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  • Randonnée dans la Vallée des Fantômes, parc national des Monts Valins © Sépaq

Vivre la longue randonnée hivernale

Faire une pause de randonnée durant l’hiver? Pas question!

Autour, au parc national des Monts-Valins, tout était blanc. Dix adultes s’y étaient donnés rendez-vous, dix enfants s’y sont retrouvés. Des heures de randonnée hors piste à laisser leurs traces dans un paysage féérique bien loin des contraintes quotidiennes, des heures à rire. « En randonnée l’hiver, tu ne penses plus à rien. C’est le calme total. L’air est encore plus pur. C’est zen », décrit Carole Roy, adepte de randonnées hivernales. « On ne devrait pas se laisser intimider par l’hiver », lance l’aide-guide.

L’aventure accessible

Il est vrai qu’une longue randonnée hivernale demande un peu plus de planification qu'une randonnée estivale. Mais à peine, si l'on met de côté la nuit sous la belle étoile.

Le nerf de la guerre en hiver? Rester au sec pour ne pas attraper froid. Durant plusieurs journées, cet objectif se réalise avec des vêtements qui sèchent rapidement, une première couche de vêtements propres pour chaque jour d’expédition et plusieurs options de couches supplémentaires dans le sac à dos afin de s’adapter à la météo changeante sommet après sommet ou même en cours de montée.

 « Une fois, on est parti en expédition deux jours : la première journée, il faisait soleil et moins 25C, puis nous avons eu du verglas le lendemain. Il faut être prêt à tout », raconte Pierre Duff, un adepte qui randonne depuis une quarantaine d’années. Passer d’un extrême à l’autre est néanmoins exceptionnel. Un des avantages indéniables de la randonnée hivernale : il ne pleut (pratiquement) jamais. « Quand le ciel se couvre et devient tout gris, on ne craint pas la pluie. Si ça se met à tomber, ce sera juste plus beau avec la neige », dit le randonneur.


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Partir en expédition l’hiver, c’est partir à l’aventure. Le climat nous entoure des pieds à la tête, tellement qu’on s’y sent particulièrement vulnérable. En même temps, on s’y sent à notre place, en se déplaçant sans bruit, un pas à la fois, dans un environnement d’un calme contagieux. La nature comme un tableau vierge monochrome où les sens parviennent à se concentrer sur ce qui les entoure, doucement : une aventure zen bienvenue après un quotidien aux mille stimulations!

« Quand on arrive au refuge le soir, c’est un peu comme le trophée de notre journée. Ce n’est pas un hôtel cinq étoiles, mais ça ne pourrait pas être mieux. Tu alimentes ton feu, te fais une bonne bouffe, et tu savoures, tout simplement », raconte Carole Roy. L’apothéose du confort bien mérité, une chaleur bien méritée après une journée où l’effort nous a gardés à la bonne température, pas après pas. Mais l’aventure n’est pas terminée. « Les loups qui hurlent, tout autour de notre refuge. Si près. Je m’en souviendrai toujours… », témoigne Pierre Duff. Et on recommence le lendemain.

Expérience marquante à mettre à l’agenda cet hiver

Le temps d’une fin de semaine de randonnée hivernale, les sensations sont telles que le moment présent prend toute la place. Décrochage garanti. Les journées plus courtes ont du bon : elles rendent possible l’expérience de vivre un coucher de soleil en montagne avec une excursion d’une journée. « On prévoit le coup en partant vers midi, on grimpe pour arriver au sommet vers 15 h-15 h 30, puis on admire le coucher de soleil. La descente à la frontale est aussi une expérience surréelle. Le noir tout autour, le blanc tout autour, et nos pas dans le calme. Souvent, on planifie de telles randonnées les soirs de pleine lune. C’est magique! », raconte Carole Roy, aussi responsable de la planification des voyages à Détour Nature. En longue randonnée, on profite en plus des levers du soleil, moins matinaux que durant la belle saison. On aime regarder la journée se réveiller, café ou bâtons de marche en main.


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Conseils de pro

Opter pour le multicouche!

Encore? Oui, encore! C’est l’erreur numéro un : on regarde le thermomètre, on a peur, on oublie. Résultat : on s’habille comme si on allait attendre l’autobus en plein air et on surchauffe après dix minutes d’effort. En haut de -25oC, on choisit un manteau léger et bien aéré, sous lequel on met une première couche et un petit polar. En cas de doute, ou si un haut sommet est au programme, on apporte une couche supplémentaire dans notre sac à dos. Ce qu’on traine en double? Des mitaines et des bas. « Il vaut mieux l’avoir en trop que l’avoir en moins », dit Carole Roy.

Ne pas oublier de s’hydrater

« On a tout aussi besoin d’eau l’hiver. On fait un effort considérable, on doit rester bien hydraté », prévient Pierre Duff. Pratique : l’eau nous entoure, peu importe le sentier. Il vaut mieux faire fondre et bouillir la neige avant de boire son eau, pour éliminer tout agent indésirable et pour éviter de se refroidir en tentant d’assécher sa soif.

Réserver, réserver, réserver

Si l'on ne souhaite pas une nuit surprise à la belle étoile, on doit penser à réserver sa place en refuge. « Les refuges sont beaucoup plus utilisés l’hiver que l’été. Il faut s'y prendre un peu d’avance », prévient le randonneur.

Les lean-to ou appentis, ces refuges ouverts, sont à considérer si les refuges ne sont pas disponibles sur votre itinéraire. Leur toit et les murs protègent du vent, et le sol permet d’éviter de devoir pelleter sa place pour y nicher son sac de couchage (ne jamais se coucher directement sur la neige! La chaleur de notre corps la fera fondre et on se retrouvera trempé).

Ne pas suivre des traces aveuglément

On risque de faire les mêmes erreurs que ceux qui sont passés avant nous ou de suivre leur itinéraire sans penser au nôtre.

Attention à la noirceur

Les journées sont courtes pendant l’hiver, et le soleil, paresseux. Il vaut mieux partir plus tôt pour éviter d’être surpris par la noirceur hâtive de fin d’après-midi. Toujours apporter une lampe frontale pour les imprévus.

Partir en groupe d’au moins trois randonneurs

C’est la même règle qu’en cas de randonnée estivale, sur laquelle on insiste toutefois un peu plus, surtout si l'on planifie explorer des sentiers sauvages. En cas de mésaventure (par exemple en tombant dans ces trous de neige qui peuvent se former autour des arbres), on sera heureux d’avoir une ou deux paires de bras pour nous tirer du pétrin…et puis pour en rire après coup.

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