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  • Mylène Paquette et son mentor, Hermel Lavoie. © Facebook Mylène Paquette

Chronique de Mylène Paquette: la vérité sur les mentors

Au printemps dernier, nous étions quelques aventuriers à nous unir pour offrir une journée de formation à plusieurs adeptes de voyages d’aventure, dans le cadre de la classe de maîtres organisée par Frédéric Dion. De partout au Québec, les passionnés présents désiraient connaître les trucs et astuces des orateurs de la journée. Devant une salle pleine d’ambition, j’ai partagé une facette de mon histoire.  

Si j’étais l’un des « maîtres » à présenter une conférence ce jour-là, j’ai aussi eu l’impression d’être une grande sœur, une conseillère. En m’y préparant, j’ai repensé à tous ceux qui me sollicitent pour les accompagner et les soutenir dans l’atteinte de leurs rêves.

Approchée régulièrement pour être mentore ou marraine, je suis malheureusement contrainte de décliner ces demandes, bien que les projets qu’on me soumet soient tous plus intéressants les uns que les autres. Que ce soit par manque de temps ou de ressources, c’est rarement par manque d’intérêt envers les aventuriers et leurs projets que je dois passer mon tour.

Si, avant ma grande aventure à la rame sur l’océan, j’ai appris à me faire dire « non » à travers les demandes de toutes sortes que j’ai eu à formuler, j’ai appris à ne plus dire oui et à refuser, à la suite de mon odyssée.

Malgré tout, je suis convaincue qu’il existe un mentor d’aventure pour chaque aventurier en herbe qui prend du galon. Suffit de savoir le dénicher — ou de les dénicher : parfois, un mentor ne suffit pas!

Ceux que j’ai croisés sur ma route ne sont pas issus du milieu des aventuriers québécois, encore moins de celui des navigateurs professionnels. Non. Les mentors avec qui j’ai développé des relations solides et profondes étaient des gens comme tout le monde.

Je ne crois pas qu’il soit essentiel qu’un mentor provienne d’un milieu identique à celui dans lequel on évolue. Il va sans dire que l’expérience doit être de mise, mais les critères qui font d’une personne un bon mentor sont plutôt le désir de partager, la forte ambition de voir l’apprenti réussir et la conviction profonde de pouvoir apporter quelque chose de plus à un rêve.

Mes mentors ont d’abord été des connaissances. Ils sont devenus des amis, des êtres chers et, par la suite, presque des grands frères. Je crois que l’engagement, l’attachement et la confiance l’emportent sur le reste. Et comme ces choses n’arrivent pas sur demande, ces liens forts se sont forgés avec le temps et l’expérience.

J’ai rencontré mon premier mentor — qui l’est d’ailleurs encore aujourd’hui — après ma première transat à la rame et en équipage, en 2010. Benoit Marsan m’avait invitée dans la classe du cours en ressources humaines où il enseignait à des étudiants à la maîtrise. J’ai senti qu’il reconnaissait mon potentiel dès nos premiers échanges, puisqu’il avait été l’un des premiers à me demander de présenter une conférence portant sur le travail d’équipe. Par son ouverture envers moi et mon projet, par sa présence bienveillante, j’ai su que cette personne resterait autour de moi jusqu’au bout de l’aventure, et même par la suite.

Mon second mentor, Hermel Lavoie, a joué ce rôle durant plus de cinq ans, et il s’est même mis à remplir d’autres fonctions connexes bien plus grandes que celles réservées normalement à un conseiller. Au-delà de son rôle de guide, il a été mon trésorier, mon stratège, mon directeur de chantier, mon conseiller technique, mon bras droit. Et, jusque dans les derniers mois précédant son décès, il est demeuré mon meilleur ami.

D’aussi loin que je me souvienne, mes mentors ont toujours été disponibles, présents, ouverts et à l’écoute en toute occasion, à tout moment. Ils ont su recevoir mes doutes autant qu’ils ont su partager avec moi mes plus grandes réussites.

Et si ces amis sont devenus mes mentors, c’est qu’à la base, nous avions une confiance réciproque et indéfectible, puisqu’ils ont cru en moi, et parfois même beaucoup plus que je ne pouvais le faire pour moi-même.

Trouver son mentor

Je suis convaincue qu’une personne n’a pas besoin d’être allée elle-même braver vents et marées pour devenir le mentor d’un aventurier ayant soif de traverser l’océan. Il n’a pas non plus besoin d’avoir excellé précisément dans le même domaine que le défi convoité.

Même si mon ami Hermel donnait l’impression d’être ce vieux loup de mer prêt à transmettre un héritage de connaissances à la jeune rameuse que j’étais, il était plutôt inexpérimenté dans la navigation hauturière. Avec une expérience dans un domaine connexe au mien, soit la navigation fluviale, le nautisme, la gestion de projet, il avait la curiosité qu’il fallait pour m’accompagner.

Bien qu’un mentor soit expérimenté dans un domaine similaire, il me semble impossible qu’il puisse apporter de bons conseils dans tous les aspects d’un projet. D’où l’importance, selon moi, d’avoir plus d’un conseiller.

Pour sa part, Benoit a toujours été prêt à m’épauler pour éviter les embûches qui pouvaient se présenter sur mon chemin. Comme il évolue dans le domaine des ressources humaines et du management, il m’a apporté du soutien dans la gestion du personnel et des bénévoles autant que pour m’aider à reconnaître les tâches auxquelles accorder la priorité et dans la prise de décision. Encore aujourd’hui, grâce à son regard orienté vers les solutions, il sait me guider pour que je puisse y voir plus clair. Un mentor est là pour éclairer notre lanterne et nous montrer la prochaine étape à franchir pour avancer. Il sait tenir la main sans prendre les devants.

Généreux, mes mentors ont su me faire profiter de leurs réseaux de contacts pour me faire évoluer beaucoup plus vite que si j’avais été seule. Ils m’ont apporté leur savoir-faire et leur savoir-être.

La relation mentor-mentoré se bâtit sur le long terme, c’est une relation qui s’installe doucement et qui demande un investissement de confiance et de temps. Attentif et sage, un mentor sait respecter les choix et les décisions de son apprenti, ce qui n’est pas toujours facile!

La mentorée mentore

Depuis ma grande aventure, j’ai moi aussi été mentore à quelques occasions. Entre mon apport au projet de mes amis kayakistes du Défi Go Fetch et les conseils prodigués à un ami, Joseph Gagnon, qui est probablement encore en train de ramer quelque part entre deux vagues sur l’océan, j’ai autant collaboré à des projets environnementaux qu’à des voyages d’aventure. Que ce soit pour mettre des gens en contact ou pour réfléchir à toutes les avenues possibles d’un projet, à des pistes de solution ou à des retombées possibles, mes conseils étaient reçus avec confiance et intérêt.

Le dénominateur commun de toutes mes expériences de mentorat reste le même : ces relations privilégiées naissent d’une rencontre, parfois inédite, mais toujours humaine.

 À chaque aventure de collaboration, j’ai enfin réalisé que si mes mentors m’ont aidée à évoluer vers le meilleur de moi-même, ils m’ont aussi aidée dans quelque chose que je n’avais pas soupçonné jusqu’au moment d’écrire ces lignes : ils m’ont montré la voie à suivre pour devenir un bon mentor à mon tour!

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