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Sans danger le yoga?

Vertèbre déplacée, inflammation au poignet, rupture du ménisque du genou sont toutes des blessures qui peuvent être occasionnées par… le yoga. Eh oui, cette discipline réputée « douce » est loin d’être inoffensive.

Traduit du sanskrit, le terme yoga signifie « union du corps et de l’esprit ». Le but est d'atteindre le samadhi : cet état de grâce et de parfaite harmonie avec soi-même. Mais en Occident, l’esprit de compétition pousse souvent ses disciples à vouloir démontrer leurs prouesses. Comme s'ils pratiquaient un art martial. Ils enchaînent les postures rapidement, sans la moindre conscience des limites du corps et d’une bonne respiration. Certains de ces athlètes égarés développent alors des problèmes inattendus.

Comme dans d’autres sports, la pratique du yoga est susceptible de faire ressortir d’anciennes blessures. Les muscles et les tendons qui ont déjà subi un trauma présentent souvent un tissu moins mobile qui est plus à risque de microdéchirures. Ces dernières se transforment d’abord en inflammation, puis en résistance chronique, comme une sorte de mécanisme d’autoprotection du corps pour l’empêcher d’aller plus loin.

Acupunctrice et professeure de yoga, Judith Leduc constate qu’il y a beaucoup de gens qui vont trop loin dans les postures : « Le problème est souvent le même peu importe la discipline : une personne qui s’est déjà blessée ne sait pas vraiment comment se protéger. » Certaines positions d’inversion sont potentiellement risquées. Par exemple, les postures en appui sur les épaules ou sur la tête peuvent accentuer ou créer le déplacement d’une vertèbre. « Dans ces situations, le poids doit vraiment être sur les épaules et non sur la nuque. Pour certaines personnes, il faudra surélever les épaules en plaçant un coussin ou une couverture pour laisser plus de place à la nuque. Avec le maintien sur la tête, il faut pousser dans les bras et les coudes pour éviter une compression des cervicales », poursuit Judith Leduc.


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Même les mouvements les plus simples (comme une flexion ou une torsion) peuvent engendrer des blessures. C’est ce qui est arrivé à Michel Raymond lorsqu’il suivait une formation intensive à New York. Voulant prouver ses capacités à son maître, le jeune homme qui enseigne aujourd’hui à Montréal a subi une rupture du ménisque interne droit. « Je suis le seul à blâmer! C’est à cause de mon ego que je me suis blessé. J’ai voulu relever un défi trop vite sans écouter mon corps. » Les sources les plus courantes de blessures sont précisément l’ego et le dépassement de ses propres limites : « Il y a toujours des signes avant-coureurs qui précèdent une blessure. C’est pour cette raison qu’il faut rester dans le moment présent et écouter ce que nous dit notre corps pour capter ses messages. Les gens ne sont pas habitués de prendre une telle attitude de réception alors que la majorité du temps, ils "exigent" de leur corps. »

Autre inconvénient : les groupes nombreux (on trouve souvent 25 étudiants dans une même classe) ne permettent pas au professeur de considérer à parts égales la morphologie particulière de tous. « Celui qui souffre d’une lordose au milieu du dos ne sait peut-être pas que les flexions arrières comme le pont, la roue et le cobra peuvent être néfastes », indique Judith Leduc. « Dans ce cas, si l’individu compense adéquatement, le yoga aidera à réhabiliter le déséquilibre physiologique. À l’inverse, si le réajustement n’est pas fait en fonction de sa morphologie spécifique, cela pourrait aggraver les choses. » Pour pratiquer le yoga, vaut donc mieux débuter avec un cours privé ou semi-privé de façon à définir ses limites en fonction de sa morphologie et de ses antécédents. Le choix d’un bon enseignant permettra de repérer les ajustements requis et d'assurer une pratique sécuritaire. 


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Cinq règles à suivre pour éviter les problèmes

selon Sylvie Tremblay, directrice de Yoga Sangha Montréal

1) Bon alignement
Il faut créer des lignes pures. Par exemple, dans les postures debout (tous les guerriers), on doit prendre soin de préserver les articulations en mettant l’accent sur le travail musculaire des jambes plutôt que celui des genoux ou des chevilles. Dans l’exercice de la planche, les poignets doivent être directement sous les épaules, et le poids dirigé dans les phalanges des doigts pour éviter une surcharge dans les poignets.

2) Ahimsa ou non-violence
L’un des principes de base du yoga veut que tout exercice soit pratiqué dans une attitude de non-violence. Chacun doit être sensible à ses propres besoins et accepter de prendre une pause lorsque le corps le requiert. Au cours d’une pratique en groupe, si le rythme est trop rapide ou le niveau trop avancé, il ne faut pas hésiter à ralentir ou à adopter une posture réparatrice (comme la posture de l'enfant) pendant un instant, pour revenir en force après. Le yoga est tout sauf une compétition. Suivez votre cadence et écoutez votre voix intérieure.

3) Maîtrise du souffle et du mental
La maîtrise du souffle (pranayama) doit être pratiquée avec un enseignant d’expérience. On le pratique pour en arriver à la maîtrise du mental ainsi qu’à une santé optimale. Mais sa pratique est puissante et a des incidences majeures sur l’ensemble de l’organisme. 

4) Yoga dynamique
Les pratiques contemporaines de yoga dynamique (tels que Ashtanga, Vinyasa et Power yoga) sont énergisantes : elles libèrent le corps des toxines en favorisant une respiration profonde et en procurant un travail complet sur le plan physique. Cependant, il faut considérer celles-ci comme des pratiques avancées. Approfondissez d’abord l’exercice des postures de base avant de vous commettre à des styles exigeants où les enchaînements sont plus rapides.

5) Yoga chaud
Très populaire en Occident, le yoga chaud est exercé dans des salles chauffées entre 34 et 40 degrés Celsius. Bien que cette pratique confère une grande souplesse, il faut rester vigilant vis-à-vis notre performance, car les muscles réchauffés par la chaleur ambiante nous font perdre de vue nos véritables limites... et c’est souvent à ce moment que les blessures surviennent.

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