 15 km, dit-il. Avec un vélo à assistance électrique, je peux faire du cardio un peu plus soft, avoir du plaisir et aller plus loin. "


© Scott

En plus de rendre le vélo plus accessible aux gens moins en forme, le vélo électrique permet d'harmoniser la vitesse dans un groupe. " On peut ainsi amener les ados, les parents et les grands-parents dans le même tour, même s'ils n'ont pas le même niveau de condition physique ", dit Audrey Leclerc, propriétaire de D-Tour, une entreprise de location et de tours guidés de e-fatbike à Mont-Tremblant. En montagne comme sur la route, de plus en plus de touristes souhaitent avoir l'option électrique, souligne Hughes Ouellet, propriétaire d'Equinox Aventure, une entreprise de vélo d'Alma. Hughes s'est procuré des modèles électriques pour répondre aux demandes répétées des voyagistes états-uniens. " Plusieurs personnes d'un certain âge préfèrent ne pas se casser la tête, surtout quand ils se joignent à un groupe de cyclistes aguerris ", dit-il. 

Avec le vieillissement de la population, de plus en plus de cyclistes miseront sur ce type de vélo pour voir du pays tout en se gardant en forme, estime David Lecointre, directeur général de la Véloroute des Bleuets, qui compte par ailleurs plusieurs bénévoles de plus de 80 ans qui parcourent la véloroute sur leur monture électrique. " Le vélo à assistance électrique n'est pas un vélo pour les fainéants, les malades ou les vieux, dit-il. Il permet de vivre une expérience différente et d'aller plus loin. "


© Devinci

Voyant venir la vague, Devinci vient d'ailleurs de lancer ses premiers modèles à assistance électrique (route, montagne et fatbike) qui font fureur en Europe et qui intéressent de plus en plus de consommateurs en Amérique du Nord, assure Julien Boulay, chef de marque du fabricant de Saguenay. " Ces vélos permettent même de joindre la génération adepte de jeux vidéo, moins habitués à l'effort physique, dit-il. C'est une bonne porte d'entrée pour le sport. "

L'explosion des vélos électrique

Alors que les ventes de vélos traditionnels stagnent, les ventes de e-bikes ne cessent de croître, partout sur la planète. En Chine seulement, le nombre d'unités vendues est passé de 300 000 en 2000 à plus de 33 millions en 2016. 

En Allemagne, 700 000 vélos électriques ont été vendus en 2017, une croissance de 12 % par rapport à l'année précédente, si bien que 15 % des vélos en Allemagne sont désormais électriques. En Belgique, cette proportion atteindrait même 45 %. 

Cette croissance est en partie stimulée par les gouvernements qui subventionnent l'achat de vélos électriques pour tenter de retirer des voitures des routes. Par exemple, la Belgique offre un incitatif fiscal pour le vélo-travail permettant aux employeurs d'offrir à leurs employés 0,23 euro par kilomètre pédalé. En 2016, la France a mis en place un crédit de 200 euros à l'achat d'un vélo électrique, ce qui a entraîné une croissance des ventes de 31 % l'année suivante. Pendant ce temps, la Suède offre une subvention de 25 % (1000 euros maximum) et Oslo, en Norvège, propose une aide de 1200 $ à l'achat d'un e-vélo. 


© Scott

Même si l'industrie nord-américaine accuse un certain retard par rapport à l'Europe, elle connaît elle aussi une explosion sans précédent, avec une croissance annuelle de près de 50 %, constate Morgan Lemmele, gestionnaire des campagnes de vélos électriques pour la coalition People For Bikes, qui est le plus gros lobby du vélo aux États-Unis.

Au cours des dernières années, une bonne partie de la croissance mondiale provient de la vente de e-vélos de montagne électriques. Bien acceptés en Europe, où les vélos électriques sont présents depuis plusieurs années (en France, ils ont connu une augmentation des ventes de 72 % en 2016), leur arrivée crée beaucoup plus de remous au pays de l'oncle Sam.

Pendant ce temps-là, aux États…

Dans plusieurs États (Washington, Utah…), les vélos de montagne électriques sont interdits dans la plupart des sentiers, car on les considère comme des véhicules motorisés (le US Forest Service et le Bureau of Land Management interdit également les e-bikes dans les sentiers de vélo de montagne). C'est également le cas à Kingdom Trail, dans le Vermont : " Nos sentiers sont sur des terrains privés et nous avons une entente avec les propriétaires qui stipule que les véhicules motorisés sont interdits ", explique Abigail Long, directrice du réputé centre de vélo de montagne. Avec 94 000 visiteurs l'an dernier et une croissance de 15 % annuellement, le centre préfère gérer sa croissance plutôt que d'ouvrir ses sentiers à de nouveaux utilisateurs. 

Pour remédier à la situation, People for bikes tente de convaincre les divers paliers de gouvernement d'admettre les vélos électriques en montagne, partout au États-Unis. " On veut que la pratique augmente, c'est ce qui poussera les promoteurs à aménager plus de sentiers. Et plus de gens seront en meilleure forme physique ", soutient Morgan Lommele.

 © Giant

Malgré les réticences de plusieurs adeptes, le vent est en train de tourner pour le vélo de montagne électrique. D'abord contre l'idée d'accepter les e-mountainbikes (eMTB), l'International Mountain Bike Association (IMBA) a changé d'idée l'automne dernier et appuie désormais l'accès des vélos à assistance électrique (classe 1) dans les sentiers.  

Au Québec, la Sépaq, Bromont, Mont-Sainte-Anne et Vallée Bras-du-Nord acceptent les vélos électriques, mais dans ce dernier cas, on souhaite se pencher sur le sujet prochainement pour prendre une décision plus approfondie. 

Joël Gaudreault, un adepte de vélo de montagne, compte bien en profiter, car après avoir fait de la compétition de cross-country pendant plusieurs années, il souhaite maintenant se concentrer sur ce qu'il aime le plus, la technique et la descente… sans s'arracher le cœur. " Je suis aussi essoufflé qu'avant, mais je prends maintenant moins de pauses  ", dit l'homme qui s'est acheté une monture électrique de marque Moustache. Plus besoin de remontée mécanique pour les amateurs de descente, car le vélo fournit assez de puissance pour monter sans trop se fatiguer. " 

L'arrivée des vélos de montagne électriques dérange, au même titre que les vélos de montagne ont indisposé les randonneurs, dans les années 1980. Selon David Lecointre, il est normal que les gens aient parfois peur de la nouveauté, mais en fin de compte, le vélo électrique permettra à plus de monde de continuer à faire du sport, ou de commencer à en faire…


Réglementation au Québec


© Moustache

Au Québec, l'âge minimal pour piloter un vélo électrique est de 14 ans et un permis de cyclomoteur (classe 6D) est nécessaire jusqu'à 17 ans. 

Il existe trois classes de vélos électriques. 

  • Classe 1 : Assistance au pédalage. À chaque coup de pédale, le vélo fournit de 25 à 300 % plus de puissance selon le mode de conduite sélectionné. Généralement accepté sur les pistes cyclables et les sentiers en forêt. Peut atteindre 32 km/h.
  • Classe 2: Moteur sur demande. Le moteur électrique peut être activé pour rouler sans pédaler ou offrir de l'assistance. Peut atteindre 32 km/h. 
  • Classe 3 : Assistance au pédalage. Peut atteindre 48 km/h. 

Surf et skate électrique

Le monde de la planche à roulettes est aussi en pleine mutation avec l'arrivée des moteurs électriques dans les roues. Il est même possible de monter des côtes sur son skate en zigzaguant! De plus en plus d'adeptes de surf et de surf-foil à propulsion électrique se font aussi remarquer, sur les plans d'eau du Québec et d'ailleurs. Une histoire à suivre…


Carte pour la pratique du vélo de montagne électrique aux États-Unis

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