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  • Mont du lac à l'Empêche © Carl Tamas

10 choses à savoir sur la Traversée de Charlevoix

Cet été-là, après une année plutôt chargée, j’avais besoin de solitude, d’un espace où seule ma respiration remplirait les silences. J’avais envie de l’odeur de fumée dans mes cheveux, de laver mon corps dans les lacs, bref, j’avais envie de revenir aux journées épurées du vagabond.

Écoutant cet appel indicible, et dans mon cas un peu insouciant, j’ai réalisé la grande Traversée de Charlevoix (TdC), en solo. Vous dire combien j’ai appris durant ces 105 kilomètres en forêt! Vous dire aussi comment une préparation additionnelle et de la prévoyance m’auraient facilité la tâche!

Sans nourrir les craintes irréalistes, il faut savoir que ce type de randonnée requiert un minimum d’organisation. Voici donc dix choses à considérer avant d’entreprendre la Traversée de Charlevoix.


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Conseil 1 : Vérifier votre condition et les itinéraires possibles

Vue sur le lac à l'Écluse © Carl Tamas

Afin de planifier votre itinéraire, un brin d’introspection est toujours utile pour déterminer vos réelles intentions. Cherchez-vous un dépassement physique? Un retour à soi? Une séjour le fun entre amis? Peu importe la nature de vos motivations, plus elles seront éclairées, plus vous serez en mesure de les garder en tête lors de votre parcours. Celles-ci vous guideront aussi quant au choix de votre itinéraire.

Par exemple, peut-être voudrez-vous faire le raid en entier si vous êtes à la recherche d’un exploit sportif. Vous opterez plutôt pour un itinéraire plus modeste pour un week-end à saveur estivale entre amis.

De plus, bien analyser votre condition physique et votre niveau d’expérience est primordial, quoique parfois difficile pour l’ego. Sachez-le, la TdC n’est pas pour les débutants.

Deux options s’offrent aux randonneurs ou aux cyclistes: le raid complet (105 kilomètres – 7 jours) ou la demi-traversée (51 ou 54 km – 3 à 4 jours).


Conseil 2 : Avec ou sans services ?

© Gabrielle Coulombe

Il y a quelque chose d’exaltant dans le fait de randonner en autonomie, les provisions et le matériel sur le dos. Encore faut-il que ce bagage ne devienne pas un cauchemar en cours de route. Malgré l’assiduité et la modestie avec lesquelles vous aurez préparé votre sac, il reste qu’il vous faudra trimbaler un poids significatif sur vos épaules. Vaut mieux évaluer si c’est un défi que vous voulez et pouvez réaliser.

Si ce n’est pas le cas, la Traversée, en formule super de luxe, offre des services de transport de nourriture et de bagages pour les groupes de quatre personnes et plus.

Côté hébergement, il n’est pas possible de compléter la TdC en campant le long du sentier. Les randonneurs ont toutefois accès à des chalets scandinaves partagés comprenant plusieurs équipements.


Conseil 3: Ne pas se surcharger

Regardez bien la liste des équipements présents dans les chalets. Chose que je n’ai pas faite et qui m’a coûté quelques kilos en trop.

En plus des classiques (lampe frontale, couteau, sac de couchage, etc.), voici quelques essentiels pour réaliser la TdC :

  • Système de purification et de filtration d’eau
  • Bâtons de marche
  • Bottes de randonnée imperméables (j’ai terminé la TdC deux sacs Ziploc aux pieds en raison de deux jours de pluie intensive et de la crue des eaux qui avait inondé plusieurs sections du sentier)
  • Chasse-moustique (ne l’oubliez surtout pas!)
  • Trousse de premiers soins complète et bien pensée
  • Aliments secs, déshydratés et caloriques
  • Cloche à ours et autres gadgets pour aviser la vie sauvage de votre présence
  • Vêtements longs (en raison de la densité du sentier par moments et des insectes)
  • Cellulaire (réseau disponible à quelques endroits sur la Traversée)
  • Papier de toilette
  • Serviette en microfibre
  • Savon biodégradable tout-en-un (vaisselle, corps, cheveux)
  • Duct tape (mon sauveur : j’ai réparé un bâton de marche, fabriqué une protection pour une plaie ouverte, couvert mes ampoules aux pieds, marqué des arbres quand j’étais confuse dans mon orientation, etc.)

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Conseil 4 : Vérifier les conditions du sentier

Lac Boudreault © Valérie Voisin

Gérée par un organisme à but non lucratif et ses bénévoles, la TdC est entretenue à la hauteur des moyens disponibles. Moins fréquentée que ses voisines, cette randonnée plutôt sauvage traverse un terrain offrant de nombreux défis (arbres tombés, roches, ruisseaux à traverser, boue, etc.). Des éléments à considérer lors de vos préparatifs, surtout celui de votre trousse de premiers soins.

C’est en traversant un cours d’eau que mon lacet s’est noué dans une branche et que mon tibia s’est fracassé sur une roche. En dessous du pantalon, j’avais une plaie bien profonde qui aurait mérité davantage que le point de suture de fortune que j’ai réalisé. J’étais cependant bien satisfaite du contenu de ma trousse lorsque cet incident est survenu.

Côté orientation, je ne crois pas que la carte fournie ait changé depuis le temps, mais elle n’était pas très détaillée. Mieux vaut poser vos questions à l’accueil et indiquer sur votre carte les intersections importantes à ne pas manquer. Durant votre randonnée, restez attentifs aux balises, puisque la TdC croise de nombreux sentiers (VTT, routes forestières, pistes de vélo, etc.).


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Conseil 5 : Être soucieux de la météo

Le climat influence beaucoup les conditions du sentier. Par exemple, j’ai fait la TdC en début d’été après un printemps hyper pluvieux. Le terrain était donc humide, parfois inondé et les ruisseaux à traverser plus imposants qu’à l’habitude. Informez-vous de ces éléments afin d’évaluer l’allure de votre randonnée.

Autre conseil : commencez vos journées de randonnée tôt. Vous éviterez ainsi au maximum les chaleurs suffocantes et les orages qui arrivent généralement plus tard en journée. Si jamais vous êtes face à des conditions précaires, comme une pluie torrentielle, restez sur place. Rien ne presse. Certaines journées de randonnée peuvent se condenser, demandant certes un effort considérable, sans être irréaliste.


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Conseil 6 : Ajouter des sommets ?

Parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie © Gabrielle Coulombe

La TdC est au cœur de l’arrière-pays de Charlevoix et à proximité de plusieurs ascensions populaires : mont des Morios, montagne de la Noyée, mont du Four, parc national des Hautes-Gorges, etc.

La tentation est donc grande d’ajouter quelques kilomètres à l'expédition pour explorer de nouveaux points de vue. C’est ainsi que j’ai ajouté vingt-cinq kilomètres à ma grande traversée. Débutant mes journées dès l’aurore, j’arrivais aux refuges en début d’avant-midi, ce qui me laissait du temps pour y déposer mon sac et entamer un sommet.

Prenez connaissance des options possibles et analysez leur réalisme en cours de route selon les conditions.


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Conseil 7 : Ne pas lésiner sur la sécurité

Ours noirs, orignaux, loups, caribous forestiers, lynx et plusieurs autres mammifères sont présents dans les forêts charlevoisiennes.

Pour avoir croisé de nombreux excréments d’ours bien frais ainsi que le regard fougueux de l’orignal mécontent, mieux vaut être prudent. Faire du bruit, annoncer sa venue dans les virages, ne pas manger d’aliments trop odorants durant la randonnée, observer les signes de présence animale et se munir d’un sifflet ou d’un vaporisateur de poivre sont des conseils de prévention à suivre.

Le sentier de la TdC n’est pas patrouillé. Plusieurs accès d’urgence sont toutefois présents le long du trajet, en plus de quelques lieux de connexion cellulaire. Assurez-vous de les avoir bien repérés sur la carte avant de débuter.


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Conseil 8 : Partir en solo?

© Gabrielle Coulombe

La solitude a quelque chose d’idyllique et d’attirant, mais également de profondément troublant et risqué en pleine nature. Soyez prêts à laisser tous ces aspects vous traverser si vous choisissez cette voie. Dans tous les cas, informez votre entourage de votre itinéraire et des journées où vous pourrez donner signe de vie selon les connexions cellulaires.

Il est facile de surcharger son sac lorsque l’on part seul, surtout au niveau de la nourriture. L’idée est de ne pas laisser la paranoïa orienter vos choix, tout en ayant une marge de manœuvre pour gérer les imprévus. Surtout, ne lésinez pas sur les objets qui pourraient être essentiels à votre sécurité. Mieux vaut une trousse de premiers soins plus lourde que des vêtements de trop.

Si vous souhaitez avoir des camarades, l'organisation de la Traversée peut vous mettre en lien avec d’autres randonneurs avant votre départ.


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Conseil 9 : Respecter les lieux et la biodiversité

Le territoire que traverse la TdC est vaste et il y a beaucoup de coins secrets à découvrir. Il faut toutefois contrôler vos élans d’explorateur et rester sur les sentiers pour votre protection et celle de la faune et de la flore fragiles qu’on y retrouve. Utilisez aussi des produits biodégradables, afin de ne pas contaminer les points d’eau environnants.

Gardez en tête, lors de votre séjour, que le sentier subsiste principalement grâce à des bénévoles. Les frais demandés servent à l’entretien et à la pérennité de l’aventure. Soyez donc respectueux des équipements qui sont mis à votre disposition et participez ainsi à la mission de l’organisme.


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Conseil 10 : Se faire plaisir

Montagne de la Noyée © Gabrielle Coulombe

Malgré ces avertissements, il reste que la TdC est un lieu que j’ai arpenté avec plaisir et duquel je garde de magnifiques souvenirs: les baignades de fin de journée, les lectures à la chandelle, le silence des matins, la plénitude ressentie quand je déposais mon sac…

Puis, toutes ces petites attentions glissées dans mon sac pour égayer mes journées : des pâtes d’amande, un saucisson sec, un chandail un peu lourd à porter mais tellement réconfortant en soirée et des guimauves grillées dans le poêle à bois. Pensez surtout, au-delà des soucis qui peuvent arriver, que c’est un cadeau que vous vous offrez; pour les apprentissages, les rencontres et les souvenirs.

Bonne traversée!


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