Rechercher dans le site espaces.ca
  • Crédit: Normand McGuire

Sur la route, tout équipé

Vous rêvez secrètement de tout quitter et partir « on the road » pour manger du plein air à tous les jours? Avant de démissionner, assurez-vous d’avoir le véhicule idéal pour triper à fond.

Dans l’esprit de Shant Dokouzian, le Westfaliaa toujours incarné l'idée du roadtrip suprême. En 2007, l’ingénieur décide de tout quitter pour plonger dans une vie de liberté. Il achète ce véhicule mythique et part avec seulement son matériel d'escalade vers les sites de grimpe les plus convoités de l'Amérique du Nord et du Mexique.

Très tôt, l’homme dans la trentaine se rend compte qu'il est loin d'être le seul à avoir choisi ce style de vie. Sur la route, il rencontre de nombreux grimpeurs ayant modifié leur véhicule en autocaravane pour conquérir les plus beaux rochers.

Dans l’une des émissions de la série télévisée américaine First Ascent, le célèbre grimpeur solo Alex Honnold fait la visite guidée de son véhicule : « Comme vous pouvez le constater, ce n’est vraiment pas un véhicule pour une lune de miel! », montre-t-il, l’air moqueur. Aussi mordu de l’escalade, François Bergeron a pour sa part essayé plusieurs types de véhicules avant de trouver sa formule idéale : « Présentement, je suis vraiment satisfait de mon Plymouth Grand Voyager », indique le jeune homme de 31 ans. « En trois ans, j’ai parcouru plus de 50 000 km. C'est sûr que ce modèle de Dodge est petit pour deux personnes, mais comparé à un campeur, c'est très discret et la police et les voleurs sont moins tentés de t’importuner ».

Selon lui, le plus grand avantage est sans conteste la facilité à trouver des pièces de rechange, même au Guatemala. Il se réjouit aussi de pouvoir facilement accéder au matériel qu’il place sous le lit intérieur. « La van m’a coûté 1800 $ et avec 100 $, j'ai construit un lit et une tablette. Le lit est assez bas pour pouvoir s'asseoir lors des jours de pluie et lire un livre ou jouer aux cartes. » Son installation est d’autant plus utilitaire qu’il y a juste assez d'espace entre le réchaud et le plafond pour cuisiner à l’intérieur sans danger.

Déçu de ne pas trouver un véhicule qui répond exactement à ses besoins, Daniel Nadeau a créé en 1998 la compagnie Safari Condo, qui se spécialise dans la construction de fourgonnettes spécialement conçues pour le voyage. Munis d’un frigo, d’un four micro-onde, d’un chauffe-eau, d’une cuisinière, de sièges pivotants, d’une toilette, d’un cinéma maison avec antenne TV, d’un lit et de meubles, ces véhicules offrent le nec plus ultra du confort pour le voyageur d’aujourd’hui. « Ça faisait sept ans qu’on avait un Westfalia », raconte Michèle, la conjointe du fondateur. « On adorait la liberté qu’il nous offrait, mais pas la mécanique et les problèmes de réparation qui venaient avec. Nous rêvions d’un véhicule fiable qu’il serait possible de faire réparer même au Yukon! Daniel a alors eu l’idée d’en fabriquer un pour lui, puis plusieurs pour rentabiliser son projet. » Depuis, même s’ils travaillent à plein temps, les propriétaires dorment au moins quatre mois par année dans leur véhicule.

Crédit: Shant DokouzianChaque année, Safari Condo vend environ 150 véhicules et une centaine de remorques Alto. Leur clientèle type : les gens d’un certain âge et assez aisés qui veulent profiter de leurs beaux jours de retraités. Mais il y a aussi les familles qui sont attirées par ce confort roulant, notamment la famille Grandmont/Bissaillondes Cantons-de-l’Est qui est partie à cinq (parents + 3 ados) pour un périple de 13 mois qui les a menés du cercle polaire à la Terre de Feu. « Nos clients sont tous des passionnés. Ils sont des amants de ski, de ski de fond, de raquette, de trekking, de ski cerf-volant, de kayak, de canot et bien sûr, de voyages. Un de nos clients s’est rendu au cercle polaire en solitaire à plus de 80 ans! »

Mais pour rouler à bord de ces beaux véhicules, il faut y mettre le prix. Près de 50 000 $. Pour Shant Dokouzian, le Westfalia est plus convivial que tous les autres véhicules modifiés. « Avec 15 000 $, tu peux acheter un Westfalia en très bon état qui ne te coûtera pas beaucoup en réparations. Mais il ne faut pas être pressé parce que ça ne roule pas vraiment plus vite que 100 km/h. » L’été prochain, l’ingénieur prévoit partir avec sa conjointe et son bébé pour un voyage de six mois. « T’as toute tes affaires, ton matériel, ta bouffe dans le frigo, ton eau… on est toujours prêt à partir. Dès qu’on est fatigué, on se stationne et on dort. Le lendemain, on se fait un p’tit café et on repart sur la route. »

Pour Shant, ce style de vie est un choix : « Je suis content de partir six mois, mais je ne me considère pas comme un véritable dirtbagger. Je me mets dans ce rythme-là pour une période de temps, mais au retour je reviens à ma vie normale d’ingénieur au centre-ville. D’ailleurs, c’est vraiment drôle de voir la perception des gens : au bureau, les collègues me voient comme un bohème et en voyage, les comparses de grimpe me voient comme un bourgeois à la Westfalia. »

En 2006, après des vacances de kitesurf en famille, Normand McGuire s’achète un vieil autobus. L’engin de 27 pieds disposait déjà de toutes les commodités (douche, toilette, réservoir à eau chaude, poêle, banquettes, comptoirs, table, lit, etc.). « Je trouvais qu’il manquait d’espace dans un motorisé standard, indique le père de deux garçons de 10 et 12 ans. J’ai donc choisi d’acheter ce bus et d’y ajouter un lit pour les enfants en construisant une mezzanine au-dessus de la valise à l’arrière. » Shippagan, Îles-de-la-Madeleine, Cap Hatteras, Sauble Beach, Lac-Saint-Jean… en quatre ans, Normand et sa famille ont fait plusieurs voyages de kite : « On l’utilise 12 mois par année dont deux mois en continu, sans revenir à la maison. Selon la direction du vent, on change de site. Et même si la température est maussade, les conditions de kite peuvent être excellentes. Si on a froid après une sortie, on rentre dans l’autobus, on met le chauffage, on prend une douche chaude et on se fait une bonne bouffe. »

Crédit: François BergeronPour eux, l’espace était prioritaire au luxe : « Comme on est souvent plein de sable, on ne veut pas un motorisé trop propre. L’important c’est d’avoir toutes les commodités habituelles et l’espace de rangement. » Autre avantage : le dégagement des essieux qui permet d’accéder à des sites plus reculés. Le coût était aussi un facteur important. Pour ce modèle de 1991, Normand a déboursé 10 000 $ et a investi 2000 $ pour de petites modifications supplémentaires. Évidemment, il ne cache pas qu’un véhicule de cette grosseur consomme deux à trois fois plus de carburant qu’une voiture ordinaire. « C’est comme avoir un chalet roulant. Une fois qu’on a commencé ça, on ne peut plus revenir en arrière. On a à peine tourné le coin de la rue qu’on se sent déjà en vacances. » Pas étonnant qu’il amorce la conversion d’un autre autobus… encore plus grand!

Équipement
En plus du support que l'on pose sur le toit ou derrière le coffre, on retrouve désormais une foule d’équipements conçus pour optimiser ses voyages :
-> Autohome
Cette compagnie propose plus d’une dizaine de modèles de tentes ou de cabines à fixer sur le toit de n’importe quel véhicule et qui charmeront les voyageurs les plus exigeants. Les prix varient de 2500 $ à 5000 $ pour une coque en fibre de carbone. (autohomecanada.com)
-> Alto
Développée par Safari Condo, l’Alto est une roulotte écologique disposant de toutes les commodités du motorisé. On la trimballe derrière la voiture et on la laisse au site de camping le temps d’une balade à la plage avec les enfants! (safaricondo.com)
Commentaires (0)
Participer à la discussion!