Rechercher dans le site espaces.ca
  • © Facebook de Mylène Paquette

Mylène Paquette : L'aventure connectée

Aurais-je eu envie de me lancer à travers l'océan sans être connectée à la terre ferme par tous les moyens de communication dont j'ai disposé durant mon voyage? À cette question qu'on m'adresse régulièrement, je réponds sans hésitation : non.

Afin de m'assurer de mener à bien mon expédition et de demeurer en sécurité, je désirais être entourée d'une équipe pouvant intervenir à distance et se creuser les méninges avec moi, advenant une situation délicate. Même si j'étais isolée sur l'océan, le travail d'équipe demeurait essentiel au bon déroulement de mon aventure.

De plus, je n'avais pas envie de me sentir seule psychologiquement. J'étais prête à accepter une coupure de contact advenant une avarie, mais ce n'était pas là mon premier choix!

Aujourd'hui, en mer comme au quotidien, nous sommes plus connectés que jamais.


© Facebook de Mylène Paquette

Nous avons un compte Instagram, plusieurs abonnés sur Twitter, une multitude d'amis Facebook ou une application WhatsApp bien à jour. Même ceux qui boudent encore ces outils sont joignables par texto, par courriel ou à partir de leur cellulaire. On peut communiquer partout, de partout, en tout temps.

Se déconnecter des autres est même devenu quasi inimaginable. Et si on veut s'éloigner des sentiers battus, l'idée de se débrancher frise même l'inconscience. Pour plusieurs, partir de chez soi 24 heures sans téléphone représente un risque de haut niveau.

Même si cette hyperconnectivité apporte son lot de services et de commodités, il semble qu'il soit de plus en plus difficile d'être déconnecté et de se retrouver seul au milieu de nulle part...

Administrer l'aventure

Dans le monde du plein air, le fait de garder le contact augmente les chances de succès et assure le bon déroulement des expéditions, mais l'omniprésence des communications implique aussi une certaine ambiguïté. Car en étouffant les imprévus, la connexion affecte l'expérience de la solitude et de l'isolement. Or, cet isolement est bien souvent ce qui nous attire vers les endroits les plus reculés de la planète.

L'image romantique d'une personne seule au beau milieu de l'océan prend une nouvelle dimension lorsqu'on sait qu'une connexion Internet est accessible depuis son embarcation!

Les outils de communication et la technologie sont devenus des éléments non négligeables pour la réalisation d'expéditions d'envergure, et rester connecté permet d'aller plus loin. Même si ce n'est pas là ce qui permet de créer l'aventure, la connexion la favorise et la rend beaucoup plus soutenable; comme la technologie, elle optimise la faisabilité des expéditions.


© Facebook de Mylène Paquette

Pour ma part, l'expérience d'une traversée à la rame me serait apparue totalement répugnante si j'avais envisagé de la faire avec les mêmes moyens technologiques que ceux que mes prédécesseurs ont utilisés, quelques décennies auparavant.

À l'ère actuelle, alors que la portée et l'étendue des communications ne font que s'amplifier, le voyage change de visage; il ne forme plus un amalgame d'aléas proposés par la Nature, mais plutôt un mode de vie administré et rendu possible grâce à la technologie et aux moyens dont on dispose pour communiquer.

Et les réseaux sociaux, dans tout ça?

Il est maintenant rare de partir en voyage sans l'exposer sur nos réseaux. Autant pour informer nos proches que pour raconter notre expérience, il est désormais courant d'utiliser nos plateformes pour communiquer.

Certains adeptes des réseaux sociaux sont si engagés sur leurs comptes qu'il leur semble impossible de créer une rupture avec le virtuel, le temps d'une excursion. D'autres diront que partir connecté, ce n'est que partir à moitié. Pour ma part, je crois que, Wi-Fi, pas Wi-Fi, partage de connexion ou pas, le vrai voyage commence quand on se déconnecte psychologiquement du quotidien et aussitôt qu'on s'adapte à son nouvel environnement.

Tant que le besoin de " se sentir libre " dépasse le besoin de " se sentir connecté ", on reste présent dans l'expérience de l'aventure et non pas accroché à ses relations à distance.

Peut-on encore être isolé quelque part?

Ceux qui s'imaginent que la distance ne suffit plus pour s'isoler sont dans l'erreur. L'isolement, le vrai, naît du manque d'interactions humaines, d'empathie et de réciprocité, bien avant d'être causé par la distance. Je crois que la connexion réelle passe par le cœur, que ce soit par une image, un mot, un son. Et ce sont les émotions ressenties qui nous prouvent qu'on est connecté à soi et aux autres.

Je crois aussi qu'il n'y a pas d'isolement plus cruel que celui que l'on peut ressentir lorsqu'on est entouré de milliers de gens autour de soi. Et malheureusement, vu l'omniprésence des communications d'aujourd'hui, l'ère moderne met en perspective cet isolement dans nos vies…

Commentaires (0)
Participer à la discussion!