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  • Crédit: Léon Thériault

Plaidoyer pour une route cyclable!

Chaque année, 30 cyclistes meurent sur les routes du Québec. Des décès auxquels s’ajoutent des milliers de blessés dans des accidents le plus souvent occasionnés par des dépassements dangereux. Pourtant des lois – méconnues! – existent pour protéger les cyclistes. Et vous, les connaissez-vous ?

Le contexte médiatique a souvent mis en exergue l’influence de l’alcool ou de la vitesse au volant en présentant les nombreux décès cyclistes sur les routes. Il en est résulté une volonté politique, sans doute avec raison, de sensibiliser la population à cet égard.

Mais nous, cyclistes de tous les jours parcourant les routes secondaires du Québec, nous continuons encore, d’avril à novembre, de nous faire criminellement flageller le lobe de l’oreille par une trop grande proportion de conducteurs! Chaque année au Québec, quelque 30 cyclistes se font happer mortellement, sans compter les milliers d’autres blessés ou ceux obligés de virer prestement de peur dans les fossés.

Dimanche, 2 juillet 2002 : Lyne prend une bouffée d’air à vélo sur la route 202 entre Venise-en-Québec et Pike River. En entendant une voiture qui s’approche, elle se retourne une fraction de seconde. La roue avant de sa bicyclette s’engage dans une petite crevasse - il y en a si peu sur nos routes, n’est-ce pas? – et Lyne en perdant l’équilibre, tombe sur la chaussée. Le conducteur, un voisin, la happe avec sa voiture et la projette mortellement dans le champ. Son mari qui l’attendait, en train de fignoler leur rêve, un gîte du passant, ne reverra pas le merveilleux sourire de sa conjointe…

Si ce malheureux conducteur avait su que deux articles du Code de la sécurité routière du Québec permettent d’éviter en toute légalité ces dépassements dangereux…

Ainsi, selon l’article 341 : Le conducteur d’un véhicule routier ne peut dépasser une bicyclette à l’intérieur de la même voie de circulation que s’il a un espace suffisant pour permettre le dépassement sans danger.

De plus, selon l’article 344 : Le conducteur d’un véhicule routier peutfranchirune ligne visée à l’article 326.1 (ligne continue simple, ligne continue double, ligne double formée d’une ligne discontinue et d’une ligne continue) pour dépasser un tracteur de ferme, ou une autre machine agricole, un véhicule à traction animale ou une bicyclette.

Crédit: Dmitry Naumov, Shutterstock

Dans d’autres contrées, au Vermont ou en Floride par exemple, il est stipulé qu’un dépassement de cycliste doit se faire avec un éloignement minimum d’un mètre. Et là-bas, le bitume est impeccable! Si la grande majorité des conducteurs avaient la chance de faire un stage à vélo sur les routes secondaires, leur comportement changerait!

Depuis 1998, j’ai entrepris, avec un ami du club cycliste des Vélomanes (ndr: Club cycliste de Sainte-Julie, dont l’auteur est le co-fondateur), André Guilbeault, de sensibiliser les membres de notre club, mais aussi la Société d’assurance automobile du Québec, à l’existence de ces articles. En 2003, un dépliant a été produit avec le concours de partenaires de la route et sous la présidence de l’homme d’affaires et cycliste Louis Garneau. Lors d’un colloque provincial sur le vélo en 2005, sous l’égide de l’Association québécoise du transport et des routes (ATQR) nous avons eu la chance de rencontrer le ministre des Transports, avec sa directrice de cabinet, Marie-Claude Francoeur - elle-même mordue de vélo!- ainsi que des conseillers en sécurité routière responsables de la rédaction du Code de sécurité routière présentement en refonte. Tous se sont engagés à tenir compte de notre action. Cette année, la Société de l’assurance automobile du Québec, ayant compris nos interpellations, a décidé d’introduire cette nouvelle notion de sécurité dans ses courriers postaux afin de sensibiliser les conducteurs.

Du côté des « institutions cyclistes », Vélo Québec, qui effectue un travail colossal pour le développement de la pratique du vélo au pays, ne peut pas tout faire. Et malheureusement, la Route verte et les pistes cyclables, la plupart mal conçues, ne couvrent pas les routes secondaires, où roulent 95 % des cyclosportifs! Et ils sont nombreux…

Sur notre invitation, Louis Barbeau, directeur général de la Fédération Québécoise des Sports Cyclistes, a assisté à notre dernière rencontre annuelle inter-clubs et écouté avec attention notre ouverture pour l’adhésion des clubs cyclosportifs à la Fédération. N’oublions pas qu’après tout, 90 % des membres de clubs font du vélo pour s’entraîner et garder une bonne forme physique. À titre d’exemple : les clubs de Beaconsfield, Saint-Eustache, Repentigny et Sainte-Julie parcourent à eux seuls la distance entre la Terre et la Lune en un été! Quant aux compétiteurs ou cyclosportifs, ils parcourent individuellement entre 5 000 et 5 000 kilomètres par an sur les routes secondaires…

Aujourd’hui, nous ressentons que tous les intervenants présentés font davantage preuve d’écoute active. Un dialogue et une réflexion ont maintenant pris place avec le ministère des Transports, qui s’intéresse de plus près à un partage harmonieux de la route. De cette nouvelle synergie est née l’idée d’une semaine nationale annuelle de sécurité cycliste qui devrait avoir lieu l’an prochain avec le concours de la SAAQ. Plusieurs partenaires, tous les usagers de la route, pourraient être réunis : écoles de conduite, camionneurs, chauffeurs d’autobus scolaires, mais aussi, concessionnaires et grands propriétaires de parcs automobiles (Hydro-Québec, Bell, les transporteurs, les autorités policières, les clubs cyclistes, etc.). Bref, de la sensibilisation, il en reste beaucoup à faire…

Penser global et agir local, telle est ma devise! Sans oublier la seconde : « La vie est comme une bicyclette, quand on s’arrête, on a de fortes chances de tomber! ».

 

Le 18 mai à 18h30, rouler pour la vie!

Le Tour du silence a vu le jour, suite au décès accidentel d’un cycliste au Texas, un 18 mai à 18h30. Son partenaire de route a alors choisi de célébrer sa mémoire en refaisant annuellement le funeste trajet, un brassard noir au bras. Sa démarche a suscité un engouement auprès de nombreux autres cyclistes… Tant et si bien, que l’événement a désormais une portée mondiale.

En 2006, une vingtaine de villes y prendront part au Québec, notamment Beaconsfiled, Sherbrooke, Ste Julie/St Bruno, Montréal, Québec, Ste Foy, Drummondville, Granby, Longueuil, Chambly, Repentigny, Mascouche, Terrebonne, Ste Hyacinthe, Brossard, Trois-Rivières, Alma, La Prairie, Contrecoeur, Gatineau.

www.fqsc.net/Securite/Nouvellessecurite/050518.htm et www.rideofsilence.org

 

Professeur et entraîneur en patins de vitesse et roues alignées, Léon Thériault est aussi un cycliste passionné, hyper actif pour la communauté des deux roues! Instigateur de plusieurs courses, dont le Tour de la Montagne, il est le co-fondateur du club cyclo-sportif  Les Vélomanes de Ste-Julie (1983), dont il est aujourd’hui chargé du comité Sécurité. En 2004, il a organisé le premier Tour du silence au Québec (voir encadré), un rassemblement qui commémore chaque 18 mai, les cyclistes tués accidentellement sur les routes. Il lutte depuis 1998 pour un partage sécuritaire de la route, auprès des diverses parties concernées. Son objectif : faire connaître au plus grand nombre deux articles du code québécois de la sécurité routière, qui autorisent les véhicules à passer dans la voie latérale pour doubler un cycliste en toute sécurité.

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