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  • © Alain Lapierre

La magie du cyclotourisme ultraléger

Envie de partir voyager à vélo, mais inquiet de tous les tracas qu’impliquent le transport de grosses montures dans l’avion et la gestion des bagages à destination? C’est peut-être le temps d’alléger au maximum votre vélo et vos bagages.


«  Beautiful! Beautiful! Beautiful!  »

Alors que nous dégustons tranquillement un galão (café au lait) et un pastel de nata (la tartelette du Dr Arruda) sur une terrasse du Portugal, nous sommes surpris par les exclamations d’un groupe de cyclotouristes italiens massés autour de nos vélos. Tous sont emballés de voir qu’on peut voyager de façon si légère et, de surcroît, avec un vélo pliable. L’un d’eux nous confie qu’il a déjà deux vélos de ce genre (de marque Brompton) qu’il utilise pour voyager, mais que ce qu’il a sous les yeux résout plusieurs problèmes qu’il rencontre dans ses périples. Il ne fut pas le seul : en un mois de cyclotourisme de Faro à Porto, plusieurs scènes semblables se sont répétées. Nous avons donc décidé de partager nos trouvailles avec d’autres cyclotouristes.

La liberté de rouler

Lucie et moi sommes des amants du cyclotourisme depuis 1981, année où nous avons pédalé toute une année en Europe et dans le nord de l’Afrique. Depuis, nous avons roulé dans plus de vingt pays, et l’immense plaisir de découvrir le monde à vélo ne s’est pas estompé, malgré les désagréments douaniers et les inconvénients reliés à la gestion des vélos et des bagages lors des transports (avion, train, taxi) ou en ville.

Il y a bien sûr des voyages organisés où l’on s’occupe de tout, y compris les hôtels et le transport des bagages. Mais nous préférons la liberté de rouler à notre rythme, d’être autonomes, de dormir sous la tente, de terminer notre journée quand nous le voulons et de créer plus facilement des contacts avec les habitants des pays visités.

Notre aventure minimaliste a débuté en 2020, alors que la pandémie nous a obligés à annuler tout voyage. C’était l’occasion de réfléchir à la gestion des bagages et de commencer notre recherche pour réduire leur quantité sans sacrifier le confort. Or, la pièce maîtresse du cyclotouriste est le vélo, mais c’est aussi l’équipement qui prend le plus de place et qui donne le plus de fil à retordre en voyage.

Il faut d’abord l’enregistrer comme bagage hors dimensions lors d’un vol et payer la note parfois salée. Une fois qu’on a atterri, on doit trouver un taxi ou un transport en commun qui accepte les vélos pour quitter l’aéroport, encore un casse-tête. Dans les villes, les campings se font rares et on doit souvent loger à l’hôtel ou dans un Airbnb, une difficulté additionnelle pour en trouver un qui accepte les vélos. Et s’il faut prendre un train pour se rendre à son lieu de départ, le nombre restreint de wagons pour vélos et l’abondance de cyclistes impliquent trop souvent une réservation de plusieurs semaines à l’avance.


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Nous, nous aimons les choses simples et le moins de réservations possible, alors il nous fallait une solution flexible, comme le vélo pliable. Mais nous ne pouvions nous imaginer rouler 1 000 km sur un mini-vélo avec 4 vitesses et des roues de 18 pouces sur toutes sortes de surfaces et de pentes. Ça, c’était avant de trouver.

Eurêka!


© Alain Lapierre

Après des jours de recherche parmi plus de 200 manufacturiers de vélos pliables (voir foldingcyclist.com), c’est le coup de foudre pour l’Helix, fabriqué à Toronto. À la première occasion, je file à l’usine pour essayer cette monture équipée de roues de 24 pouces, dont les développements sur 11 vitesses permettent de grimper des côtes abruptes et qui atteint des pointes de 50 km/h. Pour compléter le tout, le cadre en titane est aussi fort que l’acier, mais léger comme le carbone, en plus d’être hyperconfortable sur route, de ne pas rouiller et d’être un vrai poids plume (9,2 kg ou 20,3 lb). Wow! L’essai étant concluant, nous en achetons deux.


© Helix

Une fois les vélos reçus, nous testons les grandes valises. En moins de 20 minutes, nous plions les bécanes et les logeons avec tout l’équipement de camping dans une valise enregistrée comme bagage régulier dans l’avion. Pour ce faire, nous plaçons d’abord les sacoches arrière aplaties dans la valise, ensuite la tente et les outils et cadenas, suivis du vélo plié et des pneus dégonflés, avant de coiffer le tout du sac de couchage. La seconde valise, plus petite – celle qui nous suit en cabine –, contient les vêtements, le nécessaire de toilette, le matelas de sol et le casque. Ne restait plus qu’à nous occuper du contenu des sacoches.

Des bagages minimalistes et ultralégers

Dans toute la littérature cyclotouristique, on propose de répartir le poids des effets à transporter dans plus ou moins six sacoches, soit trois à l’avant et trois à l’arrière. Sauf que gérer six bagages en plus du vélo peut facilement virer au cauchemar, que ce soit en train, à l’hôtel ou en avion.


© Helix

Découvrir un pays, c’est aussi découvrir sa culture, qui est habituellement plus concentrée dans les villes. Comme il est rare de trouver des campings urbains, nous préférons loger en hôtel ou en Airbnb, ce qui nous permet de visiter pleinement les sites à proximité. Avoir moins de bagages et un vélo pliable permet de séjourner dans n’importe quel hôtel.

La solution est d’apporter le minimum essentiel, ce que nous avons déterminé en vérifiant, après chaque voyage, ce qui avait vraiment été utilisé. Ensuite, nous avons opté pour le matériel le plus léger et le plus compact possible pour chacun des articles, sans exception. Nous avons finalement réussi à tout faire tenir dans trois sacoches : une première à l’arrière pour le matériel de camping; une deuxième à l’arrière pour les vêtements, accessoires de toilette et gamelles; et une troisième au guidon avec les accessoires électroniques, la bouffe de la journée, l’écran solaire et un sac à dos ultracompact pour les visites en ville ou les lunchs du soir.


Tout le matériel de trois sacoches © Alain Lapierre

Pour ranger nos vêtements, nous utilisons un sac à deux pochettes qui s’insère parfaitement dans la sacoche : d’un côté, on place les vêtements de vélo, et de l’autre, le reste des effets. En roulant les vêtements et en les attachant avec un élastique, il devient simple et rapide de les repérer. Évidemment, il faut aussi penser polyvalence et multicouche : un soulier de vélo hybride peut ainsi être utilisé pour marcher en ville, avec ou sans clips.

Tous ces efforts nous ont permis de réduire le poids de nos bagages à 12 kg (26 lb) par personne, soit près de la moitié du poids de nos premiers voyages.

Périple expérimental

En mai 2022, nous sommes prêts à partir. Nous prévoyons suivre la côte atlantique de Faro à Porto (1 000 km) en suivant l’EuroVelo 1, au Portugal, pendant un mois.

Première grande satisfaction : la simplicité de l’enregistrement des bagages. La seule vérification faite par l’agent est le poids de la valise enregistrée, qui ne doit pas dépasser 23 kg (50 lb).


© Helix

À l’arrivée, nul besoin d’attendre un bagage hors dimensions, il suffit d’aller au carrousel des bagages réguliers. Même facilité pour prendre un taxi ou pour trouver un hôtel qui accepte les vélos. C’est d’ailleurs à la consigne de cet hôtel que nous laisserons nos valises vides. À la gare, nous pouvons même prendre n’importe quel train et y ranger vélos et sacoches dans un wagon standard, avec les autres bagages réguliers.

En prenant la route pour la première fois, nous sommes heureux et vite rassurés, car le plaisir de rouler sur ces montures est immédiat : quel confort pour la position du corps, et que dire de l’ergonomie des poignées Ergon GP3!

L’EuroVelo 1, itinéraire conçu par des cyclistes pour des cyclistes, nous en fera cependant voir de toutes les couleurs. Les paysages et les sites variés sont extraordinaires, mais la diversité des routes est… intéressante. Près de 20 % des surfaces sont non asphaltées, mais malgré le poids additionnel de nos bagages, les vélos chaussés de pneus de gravelle s’en sortent brillamment en toutes circonstances.

En montée – environ 470 m de dénivelé positif par jour –, le plateau unique à 38 dents offre un ensemble de développements sur 11 vitesses (9-34 dents) qui s’avère tout à fait satisfaisant. Nous ne poserons le pied à terre que dans les pentes asphaltées de plus de 16 % ou dans celles en gravelle de plus de 12 %… tout comme dans les escaliers et dans le sable, il va sans dire.


© Alain Lapierre

Après 500 km, nous réalisons que les vents dominants iront dorénavant dans la direction inverse de notre itinéraire prévu. Qu’à cela ne tienne : avec nos super bagages pliables et légers, nous montons dans le prochain train pour suivre l’EuroVelo à l’envers, donc avec le vent dans le dos.

Après 1 000 km de bougeotte, avec une moyenne de 59 km par journée pédalée (entre 29 km et 100 km), nous terminons notre périple ravis et sans blessure. À part trois crevaisons et quelques ajustements techniques mineurs, nos vélos se sont avérés confortables, performants et, surtout, tellement faciles à transporter lorsque pliés. La légèreté de nos vélos et de nos bagages nous a vraiment facilité la vie, que ce soit pour grimper les côtes, emprunter les transports ou débarquer dans les hôtels. Nous rêvons déjà à nos prochains séjours et nous nous sentons hyper motivés à l’idée de repartir ultralégers!


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Pour aller plus loin

  • Pour la liste d’équipement et des vidéos de nos périples : freewheels.ca
Commentaires (1)
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alainlapierre - 07/03/2023 07:17
À noter que le site foldingcyclist.com mentionné dans l’article a été entretemps fusionné avec un autre site. On peut maintenant trouver le répertoire de vélos pliables à cette adresse: https://www.foldingbikeguy.com/folding-bike-manufacturers-directory/