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  • Crédit: Rafal Belzowski

Avalanches : éviter la catastrophe

Savez-vous quoi faire en cas d’avalanche? Ceux qui vous accompagnent savent-ils comment vous sortir du pétrin? Enseveli sous une neige compacte comme du béton, chaque seconde compte.

Un premier skieur descend dans une neige poudreuse fraichement tombée. Son plaisir est évident. Perdu dans les montagnes de l’arrière-pays gaspésien, il ne pourrait être plus heureux. Il enchaîne habilement les courts virages et descend presque en ligne droite. Au bas de la piste, épuisé, il signale au second skieur de suivre ses traces. Celui-ci fait signe qu’il a bien compris et s’élance. Mais, au premier virage, la neige craque : il vient de déclencher une avalanche.

Une énorme fissure défigure rapidement la face neigeuse dans un « Woumf » sonore. Avant que le skieur n’ait pu réagir, l’avalanche l’engloutit. Sa vie est en jeu et la course contre la montre s’enclenche. Pause. Les lumières se rallument. La vidéo donne froid dans le dos, d’autant plus qu’elle a été tournée à quelques kilomètres du Centre de découverte et de services du parc national de la Gaspésie où notre cours de prévention sur les avalanches a lieu. Heureusement, nous sommes ici pour savoir quoi faire dans ce genre de situation et, surtout, pour savoir comment les éviter.

À ce jour, 32 Canadiens et Américains sont morts dans diverses avalanches cet hiver. Outre les motoneigistes, près de 10 personnes ont perdu la vie en ski ou en randonnée. C’est pourtant un nombre qui pourrait être beaucoup plus élevé : « C’est incroyable le nombre de personnes qui viennent skier ici qui n’ont pas l’équipement ou les connaissances nécessaires pour être en sécurité », raconte Stéphane Gagnon, le propriétaire de Ski Chic-Chocs. Le formateur en a vu des situations périlleuses. « La neige peut être bonne pour un skieur, mais pas le suivant. Il faut constamment avoir l’esprit éveillé et surveiller le terrain », dit-il.

Durant un week-end complet, il montrera à une vingtaine de passionnés de plein air comment se produisent les avalanches. Au cœur du parc national de la Gaspésie, ce cours d'introduction à la sécurité en avalanche (CSA1) permet de faire un survol des notions de base à connaître pour s’aventurer en sécurité dans l’arrière-pays. Mais après deux journées complètes de formation où nous avons regardé des vidéos, des photos, des cartes, joué avec les sondes, les pelles, les Arvas et même sorti sur le terrain pour constater l’ampleur des éléments à surveiller, il faut bien admettre que… il y en a beaucoup plus à savoir. Même les questions les plus précises obtiennent des réponses floues par l’instructeur : « Les avalanches sont causées par tellement de facteurs différents qu’il n’y a pas une réponse unique à appliquer à toutes les situations. Il faut savoir user de son jugement, de ses connaissances et de son expérience… et malgré tout, ça peut encore être dangereux! ».

Statistiques sur les avalanches

• Les chances de survie :
- 91% entre 0 et 18 minutes d’ensevelissement
- 34% entre 18 et 35 minutes
- 20% entre 35 et 120 minutes
- 7% après 140 minutes.

• 600 : Nombre de morts causées au Canada par des avalanches depuis 1800.

• 394 km/h : La vitesse record qu’a atteinte une avalanche au Japon.

: nombre de tués par l’avalanche la plus meurtrière du Québec. C’était en 1999, à Kangiqsuallujuaq, dans le Nunavik, la veille du nouvel an. Cette tragédie accéléra la création du centre d’avalanche de la Haute-Gaspésie, un centre d’expertise sur les avalanches. Depuis 1970, 29 mortalités et 34 blessés au Québec dus aux avalanches. (source : Hétu et Bergeron (2004), Les avalanches au Québec)
 

• 62 : Le plus grand nombre de morts causées par une avalanche au Canada. Trois fois le même nombre (!) : en 1906, 1910 et 1918 au col Rogers (Colombie-Britannique).

• 10 000 : Le nombre de morts causées par l’avalanche la plus meurtrière de l’histoire dans le Tyrol autrichien en 1916.

• Moyenne. En moyenne, une avalanche a une profondeur de neige d’un mètre et une largeur de 46 mètres. La neige fait une chute de 122 mètres à une vitesse moyenne de 80 km/h.

Par Luc Camilleri

Comment les éviter

Pour savoir comment éviter les avalanches, voici quelques notions de base :

Laisser la neige se vider
Ne partez pas en montagne immédiatement après une tempête. La plupart des avalanches se produisent avec une neige fraîche sur une croûte déjà existante. Attendez au moins 48 heures et vérifiez les prévisions d’avalanches locales.

• Trouvez l’angle
Les pentes comportant un angle de moins de 25 degrés sont les plus sécuritaires. Les avalanches sont plus fréquentes sur les pentes de 30 à 45 degrés d’inclinaison. Utilisez votre boussole pour le savoir. Les pentes concaves sont plus sécuritaires que les convexes puisque la neige du bas supporte alors la neige du dessus.

• Regardez les arbres
Éviter de grimper une montagne par les couloirs et les endroits où il y peu d’arbres (ils peuvent avoir été arrachés par d’anciennes avalanches !). Les arbres avec des branches cassées sont aussi des signes de terrain dangereux. Trouver les endroits où les arbres sont assez matures pour retenir la neige.

• Traversez en hauteur  
S’il vous faut absolument traverser une pente, faites-le le plus haut possible. Si vous êtes en groupe, traversez un seul à la fois pour ne pas être tous entraînés en même temps si une avalanche se produit.

• Utiliser l’Avaluator 
La carte Avaluator est un outil pratique et rapide pour déterminer le risque d’avalanches. À partir des données recueillies sur 1400 accidents en Amérique du Nord, la carte devrait vous accompagner à chaque sortie sur le terrain pour vous aider à prendre les bonnes décisions au bon moment. De la planification de l’excursion, à l’identification des terrains dangereux, en passant par les conseils sur le déplacement en terrain avalancheux, cette méthode simple et systématique d’évaluation conçue par le Centre canadien des avalanches pourrait vous sauver la vie. Pour 10$, on serait encore plus inconscient de s’en passer.

• Sortez de là au plus vite
Si une avalanche se déclenche sous vos pieds (un son distinctif de « Woumf » se fera entendre clairement), dirigez-vous vers les côtés de la coulée de neige. Si vous êtes pris à l’intérieur, tenter de « nager » pour rester au dessus de la vague blanche et lever un bras en l’air lorsque la neige ralentira. Vous faciliterez les recherches si votre bras atteint la surface. Avec l’autre main, tentez de vous créer une poche d’air sur la bouche pour respirer dans la neige qui deviendra aussi compacte que du ciment.

Encore plus…
Pour en savoir plus sur les avalanches du Québec et suivre une formation de sécurité en avalanche :
Centre canadien des avalanches : avalanche.ca
Centre d’avalanche de la Haute-Gaspésie : centreavalanche.qc.ca
Ski Chic-Chocs : skichicchocs.com
Bulletin de neige des Chic-Chocs : centreavalanche.qc.ca/bulletins

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